ZNIEFF 930020401
PARTIE SUD-OUEST DU MASSIF ET DU PARC NATIONAL DES ÉCRINS - ENTRÉE DE LA VALLÉE DU VALGAUDEMAR - GRUN DE SAINT-MAURICE - VALLÉE DE LA SÉVERAISSETTE - LE CUCHON - PIC QUEYREL - VERSANT OUEST DU VIEUX CHAILLOL

(n° regional: 05111100)

General comments

Description

Localisé au niveau de la bordure sud ouest du massif des Ecrins, dans la partie centre nord du département des Hautes Alpes, ce site intéresse l’essentiel de la vallée du Valgaudemar, l’ensemble de la vallée de la Séveraissette et la facade ouest sud ouest du massif du Vieux Chaillol – Pic Queyrel. Il est dominé au sud par le Vieux Chaillol (3163 m) et au nord et au sud par les hauts sommets de l’Olan, des Bans (3669 m) et du Sirac.
D’un point de vue géologique, le massif des Ecrins est principalement constitué d’un socle cristallin hercynien, auxquels s’ajoutent un complexe extraordinaire de matériaux, allant des roches sédimentaires du secondaires dans ses parties limitrophes, jusqu’au roches volcaniques de type basaltique ou ryolithique. Cette formidable richesse géologique, ajouté aux diverses nappes de charriages et remaniements métamorphiques, en font une des zones clé pour la compréhension de l’orogénèse alpine.
le site associe sur ses parties nord et est principalement des terrains siliceux (gneiss, anatexites et amphibolites) partiellement recouverts par des formations récentes (dépôts glaciaires würmiens et éboulis). Cette diversité des substrats compose une géomorphologie très contrastée où se remarquent diverses formes d’érosion et de modelés associant des reliefs glaciaires, des pentes douces et régulières, des ressauts rocheux verticaux et des roches fragmentées par l’action du gel et du dégel.
Sur la partie sud du site, la géologie est plus complexe. Il s’agit d’une zone de chevauchement et de métamorphisme importants, au contact de deux grands ensembles géologiques. Ici, les terrains anciens et métamorphisés du socle cristallin du massif des Ecrins, associant amphibolites et micaschistes, jouxtent les formations sédimentaires composés principalement par les grès du Champsaur qui constituent les crêtes et reliefs de la bordure sud du site.
Du point de vue climatique, le site est établi dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires dauphinoises. Les influences atlantiques s’y font encore nettement sentir au niveau des principales vallées, comme celle du Valgaudemar dont l’entrée est largement tournée vers l’ouest.
Etabli entre 869 m à 3669 m d’altitude, le site est inclus dans les étages de végétation montagnard, subalpin, alpin et nival.
Diversité géologique et fortes variations altitudinales permettent la présence de milieux très variés, avec une grande diversité floristique. Une palette de formations végétales diverses caractérise ce site composite : Boisements de Mélèze (Larix decidua), d’Epicéa (Picea abies) et de Pin cembrot (Pinus cembra), hêtraies sapinières, aulnaies vertes des couloirs d’avalanches et pentes d’ubac, landes subalpines à Airelles (Vaccinium pl. sp.), landines froides à Camarine (Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum), rhodoraies à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum), végétation pionnière des alluvions torrentielles fluvio glaciaires à Epilobe de Fleischer (Epilobium fleischeri), saulaies arbustives des délaissées et berges torrentielles, fourrés de saules arbustifs arctico alpins des pentes froides ruisselantes (Salix glaucosericea, Salix hastata, Salix foetida…), mégaphorbiaies, prairies montagnardes et subalpines, pelouses alpines de différents types, formations des combes à neige à Saules nains (Salix herbacea, Salix retusa, Salix reticulata), pelouses pionnières des dalles rocheuses et débris, associations végétales des moraines et éboulis ou des parois rocheuses siliceuses ou localement sédimentaires calcaro gréseuse, bas marais froids d’altitude, végétation des bords de sources et ruisselets… en sont les éléments les plus marquants.

Milieux remarquables

Quatre habitats déterminants sont présents sur le site. Ce sont les hêtraies neutrophiles des Alpes du Sud et de Provence [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)], formation en limite nord de répartition, les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)] et les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux de surfaces très réduites mais d'une très grande valeur patrimoniale.
Parmi de très nombreux autres habitats remarquables, le site comprend un ensemble de milieux forestiers de très grande diversité. Les hêtraies sapinières neutrophiles [all. phyto. Fagion sylvaticae (41.13)] et surtout acidiphiles [all. phyto. Luzulo luzuloidis Fagion sylvaticae (41.112)], recouvrent les parties basses du site, d’environ 1000m jusqu’à 1600m d’altitude. Au dessus, les autres milieux forestiers remarquables du site associent des pessières subalpines des Alpes [all. phyto. Piceion excelsae (42.21)] qui s’enrichissent en Pin cembrot en altitude préfigurant la réinstallation spontanée de la cembraie (42.3) suite à la récession des activités agropastorales. L’ensemble des milieux forestiers du site présentent une importante naturalité, avec des parties boisées anciennes qui ont été jusqu’alors peu perturbées par les activités sylvicoles.
Parmi les autres milieux remarquables du site figurent : les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae (37.8)], les formations prairiales des combes humides et fraîches [all. phyto. Calamagrostion villosae (37.8)] et les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)]. Ces formations végétales sont souvent accompagnées de fourrés d’Aulne vert (Alnus alnobetula) [all. phyto. Alnion viridis (31.611)], qui occupent les couloirs balayés par les avalanches et les pentes fortes, fraiches et humides en versant ubac à l’étage subalpin. Les saulaies arctico alpines des pentes rocheuses froides et humides à Saule soyeux (Salix glaucosericea) [all. phyto. Salicion helveticae (31.6211)] sont en revanche beaucoup plus localisées. L’ensemble de ces habitats, à végétation très opulente, recèlent de nombreuses espèces végétales et animales patrimoniales.
En montant en altitude, les pentes se couvrent graduellement de landes à Genévriers nains [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)], de landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, V. uliginosum et V. vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro ferruginei Vaccinion myrtilli (31.42)] ou plus localement au niveau des crêtes ventées et froides, de landines riches en lichens à Airelle bleue (Vaccinium uliginosum) et Azalée naine (Loiseleuria procumbens) [all. phyto. Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (31.41)]. Ces dernières constituent un habitat remarquable dans le département des Hautes Alpes et en région Provence Alpes Côte d’Azur, qui rappelle les origines artico alpines d’une partie de la végétation des Alpes.
Aux altitudes supérieures, la couverture végétale est essentiellement constituée de pelouses silicicoles, avec en particulier sur les expositions chaudes des pelouses en gradins des vires rocheuses à Fétuque bigarrée (Festuca acuminata) [all. phyto. Festucion variae (36.333)] et des pelouses à Nard raide (Nardus stricta) [all. phyto. Nardion strictae (36.31)]. Les pelouses à haute altitude sont notamment des pelouses à Fétuque de Haller (Festuca Halleri) [assoc. phyto. Festucetum halleri (36.342)].
Les milieux rocheux remarquables particulièrement bien représentés en altitude, associent les formations végétales des rochers et falaises siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)] et les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae, Allosuro crispi Athyrion alpestris, Dryopteridion abbreviatae et Senecio leucophylli (61.11)]. Plus localement se remarquent des éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et des formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Enfin parmi les habitats spécialisés et plus localisés figurent les formations végétales pionnières des alluvions torrentielles [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)], les bas marais acides à Laîche brune (Carex fusca) [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)] ou plus ponctuellement les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)].

Flore

Le site comprend 53 espèces végétales déterminantes, dont quatorze sont protégées au niveau national : la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), le Cystoptéris des montagnes (Cystopteris montana), fougère plus fréquente dans les Alpes du Nord, n’occupant que de rares stations dans les Alpes du Sud où elle affectionne les chaos de blocs, le Panicaut des Alpes (Eryngium alpinum), le Spiranthe d'été (Spiranthes aestivalis), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, l'Epipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), rare orchidée forestière des boisements montagnards denses et ombragés, l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, la Primevère du Piémont (Primula pedemontana), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), l'Androsace de Vandelli (Androsace vandellii), le Géranium à feuilles argentées (Geranium argenteum), le Dracocéphale de ruysch (Dracocephalum ruyschiana), et la Potentille du Dauphiné (Potentilla delphinensis). Quatorze autres espèces déterminantes sont protégées en Provence Alpes Côte d’Aur : l'Azalée naine (Kalmia procumbens), le Céraiste des Alpes (Cerastium alpinum), le Lycopode à feuilles de genévrier (Lycopodium annotinum), le Potamot des Alpes (Potamogeton alpinus), la Nivéole de printemps (Leucojum vernum), la Listère en forme de cœur (Neottia cordata), discrète orchidée forestière de montagne, anciennement signalée et à rechercher, l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri), la Lunaire vivace (Lunaria rediviva), crucifère généralement inféodée aux boisements frais de ravins des étages collinéen supérieur et montagnard, particulièrement rare en région Provence Alpes Côte d’Azur, la Pyrole moyenne (Pyrola media), la Tozzie des Alpes (Tozzia alpina), la Circée des Alpes (Circaea alpina), la Potentille blanc de neige (Potentilla nivea), anciennement observée et à rechercher sur le site, le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora) et la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium), saxifragacée des rochers et sous bois humides aux inflorescences dorées. Les autres espèces déterminantes du site sont : la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), le Silène visqueux (Viscaria vulgaris), le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, le Potamot à feuilles de graminée (Potamogeton gramineus), l'Ail victoriale (Allium victorialis), l'Orchis musc (Herminium monorchis), le Chardon bardane (Carduus personata), le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), le Silène de nuit (Silene noctiflora), la Sabline de Marschlins (Arenaria marschlinsii), minuscule et rarissime caryophyllacées, voisine de Arenaria serpyllifolia, affectionnant les rocailles de l'étage alpin, l'Oeillet de Séguier (Dianthus seguieri subsp. seguieri), la Céphalaire des Alpes (Cephalaria alpina), le Streptope à feuilles embrassantes (Streptopus amplexifolius), la Violette de Thomas (Viola thomasiana), l'Asarum d'Europe (Asarum europaeum), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, qui serait à retrouver dans les tourbières, le Vulpin roux (Alopecurus aequalis), la Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa), graminée associée aux mégaphorbiaies et forêts subalpines de conifères en situations fraîches, sur substrats acides, la Renoncule à tête d'or (Ranunculus auricomus), la Renoncule laineuse (Ranunculus lanuginosus), l'Anémone fausse renoncule (Anemone ranunculoides), la Renoncule à feuilles de Rue (Callianthemum coriandrifolium), la Potentille inclinée (Potentilla inclinata), la Potentille des neiges (Potentilla nivalis) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).

Faune

Le patrimoine faunistique du site revêt un très grand intérêt. On y a recensé au moins cent six espèces animales patrimoniales, dont plus d’une trentaine sont déterminantes.
Au rang des grands mammifères locaux d’intérêt patrimonial, citonsle Bouquetin des Alpes (Capra ibex), espèce emblématique du massif alpin,le Cerf élaphe (Cervus elaphus), le Loup (Canis lupus) et le Lynx boréal (Lynx lynx), carnivores déterminants aujourd’hui en expansion. Les micro-mammifères sont représentés par le Mulot alpestre (Apodemus alpicola), la Musaraigne du Valais (Sorex antinorii),la Musaraigne bicolore (Crocidura leucodon) ainsi que par une espèce re-découverte dans le Champsaur : la Musaraigne alpine (Sorex alpinus) qui ne comptabilise que quelques dizaines de données dans les Alpes et le Jura. Dans les Ecrins, cette espèce n’a été contacté qu’une seule fois sur la réserve intégrale du Lauvitel. Signalons également deux autres mammifères : la Loute (Lutra lutra), espèce déterminante historiquement présente en 1950, ainsi que le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux entre 1200 à 3100 m d’altitude.
Les chiroptères présentent trois espèces déterminantes :le Minioptère de Schreiber (Miniopterus schreibersii),le Murin à oreille échancrée (Myotis emarginatus) et une espèce forestière, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri). ,Quant au peuplement avien nicheur de ce site, il est particulièrement riche en espèces d’intérêt patrimonial dont certaines sont très rares en Provence Alpes Côte d’Azur : Bondrée apivore (Pernis apivorus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), , Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Faucon hobereau (Falco subbuteo), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble t il en régression, Caille des blés (Coturnix coturnix), Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), espèce paléarctique remarquable, d’affinité nordique, recherchant préférentiellement les forêts mixtes, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus helveticus), espèce remarquable menacée et en régression, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), liée aux rivières et torrents à courant rapide, Martin pêcheur (Alcedo atthis), Pic noir (Dryocopus martius), Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, Chouette chevêchette ou Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), autre espèce forestière boréo alpine rare et localisée, Chouette chevêche ou Chevêche d’Athéna (Athene noctua), Petit duc scops (Otus scops), Grandduc d’Europe (Bubo bubo), Pigeon colombin (Columba oenas), Guêpier d’Europe (Merops apiaster), Huppe fasciée (Upupa epops), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris),  Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Alouette lulu (Lullula arborea), Fauvette grisette (Sylvia communis), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Venturon montagnard (Cardueliscitrinella), espèce paléomontagnarde remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts, Tarin des aulnes (Carduelis spinus), Sizerin flammé (Carduelis flammea), Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), Gobe mouche gris (Muscicapa striata), Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Bruant proyer (Miliaria calandra). Le Vautour fauve (Gyps fulvus) et le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) viennent également s’alimenter sur le secteur. La batrachofaune locale patrimoniale est représentée par le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), espèce déterminante d’affinité montagnarde, localement en régression, et le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), espèce déterminante à effectifs faibles et vulnérable, en déclin, d’affinité médio européenne et montagnarde, affectionnant les petits points d’eau peu profonds, dans les endroits restant frais et humides en été. Chez les reptiles notons la présence d’une espèce remarquable, le Lézard des souches (Lacerta agilis). Les Poissons d’eau douce comprennent notamment l’Omble chevalier (Salvelinus alpinus), espèce remarquable, autochtone des lacs Léman et du Bourget, introduite à la fin du XIXème siècle dans certains lacs d’altitude du Haut Dauphiné, typique des lacs profonds et froids aux eaux propres bien oxygénées et aux fonds graveleux et sensible à la pollution.
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par de nombreuses espèces déterminantes et remarquables, souvent d’affinités médio européenne, euro sibérienne, alpine, boréo alpine ou arctico alpine. Les lépidoptères déterminants sont représentés par le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1500 et 2000 m et sensible au surpâturage, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), endémique franco italien cantonné aux Alpes occidentales, inféodé aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce déterminante protégée en France, dont cette sous espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), l’Azuré de la Sanguisorbe (Maculinea teleius), lycène rare et en régression, protégée au niveau européen, strictement inféodée aux prairies humides et bordures marécageuses peuplées par sa plante hôte la Sanguisorbe officinale et ses fourmis hôtes du genre Myrmica (notamment Myrmica scabrinodis), ainsi que trois espèces protégées au niveau européen, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce rare dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga et le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce d'affinité montagnarde liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude et l’Isabelle (Actias isabellae), hétérocère emblématique des Alpes du sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest méditerranéenne morcelée (en France : Hautes Alpes, Alpes de Haute Provence et Pyrénées Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1800 mètres d’altitude.
Du côté des orthoptères, citons deux espèces déterminantes : le Criquet des iscles (Chorthippus pullus), espèce rare en régression, strictement liée aux grèves de cours d'eau en tresses et le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), espèce strictement hygrophile, globalement rare et localisée
Quelques odonates sont également présentes : la Cordulie alpestre (Somatochlora alpestris), très rare et menacée en Provence Alpes Côte d'Azur, d'affinité boréo alpine, dont la larve se développe dans les marais et tourbières d'altitude, le Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), espèce remarquable inféodée par sa larve aquatique aux ruisseaux des versants pentus des montagnes sud européennes, le Leste des bois (Lestes dryas), espèce remarquable en limite d'aire méridionale dans les Alpes du sud, localisée et inféodée aux pièces d'eau temporaires et le Sympétrum vulgaire (Sympetrum vulgatum), espèce rare et en régression en région PACA, où elle se trouve en limite méridionale de son aire de répartition.
Une espèce d’hyménoptère d’intérêt patrimonial est présente sur le site : le Bourdon Bombus brodmannicus delmasi, dont cette sous espèce d’Apidés est déterminante et endémique des Alpes du sud.
Chez les Arachnides, mentionnons l’Araignée Turinyphia clairi, espèce remarquable de Liniphiidés, en limite d’aire en région Provence Alpes Côte d’Azur et Pardosa saturatior, espèce déterminante présente au bord des torrents en montagne, à plus de 1400m jusqu’à l’étage nival, uniquement signalé des Hautes-Alpes dans la région.
Enfin, chez les Myriapodes, citons la présence de deux espèces déterminantes, la Lithobie alpin (Bothropolys elongatus alpinus), espèce de Chilopodes appartenant à la famille des Lithobiidés, endémique des zones de montagne de la région Provence Alpes Côte d’Azur et l’Iule des sables (Ommatoiulus sabulosus), espèce de Diplopodes de grande taille, appartenant à la famille des Iulidés, fréquente en montagne où elle peut dépasser 2000 m d’altitude dans les Alpes, localisée en région Provence Alpes Côte d’Azur aux trois départements alpins et au Vaucluse où elle est menacée.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe les quatre ZNIEFF de type 1 suivantes : «05_111_165     Haute vallée de la Séveraisse   plan du Gioberney– lac du Lauzon ».

Comments on the delimitation

Le site intéresse la partie sud-occidentale du massif des Ecrins, de façon à englober un vaste secteur aux intérêts biologiques multiples. Il englobe l’essentiel de la vallée de la Séveraisse (région du Valgaudemar) et celle de la Séveraissette. Au nord, à l’est et au sud, sa délimitation suit les plus hautes crêtes qui délimitent ses deux vallées. Au sud-ouest et à l’ouest, ses limites évitent les secteurs à anthropisation plus marquée en fond de vallée et s’appuient sur les éléments visuels du paysage les plus évidents, lorsqu’il en existe.