ZNIEFF 930020402
HAUTE VALLÉE DE LA SÉVERAISSE - PLAN DU GIOBERNEY - LAC DU LAUZON

(n° regional: 05111165)

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Description

Etabli dans la partie centre nord du département des Hautes Alpes, le site est localisé tout au fond de la région du Valgaudemar. Il est constitué par la haute vallée de la Séveraisse, et des deux bassins versants qui l’engendrent : l’un au nord, dominé par les Bans (3669 m), où prend naissance le torrent du Gioberney ; l’autre au sud, dominé par le Sirac (3440 m), dans lequel le torrent de Chabournéou prend sa source.
Sur le plan géologique, le site associe principalement des terrains siliceux (gneiss, anatexites et amphibolites) partiellement recouverts par des formations récentes (dépôts glaciaires würmiens et éboulis). Cette diversité des substrats compose une géomorphologie très contrastée où se remarquent diverses formes d’érosion et de modelés associant des reliefs glaciaires, des pentes douces et régulières, des ressauts rocheux verticaux et des roches fragmentées par l’action du gel et du dégel.
Le site, marqué par un relief très accidenté, avec une très forte amplitude altitudinale entre 1190 m et 3669 m d’altitude, se distribue depuis l’étage de végétation montagnard jusqu’à l’étage nival.
Du point de vue climatique, le site est établi dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires dauphinoises où les influences atlantiques s’y font encore nettement sentir au niveau de la vallée de la Séveraisse dont l’entrée est largement tournée vers l’ouest.
Le paysage végétal et minéral du site associe une mosaïque complexe de prairies subalpines à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), pelouses alpines à Laîche toujours verte (Carex sempervirens), Nard raide (Nardus stricta) et Fétuque violette (Festuca violacea), formations de combe à neige à saules nains (Salix herbacea, Salix reticulata, Salix retusa), landes subalpines d’éricacées, landines froides d’altitude, rocailles avec formations pionnières, végétation des éboulis siliceux, escarpements rocheux et associations saxicoles et de milieux humides comprenant lacs, mares, sources, ruisselets et bas marais d’altitude.

Milieux remarquables

Le site comprend deux habitats déterminants : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)].
Il possède de plus de nombreux autres habitats remarquables, parmi lesquels figurent des milieux forestiers dont, sur les parties basses, d’importantes hêtraies neutrophiles [all. phyto. Fagion sylvaticae (41.13)] et surtout acidiphiles [all. phyto. Luzulo luzuloidis Fagion sylvaticae (41.112)], ainsi que plus haut en altitude des mélézins ou forêts de Mélèze (Larix decidua) (42.3). Ces mêmes Mélèze (Larix decidua) colonisent également des escarpements plus inaccessibles, souvent en association avec le Pin cembrot ou Arolle (Pinus cembra) plus disséminé.
Les autres habitats remarquables comprennent des milieux rocheux avec les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae, Allosuro crispi Athyrion alpestris et Senecio leucophylli (61.11)] et les formations végétales des rochers et falaises siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)], souvent associées, aux étages montagnard supérieur et subalpin, à des pelouses rupicoles en gradins à Fétuque bigarrée (Festuca acuminata) [all. phyto. Festucion variae (36.333)], occupant les bombements et escarpements siliceux et, à l’étage alpin, à des pelouses à Festuca Halleri (Fétuque de Haller) [assoc. phyto. Festucetum halleri (36.342)]. Localement s’observent des formations prairiales des combes humides et fraîches [all. phyto. Calamagrostion villosae (37.8)].
Les bords de cours d’eau possèdent une végétation pionnière herbacées des alluvions torrentielles et bancs de graviers [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)], des fourrés d’Aulne vert (Alnus alnobetula) [all. phyto. Alnion viridis (31.611)] à l’étage subalpin et dans leur partie inférieure des boisements riverains en galeries d’Aulne blanc (Alnus incana) [all. phyto. Alnion incanae (44.21)].

Flore

Ce site comprend dix espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : la Primevère du Piémont (Primula pedemontana), l'Androsace de Vandelli (Androsace vandellii) et le Dracocéphale de ruysch (Dracocephalum ruyschiana). Deux autres sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : le Potamot des Alpes (Potamogeton alpinus) et la Tozzie des Alpes (Tozzia alpina), plante discrète souvent cachée au sein des hautes herbes, qu’il conviendrait de retrouver sur le site. Les autres espèces déterminantes du site, l'Ail victoriale (Allium victorialis), le Streptope à feuilles embrassantes (Streptopus amplexifolius), la Violette de Thomas (Viola thomasiana), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, et la Potentille inclinée (Potentilla inclinata), presque toutes anciennement signalées seraient à retrouver.
Il abrite également deux espèces végétales remarquables dont une est protégée au niveau national : l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en Provence-Alpes-Côte D’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses.

Faune

Le site abrite un patrimoine faunistique d’un intérêt biologique élevé. On y recense quarante-trois espèces animales patrimoniales, dont dix sont déterminantes.
Les mammifères d’intérêt patrimonial comprennent notamment la Sérotine de Nilsson (Eptesicus nilssonii) espèce nordique rare et déterminante, très localisée dans le nord de la région où elle est contactée au-dessus de 1400 m d'altitude, le Loup (Canis lupus) et le Lynx boréal (Lynx lynx), carnivore forestier déterminant aujourd’hui en expansion, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire, dont les populations locales sont issues de réintroductions, le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes.
L’avifaune nicheuse locale d’intérêt patrimonial est représentée par diverses espèces : Faucon pèlerin (Falco peregrinus), espèce déterminante, Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Faucon hobereau (Falco subbuteo), Bondrée apivore (Pernis apivorus), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble-t-il en régression (au moins 50 couples nicheurs localement), Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Niverolle des Alpes (Montifringilla nivalis), autre espèce très bien adaptée aux rudes conditions hivernales, Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), oiseau rupestre par excellence, Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Pic noir (Dryocopus martius) et Pic épeichette (Dendrocopos minor), Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheur rare et remarquable, lié aux forêts de conifères, Sizerin flammé (Carduelis flammea), Venturon montagnard (Carduelis citrinella), Gobe mouche gris (Muscicapa striata), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana).
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par de nombreuses espèces de lépidoptères déterminantes et remarquables, souvent d’affinités médio européenne, euro sibérienne, alpine, boréo alpine. Trois espèces sont déterminantes : le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce protégée en France, dont cette sous-espèce est localisée et endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.) et le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1500 et 2000 m et sensible au surpâturage. Elles sont accompagnées par de nombreuses espèces remarquables : l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides), l’Hespérie du pas d’âne (Pyrgus cacaliae), espèce famille des Hespéridés, dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à des potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides, l'Echiquier (Carterocephalus palaemon), espèce holarctique vivant en lisières et clairières humides et dont les stations sont limitées et fragmentées, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki) et la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées. En dehors des lépidoptères d’autres insectes d’intérêt patrimoniaux sont présents comme le Leste des bois (Lestes dryas), espèce remarquable d'odonate Zygoptères (demoiselles), en limite d'aire méridionale dans les Alpes du sud, localisée et inféodée aux pièces d'eau temporaires et la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera), espèce remarquable de sauterelle d'Europe occidentale, rare et en limite d’aire dans les Alpes du sud, inféodée localement aux prairies subalpines humides.
Citons également la présence d’une araignée, Pardosa saturatior, une Lycosidés déterminantes.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_111_100   Partie sud ouest du massif et du Parc National des Écrins   vallée du Valgaudemar   Grun de Saint Maurice   vallée de la Séveraissette   le Cuchon   pic Queyrel   versant ouest du Vieux Chaillol».

Comments on the delimitation

L’ensemble correspond à la partie inférieure des versants de la haute vallée de la Séveraisse, où coexistent un assemblage d’habitats très divers et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale. Ses limites tentent de s’appuyer sur des éléments topographiques-repères marqués, lorsqu’il en existe : ruptures de pentes, rebords ou pieds de barres rocheuses, fonds de talweg, crêtes secondaires…