Description
Localisé sur la bordure centre sud du département des Hautes Alpes, ce site s’inscrit en rive droite du val de Durance, juste en aval du lac de Serre-Ponçon.
Le site comprend le site très pittoresque des cheminées des demoiselles coiffées de Théus, ou « Salle de bal des demoiselles coiffées ». Elle correspond essentiellement au versant adret de montagnes basses qui bordent la Durance, à substrat principalement calcaro marneux du Sinémurien Lotharingien associé en partie inférieure de versant à des dolomies et gypses du Trias.
Le climat est de type supra méditerranéen à tendance continentale, avec une saison estivale marquée par un fort déficit de précipitations.
Débutant vers 660 m d’altitude, il culmine à 1410 m (Montagne Saint Maurice) et s’inscrit aux étages de végétation supra méditerranéen et montagnard.
Les pentes souvent abruptes sont colonisées par des formations végétales ouvertes d’éboulis, de garrigues, de fourrés ou de matorrals. Les parties les plus basses du site, moins pentues, sont occupées par des cultures extensives, des vergers et des vignes pour la plupart abandonnées. Les forêts, peu représentées, possèdent leur plus important développement au niveau des versants à orientations secondaires, est et ouest.Milieux remarquables
Le site compte un habitat déterminant : les matorrals arborescents à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) (32.136). Dans le département des Hautes Alpes, seuls quatre sites présentent de très beaux peuplements de Thurifères : Saint Crépin, le plus célèbre d’entre eux, l’adret de Théus, le Bois du Revuaire à Saint Genis et la Forêt Domaniale de l’Eygues à Saint André de Rosans. Localisés essentiellement dans les Alpes du sud, ils constituent un habitat rare particulièrement remarquable en France. A ce titre ils sont classés déterminants.
Trois autres habitats remarquables y sont recensés : les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis (62.15)], les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.31)] et les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)] ou plus franchement xérophiles [all. phyto. Xerobromion erecti (34.33)]. Ces dernières se positionnent sur les replats, où elles n’occupent que de faibles surfaces.
Parmi les autres habitats les plus significatifs, les matorrals méditerranens arborescents à Juniperus oxycedrus (32.131) et les matorrals calciphiles à Chêne vert (Quercus ilex) (32.113), très résiduels et fragmentaires, atteignent sur le site leur limite nord de répartition dans le département des Hautes Alpes et constituent l’une des grandes originalités végétales locales, en raison de leur grande rareté ici. Les garrigues supra méditerranéennes à Aphyllante de Montpellier (Aphyllanthes monspelliensis) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (34.72)], atteignent ici, elles aussi, leur limite nord de répartition géographique pour la région Provence Alpes Côte d’Azur. Les boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)] sont parmi les plus septentrionaux à posséder un cortège floristique riche en espèces végétales méditerranéennes, avec en particulier l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia), le Chévrefeuille de Toscane (Lonicera etrusca), la Garance voyageuse (Rubia peregrina), la Stéhéline douteuse (Staehelina dubia) et le Térébinthe (Pistacia terebinthus).Flore
Cinq espèces végétales déterminantes sont présentes, dont deux sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Orcanette du Dauphiné (Onosma pseudoarenaria subsp. delphinensis), qui ne compte que quelques rares stations en France, et la Diplachnée tardive (Kengia serotina). L'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle est localisée aux pelouses d'affinités steppiques des vallées de la Durance et de l'Ubaye, la Fléole paniculée (Phleum paniculatum) et la Potentille inclinée (Potentilla inclinata) sont les autres espèces déterminantes du site.
Il abrite également la seule espèce remarquable du site : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia).Faune
Huit espèces patrimoniales dont deux déterminantes ont été inventoriées sur ce site :
Les oiseaux sont représentés par le Circaète Jean le Blanc (Circaetus gallicus), nicheur remarquable, potentiel sur le site et la Huppe fasciée (Upupa epops) également remarquable.
Une espèce déterminante de reptile est présente sur le site, le Lézard ocellé (Timon lepidus).
Les insectes comprennent l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante de lépidoptère, protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, accompagné de quatre espèces remarquables : la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Azuré du baguenaudier (Iolana iolas), espèce méditerranéenne très localisée, strictement inféodée à la présence de son unique plante hôte (Colutea arborescens) et l'Échiquier de Russie (Melanargia russiae), espèce d'affinité steppique, localisée et dont la sous espèce cleanthe est endémique des montagnes du nord de l'Espagne et des Alpes du sud.Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_119_100 Versant adret d'Espinasses, Théus et Remollon Forêt Domaniale de Serre Ponçon mont Colombis».
L’ensemble du site correspond à l’assemblage d’habitats et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale, se rapportant à des milieux rocailleux et secs d’affinités steppiques ou méditerranéennes. Les limites inférieures se calent sur des lignes topographiques marquées (ruptures de pente en bas de versant), sur des éléments géographiques ou paysagers remarquables, tels que petites routes et chemins, et sur les fortes discontinuités occasionnées par les espaces anthropisés et semi-anthropisés (cultures, zones urbaines) situés en bordure. Les limites supérieures du site s’appuient, autant que possible, sur les lignes importantes de la topographie.