Description
Ce site en majorité boisé, est situé au nord ouest de la ville de Veynes, sur la bordure nord ouest du département des Hautes Alpes. Il culmine à la Montagne de Durbonas à 2 086 m.
Le substrat géologique du site est de nature sédimentaire associant des calcaires riches en silex et des calcaires sableux campano maestrichiens, avec des calcaires marneux du Barrémien. Des éboulis stabilisés et localement encore actifs recouvrent une grande partie de ces formations sur la partie inférieure des versants.
Situé dans la zone biogéographique des préalpes sud dauphinoises, le site est soumis à un climat montagnard de type supra méditerranéen, aux influences atlantiques encore marquées.
Réparti entre 1 096 m et 2 086 m d’altitude, le site est compris dans les étages de végétation montagnard et subalpin.
Ses boisements d’ubac en font un site tout à fait singulier, très riche en espèces végétales forestières. Un relief karstique constitué de grottes complète le paysage, avec des pelouses sèches et quelques éboulis. De nombreux ruisselets parsèment également ce site.
Milieux remarquablesLe site compte un habitat déterminant : les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis) (65)], constituées par une végétation de petites plantes annuelles, dont de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale.
Les forêts comprennent divers milieux remarquables tels que de vastes hêtraies sapinières neutrophiles [all. phyto. Fagion sylvaticae (41.13)], possédant de superbes sapins centenaires, des pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)] et des boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)].
Parmi les autres habitats remarquables non forestiers, se rencontrent des formations arbustives, avec en particulier des landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)] et des fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)], dont notamment des fruticées des stations rocailleuses à Cotonéaster et Amelanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis) (31.8123). Enfin, des éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)] sont présents localement dans les pentes les plus fortes.Les milieux rocheux remarquables comprennent des formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et des éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)].
FloreLe site comprend seize espèces végétales déterminantes dont cinq sont protégées au niveau national : la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches, endémique des Alpes sudoccidentales, le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies-pinèdes sylvestres, l'Epipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), autre orchidée forestière inféodée aux boisements montagnards denses et ombragés, et l'Aspérule de Turin (Asperula taurina), caractéristique des hêtraies méridionales. Huit autres espèces végétales déterminantes sont protégées en Provence-Alpes-Côte d’Azur : le Saxifrage du Dauphiné (Saxifraga delphinensis), rare endémique delphino-provençale des falaises calcaires ombragées, la Listère en forme de cœur (Neottia cordata), discrète orchidée forestière de montagne, le Cytise de Sauze (Cytisus ardoinoi subsp. sauzeanus), endémique locale occupant les rocailles, lisières et sousbois clairs sur substrats calcaires, la Tozzie des Alpes (Tozzia alpina), la Circée commune (Circaea lutetiana), le Pâturin vert glauque (Poa glauca), le Pâturin hybride (Poa hybrida), graminée liée aux mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, très rare dans le contexte des Alpes du Sud, et la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium), saxifragacée des rochers et sousbois humides aux inflorescences dorées. Les autres espèces déterminantes du site sont : la Renoncule laineuse (Ranunculus lanuginosus), la Céphalaire des Alpes (Cephalaria alpina) et l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée francoitalienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du Sud, récemment découverte en France.
Il abrite également quatre espèces végétales remarquables : l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), belle renonculacée aux grandes fleurs d'un bleu vif, protégée au niveau national, le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia), la Laîche espacée (Carex remota) et l'Anémone de Haller (Anemone halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées.
FauneTrente-huit espèces animales d’intérêt patrimonial, dont 12 espèces déterminantes, ont été recensées sur ce site. L’une d’entre elles n’y a pas été revue depuis 1930.
Au rang des mammifères, il convient de citer quatre espèces déterminantes, le Loup (Canis lupus) carnivore forestier aujourd’hui en expansion mais présent avec de faibles effectifs, le Grand Murin (Myotis myotis), espèce plutôt commune mais localement en régression, la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, et le Murin de Bechstein (Myotis bechsteinii), liée aux forêts de feuillus âgées dotées d’un sous-bois dense avec des ruisseaux et des mares, considérée comme rare et menacée. Elles sont accompagnées par trois chiroptères forestiers remarquables, la Noctule de Lesler (Nyctalus leisleri), espèce relativement fréquente, le Murin d’Alcathoé (Myotis alcathoe) très rare et localisé au nord-est de la région PACA à plus de 1 000 m d'altitude et le Murin de Brandt (Myotis brandtii), contactée dans la région généralement à plus de 1000 m d'altitude, mais aussi par le Cerf élaphe (Cervus elaphus) grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m, et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1 200 et 3 100 m d’altitude.
Chez les oiseaux nicheurs ou probablement nicheurs, citons trois espèces déterminantes, la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo-alpine forestière, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m et le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur. Elles sont accompagnées de neuf espèces remarquables : le Grand Duc d’Europe (Bubo bubo), qui utilise tous les habitats rocheux comme lieux de reproduction, du niveau de la mer à l'étage subalpin, le Pic noir (Dryocopus martius), oiseau des forêts de conifères assez âgées, entre 700 et 2 200 m d'altitude, d'où il dépend d'arbres de grande taille dans lesquels il peut creuser ses cavités de repos ou de nidification, l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), espèce holarctique assez rare en PACA et présente du littoral à la haute montagne (concentrée sur les trois départements alpins) dans les milieux ouverts à sites rupestres, le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, l'Alouette lulu (Lullula arborea), espèce des paysages ouverts à semi-ouverts, le Bruant fou (Emberiza cia), qui affectionne les pelouses et les landes avec rocailles bien ensoleillées, les éboulis avec des buissons et des arbres clairsemés, les landes ouvertes, etc. et menacé par la fermeture des milieux, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde, typique des boisements de conifères semi ouverts et le Tétras lyre (Lyrurus tetrix), espèce assez rare, en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m.
Mentionnons également la présence d’un reptile remarquable, le Lézard vivipare (Zootoca vivipara), espèce typiquement nord eurasiatique, relicte glaciaire, en limite sud de son aire de répartition dans les Alpes, liée aux pelouses, prairies et landes humides, tourbières, bords de ruisseaux.
Concernant les insectes lépidoptères, signalons la présence du Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 mètres d’altitude, et du Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine déterminante liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1 500 et 2 000 m et sensible au surpâturage, accompagnés de quatre espèces remarquables : l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon rebeli), protégé en France, lié aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), protégé au niveau européen, inféodé aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude, l'Échiquier de Russie (Melanargia russiae), lépidoptère d'affinité steppique, localisé et dont la sous-espèce cleanthe est endémique des montagnes du nord de l'Espagne et des Alpes du sud, et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude.
Les odonates sont représentés par le Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), espèce remarquable de grande taille, inféodée par sa larve aquatique aux ruisseaux des versants pentus des montagnes sud-européennes.
Il convient également de mentionner, parmi les orthoptères, la présence de l'OEdipode stridulante (Psophus stridulus), espèce remarquable d'orthoptère boréo-montagnarde qui affectionne les milieux rocailleux des pelouses xerothermiques et des alpages bien exposés.
Les coléoptères d’intérêt patrimonial sont représentés par trois espèces déterminantes, l'Acanthocine réticuleux (Acanthocinus reticulatus), espèce rare de Cerambycidae à répartition européenne où elle colonise les sapinières matures froides et humides, sa larve se développant dans les troncs de gros diamètre, le Cardinal triste (Pytho depressus), espèce ouest-paléarctique, prédatrice sous-corticale dans les conifères morts des forêts de haute montagne en France, où elle est rare et cantonnée aux vieux boisements, et l'Eucnemidae Xylophilus corticalis, espèce strictement européenne très localisée dans les forêts à caractère naturel, riche en bois mort colonisé par le mycélium, connue en PACA seulement de quelques hêtraies-sapinières entre le Dévoluy et la montagne de Lure, accompagnées d'espèces remarquables saproxyliques comme le taupin Hypoganus inunctus, espèce localisée se développant dans le bois en décomposition de feuillus ou de résineux, cantonnée dans le sud de la France aux forêts de montagne mais se trouvant aussi en plaine plus au nord, et le ténébrionide Nalassus harpaloides, espèce remarquable endémique de France, présent surtout en région PACA où il fréquente les forêts de montagne et notamment les boisements de conifères. Signalons également l’observation très ancienne (1930) d’Euheptaulacus villosus, coléoptère remarquable de la famille des Scarabéidés à répartition discontinue, présent en France principalement dans les montagnes de la région PACA. Compte tenu de l’ancienneté de la donnée, l’espèce n’a pas été intégrée dans la liste des taxons d’intérêt patrimonial du site.
Enfin, les mollusques comprennent deux espèces remarquables, la Fausse-veloutée des vallées (Urticicola glabellus), escargot à répartition limitée cantonné au sud-est de France, de la Savoie aux Alpes-Maritimes, et la Columelle édentée (Columella edentula), espèce de Gastéropodes Truncatillinidés, peu commune et inféodée aux habitats humides à très humides.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFFCette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012802 - Massif et Forêt Domaniale de Durbon / Durbonas ».
Le site obéit surtout à une logique de massif, en coiffant les plus hautes crêtes du secteur. Il inclut par ailleurs les vallons du Riou Froid et de l’ancienne Chartreuse de Durbon. L’espace ainsi défini, englobe des biotopes forestiers et semi-ouverts de grand intérêt, associés à leurs cortèges d’espèces remarquables. Ses limites s’appuient, lorsque c’est possible, sur les éléments topographiques, géographiques et paysagers les plus marqués, quand il en existe.