Description de la zone
Cette zone se situe en partie dans la zone d’adhésion du Parc National du Mercantour. Certains sommets culminent à plus de 2000 m, tels que le Dôme de Barrot, la Cime du Contan et la Tête de la Colombière. Les adrets présentent des cultures, des garrigues et fourrés méditerranéens qui s’opposent aux forêts et aux pâturages d’altitude des ubacs. Ce secteur se situe au carrefour de deux domaines biogéographiques : le domaine alpin et le domaine méditerranéen, avec dans ce dernier la frontière entre les secteurs préligure et provençal. Plusieurs étages de végétation sont également représentés depuis le méditerranéen jusqu’au subalpin.
Flore et habitats naturels
Parmi les habitats patrimoniaux, on peut signaler la présence de la pelouse subalpine calcicole à Androsace velue (Androsace villosa) de l’Androsaco villosae Gentianetum angustifoliae, qui colonise les croupes et crêtes thermophiles, sur sol squelettique, la pelouse acidophile montagnarde et subalpine à Nard raide (Nardus stricta) et Potentille blanche (Potentilla alba) du Nardion strictae, qui occupe les plateaux des environs de Beuil, la prairie humide montagnarde à Molinie bleue (Molinia caerulea) du Molinion caeruleae, développée sur pélites rouges dans le secteur de l’Illion (Beuil), et abritant des espèces déterminantes : l’Orchis punaise (Anacamptis coriophora) et l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), la pelouse des dalles siliceuses montagnardes du Sedo albi Scleranthion biennis, particulièrement bien développée sur pélites rouges, la pelouse écorchée montagnarde à subalpine à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) de l’Ononidion cenisiae, la forêt de ravin mésoxérophile du Tilion platyphylli à Tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) et Frêne commun (Fraxinus excelsior). La Drave des bois (Draba nemorosa), espèce inscrite au Livre rouge de la flore menacée de France (tome 1), présente ici une de ces très rares localités des Alpes maritimes. Le reste de la flore patrimoniale est de type montagnard et caractéristique des reliefs de cette portion des Alpes-Maritimes.
Faune
Le peuplement faunistique de cette zone comporte avec 54 espèces animales d’intérêt patrimonial dont 20 sont déterminantes.
Les mammifères sont représentés par le Loup gris (Canis lupus), carnivore déterminant, rare et protégé au niveau national, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA., présent jusqu’à 2 500 m, et plusieurs chauve-souris : Petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), Vespère de Savi (Hypsugo savii) et Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis).
L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, comprend trois espèces déterminantes : Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo-alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, plutôt âgés, jusqu’à 2 300 m et Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), un petit rapace nocturne forestier très rare et localisé dans les Alpes Maritimes, accompagnées de plusieurs espèces remarquables : Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Aigle royal (Aquila chrysaetos), Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent entre 1800 et 3700 m d’altitude, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce assez rare, en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m, Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m, en régression, Petit duc scops (Otus scops), espèce d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, présent jusqu’à 1 800 m. A noter également le passage régulier du Vautour fauve (Gyps fulvus) et du Vautour moine (Aegypius monachus).
L’herpétofaune est représentée par trois espèces remarquables : le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce affectionnant les milieux ouverts, secs et bien exposés. Cette espèce est rare et localisée dans les Alpes Maritimes, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.
Les arthropodes patrimoniaux sont représentés par plusieurs cortèges.
Cinq espèces déterminantes de coléoptères ont été inventoriées, Trechus delarouzeei, Carabidae de haute altitude, Duvalius magdelainei, espèce cavernicole endémique des Alpes Maritimes, et les Charançons Entomoderus impressicollis, représentée ici par la sous espèce alpicola, endémique de la région alpine méridionale où elle est assez abondante jusqu’à 2 500 m d’altitude et Echinodera ochsi, espèce endémique des Alpes Maritimes, d’affinité montagnarde, vivant à l’état larvaire dans les branches mortes ou dépérissantes, plus rarement saines, de diverses essences d’arbres et l'Eucnemidae Epiphanis cornutus, espèce à large répartition néarctique mais très rare et localisée, se développant dans la carie rouge des troncs décomposés de conifères des forêts à caractère naturel. A signaler également la citation ancienne d’un Carabidae déterminant, Laemostenus obtusus, non revu depuis 1952. Il convient de citer également le Sténochore du chêne (Anisorus quercus), espèce remarquable de Cerambycidae inféodée aux chênes à feuilles caduques et aux érables, rare en France où la région PACA abrite ses plus importantes populations.
Une espèce remarquable d’orthoptères est également observable, le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous espèce déterminante et endémique de Haute Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux.
Du côté des lépidoptères, citons la présence de cinq espèces déterminantes : l'Hespérie de la ballote (Muschampia baeticus), hespérie d'affinité ouest-méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare), le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) et la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var, accompagnées de plusieurs espèces remarquables comme l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, l’Hermite (Chazara briseis), espèce en forte régression, liée aux milieux très ouverts, secs et rocailleux où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes) et l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs.
Enfin, signalons la présence de deux mollusques déterminants : la Maillot des pélites (Solatopupa cianensis), espèce protégée en France et endémique du département des Alpes-Maritimes (seulement deux stations où elle est présente de manière abondante), vivant à la surface des rochers humides et des éboulis où il est strictement lié aux roches silicatées du Permien (grès rouge) entre 500 et 1 300 m d’altitude et La Marbrée des pélites (Macularia saintivesi), escargot déterminant et endémique, inféodée aux grés rouges du Permien située dans les gorges du Cians et de Daluis. On peut l'observer sur les parois de ces roches particulières et dans ses anfractuosités. Il convient de signaler également le Maillot des rochers (Pupilla sterrii), espèce remarquable localisée dans le Jura et les Alpes, liées aux milieux montagnards orientaux de la région et vivant dans les habitats rocailleux et ensoleillés.
La ZNIEFF est un massif montagneux qui s’élève entre les Gorges de Daluis et les Gorges du Cians.