ZNIEFF 930020488
BASSES GORGES DU VERDON - BOIS DE MALASSOQUE ET DE LA ROQUETTE - PLATEAU DE LA SEUVE

(n° regional: 83192100)

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Commentaire général

La zone est à cheval entre le Haut Var et le sud des Alpes-de-Haute-Provence et correspond aux basses gorges du Verdon et, entourant les gorges, au plateau de la Seuve en rive droite et au plateau et le bois de Malasoque en rive gauche. Elle correspond à l'étage climatique supraméditerranéen. Elle s'inscrit dans un contexte géologique calcaire jurassique homogène ponctué d'affleurements dolomitiques. Le site est traversé par un vaste poljé allongé correspondant à un fossé synclinal. Cette plaine agricole est occupée par des activités de polycultures élevage traditionnelles. Les plateaux et collines alentours sont couverts de taillis de chêne pubescent et de chênes verts parcourus par un pastoralisme extensif.

Compris entre 350 m et 690 m d'altitude, ce très beau site de gorges calcaires est inclus dans les étages de végétation méso-méditerranéen supérieur et supra-méditerranéen.

 

Flore et habitats naturels

Vaste secteur où se rencontrent les formations herbacées steppiques (pelouses) riches en individus du genre Stipa. Ce sont les derniers échos vers la méditerranée des formations sub continentales des Alpes occidentales parvenues jusqu’ici par le couloir durancien. L’espèce la plus remarquable est incontestablement l’Adonis printanier (Adonis vernalis), de découverte récente dans le Var, qui n’était guère connu jusqu’ici que des Grands Causses du Massif Central ainsi que de quelques très rares points d’Alsace. La Fraxinelle, la Violette de Jordan et l’Ophrys de la Drôme se rencontrent dans les fonds de ravins boisés qui entaillent les plateaux. Les formations rocheuses permettent le développement de formations à la fois typiques de la Basse Provence occidentale et de la région du Verdon soulignant l’intérêt biogéographique de ce secteur à la rencontre de plusieurs régions écologiques.

 

Faune

Cette zone présente un intérêt faunistique très élevé.

Le Vespertilion de Capaccini (Myotis capaccinii) se reproduit dans cette zone avec des colonies numériquement importantes. Le reste du peuplement chiroptérologique remarquable local comprend le rare Rhinolophe euryale, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), le Vespère de Savi (Hypsugo savii), la Noctule de Leisler (Nyctalus leislerii), le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), le Petit murin (Myotis blythii), le Grand murin (Myotis myotis), le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis). On peut en outre mentionner la présence de la Genette (Genetta genetta).

L’avifaune nicheuse patrimoniale locale comprend les espèces suivantes : Caille des blés (Coturnix coturnix), Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus), Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Petit duc scops (Otus scops), Rollier d’Europe (Coracias garrulus), Huppe fasciée (Upupa epops), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Pie grièche à tête rousse (Lanius senator), Bruant mélanocéphale (Emberiza melanocephala), Bruant proyer (Emberiza calandra), Moineau soulci (Petronia petronia). Le Vautour percnoptère (Neophron percnopterus) (un couple non reproducteur à confirmer), l’Aigle royal (Aquila chrysaetos) (un couple reproducteur), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis) (au moins un couple nicheur), le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus) (deux couples reproducteurs) et le Busard cendré (Circus pygargus) composent le peuplement local de rapaces diurnes. Les falaises abritent aussi la nidification du Monticole bleu (Monticola solitarius). Le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax) est considéré comme un nicheur possible dans la ripisylve. 

L’herpétofaune se compose de six espèces remarquables : la Cistude d'Europe (Emys orbicularis), espèce qui présente répartition lacunaire en Europe, inféodée aux zones humides et localisée en PACA, le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches, la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés,

Les poissons locaux correspondent notamment au Toxostome (Parachondrostoma toxostoma) et au Blageon (Telestes souffia).

Les invertébrés comportent dix espèces déterminantes qui sont : le rare Criquet hérisson (Prionotropis hystrix azami), espèce déterminante d’Orthoptères Pamphagidés, endémique de quelques pelouses, steppes et rocailles xérothermiques de Provence, Deleproctophylla dusmeti, Athous olbiensis, le Pique prune (Osmoderma eremita), Polydrusus griseomaculatus, le lepture dantesque (Pedostrangalia revestita), espèce de Cerambycidae dont la larve vit dans la carie rouge humide des vieux arbres feuillus, rendue rare et menacée sur toute sa répartition européenne par la disparition de son habitat, le longicorne Stictoleptura erythroptera, vivant dans le bois mort des vieux arbres feuillus creux peuplant les forêts matures, très rare en France où ses plus belles populations se trouvent dans le sud-est, le Sablé de la Luzerne (Polyommatus dolus), le Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis), espèce déterminante dite « vulnérable », de répartition ouest méditerranéenne, des milieux ouverts rocailleux et accidentés et des friches ensoleillés, où poussent les plantes hôtes de sa chenille, les Ibérides (Iberis sp.) et l’Hespérie de la ballote (Muschampia proto).

Citons également la spectaculaire Magicienne dentelée ou Saga aux longues pattes (Saga pedo), espèce déterminante d’Orthoptères Tettigoniidés Saginés, de répartition ponto méditerranéenne et d’affinité méridionale, protégée au niveau européen, entomophage et se nourrissant principalement de sauterelles et criquets, habitant les pelouses, friches, garrigues, vignes, fruticées claires, et prairies mésophiles, l’Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), l’Ephippigère provençale (Ephippiger provincialis) et le Sténobothre occitan (Stenobothrus festivus). 

Parmi les autres invertébrés remarquables figurent un Odonate Zygoptère, l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce déterminante dite « vulnérable » de Coenagrionidés, protégée au niveau européen (directive CEE « Habitats »), d’affinité plutôt méridionale, assez localisée et peu fréquente, qui se rencontre dans les cours d’eau ensoleillés, à courant plus ou moins vif, sur substrat calcaire (fossés, petits ruisseaux, effluents de sources, marais envahis de joncs) ainsi que des coléoptères comme : le Sténochore du chêne (Anisorus quercus), espèce de Cerambycidae inféodée aux chênes à feuilles caduques et aux érables, rare en France où la région PACA abrite ses plus importantes populations, le longicorne Plagionotus floralis, espèce euro-sibérienne des pelouses et garrigues présente en France principalement dans le quart sud-est, les reliefs du couloir rhodanien abritant l'essentiel de ses populations, le Lepture à trois marques (Stictoleptura trisignata), espèce de Cerambycidae endémique du sud-ouest de l'Europe, présente en France uniquement dans les forêts de feuillus méditerranéennes où sa larve vit dans le bois mort des arbres vivants, le Clyte pâle (Trichoferus pallidus), espèce saproxylique d'Europe centrale et méridionale, plutôt commune dans une grande partie de la France mais rare et localisée en PACA où elle n'est connue que des boisements de feuillus des gorges du Verdon et de la vallée du Rhône, le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus), Lucanidé remarquable forestier surtout lié aux chênes, protégé au niveau européen, et l’Agapanthie de Kirby (Agapanthia kirbyi), espèce remarquable et rare de Cérambycidés Lamiinés, d’affinité montagnarde et méridionale, dont les larves se développent dans les hampes de Molènes (Verbascum sp.), ainsi que plusieurs Lépidoptères, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne déterminante et en régression de Papilionidés, dont la chenille vit sur l’Aristoloche (Aristolochia pistolochia) et dont l’adulte fréquente les garrigues, pentes sèches, éboulis et coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1 500 mètres d’altitude, l’Aurore de Provence (Anthocharis belia euphenoides), espèce remarquable de Piéridés, typiquement méditerranéenne, que l’on rencontre dans les régions accidentées, les collines arides, les garrigues, les forêts clairsemées et les friches jusqu’à 1 800 m d’altitude là où poussent les plantes hôtes de sa chenille, les Biscutelles (Biscutella sp.) et les Sisymbres (Sisymbrium sp.), l’Echiquier d’Occitanie (Melanargia occitanica), espèce ouest méditerranéenne remarquable dite « sensible » de Nymphalidés Satyrinés, des garrigues jusqu’à 1 500 m. d’altitude, le Nacré de la Filipendule ou Agavé (Brenthis hecate), espèce remarquable de Nymphalidés Nymphalinés, d’affinité méridionale, que l’on trouve sur les pentes caillouteuses, dans les garrigues pas trop sèches, les bois clairs, les friches mésophiles et les coteaux herbeux plutôt humides à fort recouvrement herbacé jusqu’à 1 500 m. d’altitude, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), Zygénidé assez rare et vulnérable, d’affinité méridionale et de répartition ouest méditerranéenne, notamment lié aux boisements clairs de chênes pubescents et de hêtres jusqu’à 2 000 m. d’altitude et dont la chenille vit sur la Badasse (Lotus dorycnium), l’Ecaille funèbre ou Deuil (Arctinia caesarea) (= Epatolmis caesarea), espèce déterminante d’Arctiidés, de tendance thermophile et de répartition morcelée, en forte régression, protégée car menacée d’extinction en France, des friches et pelouses sèches riches en Graminées, le Sphinx de l’Epilobe (Proserpinus proserpina), Sphingidé remarquable assez thermophile des bois clairs, des coupes forestières, des prairies, des talus herbeux humides et des pentes ensoleillées, souvent à proximité de l’eau, protégé au niveau européen, relativement fréquent et répandu mais jamais abondant et semblant aujourd’hui en régression, le Sphinx bourdon ou Sphinx bombyliforme ou Sphinx des Scabieuses (Hemaris tityus tityus), espèce déterminante de Sphingidés, assez localisée et se raréfiant dans certaines régions, qui fréquente les versants au fort recouvrement herbacé, les forêts claires, les broussailles, les friches, les prairies ensoleillées et richement fleuries, les jardins et les marais, jusqu’à 2 000 m. d’altitude, dont l’adulte butine en particulier les fleurs de Bugles dont la chenille vit notamment sur les Knauties et les Scabieuses et surtout sur la Succise (Scabiosa succisa). 

Enfin, citons chez les Arachnides, le Scorpion noir des Carpathes (Euscorpius carpathicus), scorpion remarquable appartenant à la famille des Chactidés.

Les mollusques comprennent notamment le Gastéropode Cochlostomatidé Cochlostoma (Turritus) macei, espèce rare et localisée, endémique des départements du Var, des Alpes-Maritimes et des Alpes de Haute-Provence, se rencontrant à la surface des rochers calcaires.

Comments on the delimitation

Le site concerne les basses gorges du Verdon, ainsi que les deux plateaux majoritairement forestiers qui les jouxtent au nord et au sud. La délimitation du site s’appuie autant que possible sur des repères topographiques et géographiques évidents (ruptures de pente, talwegs, dessertes, lisières).