ZNIEFF 930020508
CANJUERS

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Commentaire général

Grand ensemble fonctionnel traversé par l’Artuby, cette ZNIEFF englobe de nombreux écosystèmes. A l’ouest se retrouvent de grands plans calcaires avec grottes, fissures, dolines et avens qui par le passé pressentaient un aspect caractéristique d’agro système de type caussenard. Le Grand et le Petit Margès, également inclus dans le périmètre, présentent des secteurs exceptionnels composés de reliefs karstiques, grottes, falaises et forêts. Il en est de même pour la montagne de Bargeaude marquée par une forte opposition de versant permettant le développement du Chêne vert à l’adret alors que l’ubac montre une belle chênaie pubescente. La partie centrale du site est occupée par les collines d’Estelle et les bois de Siounet et de Fayet, de part et d’autre du Canyon de l’Artuby. Plus à l’est, le paysage reste de type caussenard avec de nombreuses zones karstiques ponctuées de dolines mais également des prairies humides ou des landes. Le site atteint sa limite est avec le massif calcaire du Malay.

Flore et habitats naturels

Ensemble remarquable d’espèces de pelouses bien développées notamment au niveau des dolines riches en gagées (Gagée des prés, Gagée de Reverchon, Gagée des rochers).

Nombreuses espèces rares et localisées comme la Pivoine (Paeonia officinalis), la Violette de Jordan ou le Cerfeuil noueux (Viola jordanii, Chaerophyllum nodosum) à Lagnes, la Fraxinelle (Dictamnus albus) au Petit Plan et, dans les prés mésophiles, des orchidées nombreuses et diversifiées (Ophrys bertolonii …), l’Holostée hérissée (Holosteum breistrofferi) etc. Quelques pelouses à inondation hivernale permettent notamment le développement de l’Orpin de la Sierra Névada, espèce exceptionnelle et localisée en France à trois secteurs tous inclus dans le Camps de Canjuers. Les prairies fauchées montrent des populations souvent en bon état de la Serratule à feuilles de chanvre d'eau. Populations en limite d'aire orientale de Menthe des Cerfs dans les cours d'eau et mares temporaires. Belles chênaies pubescentes ouvertes avec le Millet de Monte.

Faune

Le site de Canjuers est doté d’un très grand intérêt faunistique, avec plus de 120 espèces animales patrimoniales dont 32 sont déterminantes.

Le Loup (Canis lupus), carnivore forestier déterminant à effectifs limités mais aujourd’hui en légère expansion, est présent dans cette zone avec quatre espèces également déterminantes de chauve-souris, la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, le Murin de Bechstein (Myotis bechsteinii), espèce déterminante, liée aux forêts de feuillus âgées dotées d’un sous-bois dense avec des ruisseaux et des mares, considérée comme rare et menacée, le Petit murin (Myotis blythii), espèce thermophile occupant des cavités souterraines ou bâtis en reproduction et chassant en milieux ouverts et le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations. Les autres mammifères remarquables sont la Genette (Genetta genetta) et plusieurs espèces de chauves-souris comme le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii) et le Vespère de Savi (Hypsugo savii).

Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs représentent un cortège extrêmement riche et diversifié, dominé par les espèces de milieux ouverts ou semi-ouverts : Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Busard cendré (Circus pygargus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Faucon Hobereau (Falco subbuteo), Pigeon colombin (Columba oenas), Guêpier d’Europe (Merops apiaster), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax, dans le Canyon de l’Artuby), Caille des blés (Coturnix coturnix), Outarde canepetière (Tetrax tetrax, principale population reproductrice varoise), Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus), Huppe fasciée (Upupa epops), Moineau soulcie (Petronia petronia), Alouette lulu (Lullula arborea ), Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla), Pie grièche à tête rousse (Lanius senator), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis), Pie-grièche à poitrine rose (Lanius minor), Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Monticole bleu (Monticola solitarius), Pipit rousseline (Anthus campestris), Bruant proyer (Emberiza calandra), Bruant fou (Emberiza cia ) et Bruant ortolan (Emberiza hortulana). Le Petit duc scops (Otus scops), le Grand-duc (Bubo bubo), la Fauvette grisette (Sylvia communis) et la Fauvette orphée (Sylvia hortensis) nichent aussi ici tout comme des espèces typiquement forestières ou montagnardes : Bondrée apivore (Pernis apivorus), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), Gélinotte des bois (Bonasa bonasia), Tétras lyre (Tetrao tetrix), Bécasse des bois (Scolopax rusticola), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Pic noir (Dryocopus martius). Enfin, quelques espèces remarquables liées aux cours d’eau sont présentes comme le Martin pêcheur (Alcedo atthis) ou le Cincle plongeur (Cinclus cinclus).

Du côté des amphibiens remarquables, le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) fréquente les zones humides des plans de Canjuers et de Luby.

Les reptiles sont représentés par l’emblématique Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), espèce déterminante d'Europe occidentale et méridionale, présente en France uniquement en PACA sur les versants et plateaux xériques des Alpes du Sud entre 1 000 et 2 200 m d'altitude et sur la Malay dans le secteur étudié, accompagnée de cinq espèces remarquables, le Lézard ocellé (Timon lepidus) espèce remarquables des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.

L’entomofaune de Canjuers confère à ce secteur un intérêt patrimonial de premier ordre, ceci en relation avec la grande diversité des peuplements et la présence d’un grand nombre d’espèces rares qui trouve ici un refuge à l’abri des pressions exercées par l’activité humaine continue, par exemple la diffusion de pesticides ou la pollution lumineuse. Les cortèges associés aux différents milieux sont exceptionnels.

Il s’y développe notamment deux espèces de criquets déterminants : le rare Criquet hérisson (Prionotropis azami), espèce endémique de quelques pelouses, steppes et rocailles xérothermiques de Provence et le Sténobothre cliqueteur (Stenobothrus grammicus), espèce ibéro-provençal, d'affinité méditerranéo-montagnarde, typique des milieux secs, arides et pierreux, présente ici sur le Malay. Elles sont accompagnées par d’autres espèces d’orthoptères remarquables comme le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), l’OEdipode occitane (Oedipoda charpentieri), criquet d'affinité ouest méditerranéenne et steppique dont le plateau de Canjuers abrite la seule population viable du Var, l'Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), le Sténobothre occitan (Stenobothrus festivus), espèce des pelouses steppiques, le Criquet des Ajoncs (Gomphocerippus saulcyi daimei), sous espèce propre aux Alpes méridionales et répandu au sud jusqu’au Haut Var, donc en limite d’aire dans notre zone, liée aux landes claires, le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), espèce rare et localisée en Provence-Alpes-Côte d'Azur où elle est strictement inféodée aux prairies humides et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole, endémique franco italienne du sud-ouest des Alpes, qui recherche les fentes des rochers, les grottes et autres cavités sombres et humides.

Les lépidoptères sont représentés par de nombreuses espèces. Parmi celle-ci, six sont déterminantes : le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus), dont la sous espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaie claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes (des sainfoins, Onobrychis ssp), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Semi Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales (Corydalis), qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), l'Hespérie de la ballote (Muschampia baeticus), espèce d'affinité ouest méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare) et le Moiré provençal (Erebia epistygne), espèce méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea). Elles sont accompagnées par plusieurs espèces remarquables : l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), la Proserpine (Zerynthia rumina), l’Apollon (Parnassius apollo), la Thécla de l'orme (Satyrium w-album), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), l’Hermite (Chazara briseis), le Louvet (Hyponephele lupina). Citons également quatre espèces remarquables d’hétérocères : la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), rare et vulnérable, d’affinité méridionale et de répartition ouest méditerranéenne, notamment lié aux boisements clairs de chênes pubescents et de hêtres jusqu’à 2 000 m d’altitude et dont la chenille vit sur la Badasse (Dorycnium suffruticosum), la Zygène des gesses (Zygaena nevadensis gallica), espèce peu commune dont la sous-espèce gallica est endémique de Provence et des Préalpes occidentales françaises, la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), d'affinité ibéro-provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte (Bugrane jaune Ononis natrix) et la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), espèce de la famille des bombyx (Lasiocampidés), protégée au niveau européen, globalement rare, sensible aux pesticides, inféodée à divers habitats pré-forestiers tels que les lisières forestières, bocages et friches.

Deux odonates remarquables sont présents dans le périmètre étudié : le Caloptéryx occitan (Calopteryx xanthostoma), espèce ouest-méditerranéen, inféodée aux rivières à eaux claires et le Gomphe vulgaire (Gomphus vulgatissimus), dont les larves se développent de préférence dans les eaux courantes au substrat de fond composé de limon sableux.

Neuf espèces déterminantes de coléoptères sont présentes au sein du périmètre : le Charançon Pleurodirus aequisextanus, espèce rare et localisée de Curculionidés, le staphylin Paramaurops varensis, qui peuple le sol (dite endogée), d’affinité méditerranéenne et endémique des départements du Var et des Alpes-Maritimes où elle est bien répandue, le Ropalope lombard (Ropalopus ungaricus gallicus), Cerambycidae rare, inféodée aux érables, plus rarement aux aulnes et aux frênes, dont sa larve se nourrit du bois, le longicorne Leioderes kollari, espèce saproxylophage dans les petits bois de feuillus, à distribution large mais très morcelée, connu de seulement quelques observations dans le sud de la France, Stictoleptura erythroptera, espèce vivant dans le bois mort des vieux arbres feuillus creux peuplant les forêts matures, très rare en France où ses plus belles populations se trouvent dans le sud-est, le Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce protégée en France, endémique des Préalpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins, et plus localement à plus basse altitude dans des pinèdes humides dans les collines azuréennes, le Carabique Duvalius voraginis, espèce cavernicole très rare, endémique du Var et des Alpes-Maritimes, le Ptérostique de Lasserre (Pterostichus lasserrei), espèce des montagnes provençales et le Pique-prune (Osmoderma eremita), espèce de la famille des cétoines (Cetoniidés), protégée au niveau européen, rare et en régression, inféodée aux vieux arbres dans lesquels sa larve se développe au sein des cavités volumineuses pleines d’humus. D’autres espèces remarquables sont également présentes comme le Purpuricène globuleux (Purpuricenus globulicollis), le longicorne Anaglyptus gibbosus, espèce ouest-méditerranéenne inféodée aux arbres feuillus des boisements thermophiles, Glaphyra marmottani, espèce du nord de la Méditerranée et d'Europe centrale, pyrophile et liée aux forêts naturelles de pins, très localisée en France dans le sud du pays, le Clyte pâle (Trichoferus pallidus), espèce saproxylique d'Europe centrale et méridionale, plutôt commune dans une grande partie de la France mais rare et localisée en PACA où elle n'est connue que des boisements de feuillus des gorges du Verdon et de la vallée du Rhône, le Lepture de Fontenay (Stictoleptura fontenayi), l’Agapanthe de Kirby ou de la molène (Agapanthia kirbyi), le Carabe doré d’Honnorat (Carabus auratus honnorati), sous-espèce protégée en France et endémique du Haut-Var, des montagnes du Vaucluse et des Alpes de Haute Provence, le carabique Laemostenus alpinus, le bousier commun (Scarabaeus laticollis), le géotrupe Trypocopris vernalis, espèce des pelouses et prairies pâturées, sensible aux traitements chimiques antiparasitaires des troupeaux et Euonthophagus gibbosus ou encore le silphide Nicrophorus investigator, espèce nécrophage à distribution paléarctique mais localisée dans les zones de basse altitude, où elle a généralement subi une régression significative.

Du côté des punaises notons la présence de Psacasta tuberculata, espèce déterminante de Pentatomidés, circum-méditerranéenne assez commune en Provence, vivant sur les tiges de Vipérines.

Une espèce remarquable d’araignée mérite également d’être citée : la Lycose de Narbonne (Lycosa tarantula), d'affinité ouest-méditerranéenne qui recherche les pelouses sèches dans lesquelles elle creuse son terrier.

Enfin, citons la présence d’une espèce remarquable de crustacée le Branchiopode Branchipus schaefferi.

Comments on the delimitation

Zone correspondant aux Grand et petit Plans de Canjuers, auquel a été adjoint le Plan de Lagnes, pour des raisons de cohérence des cortèges d’espèces.