ZNIEFF 930020518
LES PENITENTS

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Description

Situé dans l’arrière-pays méditerranéen, au nord du plateau de Valensole, entre l’Asse et la Bléone, ce vaste ensemble est constitué d'une mosaïque de milieux, forêts, milieux cultivés et pelouses. Situé entre 360 et 969m d’altitude, son relief est bombé de collines entaillées par des ruisseaux et des ravins peu profonds. Ceux-ci convergent vers la vallée de la Rancure, orientée est/ouest, qui incise plus profondément ce plateau. 

Géologiquement constitué d’une épaisse couche de formation conglomératique, c’est une succession de bancs de poudingue à galets calcaires d’âge mio-pliocène, avec des intercalations de sables ou de grès et de limons (poudingue de Valensole). Ce vaste épandage de matériaux a été déposé par la Durance, l’Asse et la Bléone durant 10 millions d’années au cours de l’ère tertiaire.

 

Milieux patrimoniaux

Ce site ne possède pas d'habitat déterminant. Un habitat remarquable est cependant présent : les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] présentes ponctuellement. Les espaces ouverts sont délimités par un réseau hydrologique et de petits ravins boisés encore bien préservé, qui occupe une surface importante et joue par ailleurs un rôle essentiel de corridor écologique, notamment pour l’avifaune.

Par ailleurs, localement des pratiques culturales, encore peu intensives, ont permis jusqu’à présent le maintien d’écosystèmes agraires riches en plantes messicoles liées aux moissons et champs cultivés [all. phyto. Caucalion lappulae (82.3)], sur certaines parcelles. Ailleurs des pelouses xérophiles et mésoxérophiles occupant des talus et petits coteaux, ont une valeur patrimoniale élevée, notamment en tant qu’habitat pour l’entomofaune, qui comprend nombre d’insectes remarquables, et pour les populations d’orchidées.

 

Flore

Ce site abrite sept espèces déterminantes, dont une est protégée au niveau national : l'Inule variable (Inula bifrons), inféodée aux terres cultivées en déprise, lisières et broussailles sèches du site. Les autres espèces déterminantes sont : le Bifora testiculé (Bifora testiculata), rare ombellifère messicole des cultures peu intensives, le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius), la Scabieuse étoilée (Lomelosia stellata), inféodée aux garrigues riches en annuelles, la Fléole rude (Phleum paniculatum), la Mâche à piquants (Valerianella echinata), une autre messicole devenue rarissime aujourd’hui, et le Buplèvre de Toulon (Bupleurum ranunculoides subsp. telonense).

Le site compte par ailleurs 3 espèces remarquables, dont une est protégée au niveau national : la Gagée des champs (Gagea villosa), petite liliacée rudérale aux fleurs jaunes, et deux autres non protégées : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia) et le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus).

 

Faune

Le site des Pénitents présente un intérêt faunistique élevé pour la faune. Cinquante-deux espèces animales patrimoniales y ont été recensées, dont quinze sont déterminantes.

Un grand nombre de chauve-souris sont présentes sur le site. La Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid a été captée en déplacement. Le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce déterminante typiquement méditerranéenne et strictement cavernicole présente dans les régions aux paysages karstiques riches en grottes a été observé en période d’hivernation. Le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations occupe des gîtes sur le site en hibernation et en transit. Il a aussi été capté en déplacement en période estivale. Le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce déterminante glaneuse capturant les mouches et araignées, souvent liée aux milieux rivulaires et très stratifiés, utilisant des gîtes variés en reproduction (bâtiments, cavités, ponts) a été observé en gîte en estive. Le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce remarquable de haut vol, aux mœurs rupestres pour ses gîtes et la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière chassant en lisière ont été captés en déplacement sur le site. Le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne se reproduit et hiberne sur le site.

Deux espèces d’oiseaux déterminantes sont nicheuses sur le site : la Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator), espèce des milieux ouverts méditerranéens et le Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce paléoxérique d’affinité méridionale. Ces espèces sont accompagnées d’un cortège nicheur remarquable représenté par l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), espèce forestière peu commune et discrète, la Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace forestier, d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le Pic noir (Dryocopus martius), espèce forestière, la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, la Pie-grièche méridionale (Lanius meridionalis), en déclin dans la région, l'Alouette lulu (Lullula arborea), espèce des paysages ouverts à semi-ouverts, la Fauvette grisette (Sylvia communis), espèce de milieux ouverts buissonnants, actuellement en régression, la Fauvette orphée (Sylvia hortensis), espèce d’affinité méridionale et liée aux milieux arborés clairs, le Pipit rousseline (Anthus campestris), espèce eurasiatique, présente dans la région dans les milieux méditerranéens ouverts et secs, le Bruant proyer (Emberiza calandra), espèce de plaine qui fréquente les milieux ouverts et qui semble en déclin dans la région, le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce de milieux à faible végétation en régression dans la région, le Guêpier d'Europe (Merops apiaster), espèce dont l'évolution des effectifs est difficile à estimer mais qui semble en régression dans la région, l'Œdicnème criard (Burhinus oedicnemus), espèce caractéristique des zones steppiques et des espaces découverts à végétation rase et en forte régression depuis une cinquantaine d'année et la Huppe fasciée (Upupa epops). D’autres oiseaux de passage ou dont le statut mérite d’être confirmé peuvent également être observés : le Busard cendré (Circus pygargus), le Vautour fauve (Gyps fulvus), l'Aigle de Bonelli (Hieraaetus fasciatus), le Rollier d'Europe (Coracias garrulus) pour les déterminants et le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), l'Aigrette garzette (Egretta garzetta) et la Bécasse des bois (Scolopax rusticola) du côté des remarquables.

Les insectes présentent un grand intérêt. Deux espèces de lépidoptères déterminants sont observés sur le site : l'Hespérie de la ballote (Carcharodus baeticus), Hespériidés d'affinité ouest-méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare) et le Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis bellezina), espèce très localisée représentée par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où croît ses plantes nourricières, des Iberis. Cinq espèces remarquables les accompagnent : la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo-asiatique, protégée au niveau européen, localement inféodée à Aristolochia pistolochia et parfois Aristolochia pallida, dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1 300 m d’altitude, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne dont la chenille vit sur l’Aristoloche (Aristolochia pistolochia), l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce d’affinité ouest-méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la principale plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum) et le Bombyx du cyprès (Pachypasa limosa), espèce méditerranéenne liée aux cyprès et genévriers.

Les orthoptères sont représentés par une espèce remarquable : le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), espèce ouest-méditerranéenne dont la sous-espèce provincialis est endémique du sud de la France, qui peuple les pentes rocailleuses et pelouses sèches sur les reliefs exposés.

Une espèce déterminante de punaise est également à signaler sur le site : la Réduve Coranus pericarti.

Du côté des coléoptères deux espèces remarquables sont présentes : l’Elateridae Brachygonus bouyoni et le Purpuricène globuleux (Purpuricenus globulicollis), longicornes (Cerambycidés) dont la larve affectionne le bois des branches terminales de feuillus, surtout des érables.

Enfin, la présence d’un isopode remarquable est à signaler : le cloporte Porcellio laevis.

Il est également important de signaler que cinq espèces d’arthropodes sont historiquement connues du site : la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea) et la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), deux espèces non revues depuis 1960, la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax) observée pour la dernière fois en 1953, l’Agapanthie de Kirby (Agapanthia kirbyi), non revue depuis les années 1950 et enfin l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes) dont la dernière mention date de 1905.

Comments on the delimitation

Un ensemble d’habitats remarquables et de populations d’espèces animales et végétales de très forte valeur patrimoniale caractérisent ce site. Ses limites s’appuient à l’ouest sur la plaine agricole alluviale située entre Oraison et Malijai. La Bléone marque la limite au nord et l’Asse celle au sud. Enfin, la limite s’est appuyée sur le torrent de Saint-Jeannet et la D8 entre le hameau d’Espinouse et celui de Lambruissier.