Description
Cette ZNIEFF se situe dans le Parc national du Mercantour. Le mont Bégo, composé de conglomérats permiens, surplombe la vallée des Merveilles et culmine à 2 876 m d’altitude. Les paysages sont essentiellement minéraux et de nombreux lacs d’altitudes se trouvent dans sa partie sud.
FloreLe massif du Mont Bego présente une richesse biologique exceptionnelle au carrefour de plusieurs domaines biogéographiques : arctique, alpin, euro sibérien, eurasiatique, méditerranéen. Le taux d'endémisme des espèces et des groupements y est très élevé.
Les nombreux ruisseaux de l'étage subalpin sont bordés par des mégaphorbiaies bien développées de l'Adenostylion alliariae, qui comprennent des espèces endémiques ou en limite d'aire comme le Séneçon de Balbis (Tephroseris balbisiana) ou encore le Cirse des montagnes (Cirsium alsophilum). On peut observer en tête des bassins et en bordure de lac des bas-marais acides à Laîche noire (Carex nigra) du Caricion fuscae qui abritent des espèces rares comme la Laîche courte (Carex curta) et diverses espèces de sphaignes (Sphagnum angustifolium, S. auriculatum, S. capillifolium, S. contortum, S. magellanicum, S. platyphyllum, S. recurvum, S. teres). Les parois rocheuses siliceuses subalpines à alpines sont colonisées par une végétation se rattachant à deux associations (Silenetum cordifoliae et Saxifragetum pedemontanae) caractérisées par des espèces endémiques du massif de l'Argentera : le Silène à feuilles en cœur (Silene cordifolia), la Saxifrage à fleurs nombreuses (Saxifraga florulenta). Les lacs alpins sont colonisés par des peuplements de Rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium) du Littorellion uniflorae. L'étage alpin comprend de nombreuses combes à neiges silicicoles, avec l'association répandue du Salicetum herbaceae.
FauneDans cette zone, 35 espèces d’intérêt patrimonial ont été inventoriées, dont 8 sont déterminantes.
Trois mammifères d’intérêt patrimonial fréquente ce site, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1 200 et 3 100 m d’altitude.
Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, sont représentés par une espèce déterminante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, et plusieurs espèces remarquables : l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), espèce peu commune et discrète, l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m, la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, le Tétras lyre (Lyrurus tetrix), espèce assez rare, en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m, l'Alouette lulu (Lullula arborea), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Bruant fou (Emberiza cia), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce de milieux à faible végétation en régression dans la région, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts, le Pipit rousseline (Anthus campestris), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléo-montagnarde caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), le Pic noir (Dryocopus martius), ou encore le Torcol fourmilier (Jynx torquilla).
Un amphibien remarquable est également présent : le Spélèrpes de Strinati (Speleomantes strinatii), espèce d'urodèle endémique de l'extrémité est des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes et du nord-ouest de la Ligurie qui apprécie les affleurements rocheux humides et les cavités (grottes, avens, etc.).
La faune entomologique est représentée par plusieurs cortèges.
Les lépidoptères d’intérêt patrimonial sont représentés par le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude.
Les orthoptères sont représentés par deux espèces déterminantes, le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous-espèce endémique de Haute-Provence et des Alpes du sud, l'Analote ligure (Anonconotus ligustinus), sauterelle aux ailes atrophiées, présente en France uniquement dans les Alpes-Maritimes et une espèce remarquable, le Sténobothre alpin (Stenobothrus rubicundulus), espèce présente dans la Péninsule balkanique et les Alpes, qui affectionne les milieux secs et pierreux à haute altitude.
Une espèce déterminante d’odonate a également été inventoriée : la Cordulie alpestre (Somatochlora alpestris), espèce très rare et menacée en Provence-Alpes-Côte d'Azur, d'affinité boréo-alpine, dont la larve se développe dans les marais et tourbières d'altitude.
Enfin, deux espèces de mollusques déterminantes ont été inventoriées sur le site : le Maillot de Caziot (Chondrina megacheilos), espèce protégée en France, très localisée des Alpes méridionales françaises (Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes), entre 1 000 et 1 500 m d’altitude, et Pupilla alpicola et la Fausse-veloutée du Mercantour (Urticicola mounierensis), espèce polytypique déterminante, endémique de l'Ubaye et du Mercantour qui, comme la plupart des espèces de son genre, fréquente les éboulis calcaires à l'étage subalpin ou alpin, accompagnées de deux espèces remarquables, le Maillot des rochers (Pupilla sterrii), espèce localisée dans le Jura et les Alpes, liées aux milieux montagnards orientaux de la région et vivant dans les habitats rocailleux et ensoleillés et le Maillot des Alpes (Pupilla alpicola), distribué dans les Alpes, les Carpates et l’Altaï, relique glaciaire et vivant dans les zones humides calcaires d'altitude.
Cette ZNIEFF englobe une partie du socle permien gréseux du massif du Mercantour, autour du mont Bégo.