La polychète Sabellaria spinulosa (Leuckart, 1849) vit dans un tube construit à partir de mucus, de sable et de fragments coquilliers en milieu subtidal. Trouvée localement à de fortes densités, elle forme des structures récifales se présentant sous deux formes : les placages sur roche (au moins 50 % de recouvrement du substrat) et les récifs sur substrat mixte (au moins 30 % de recouvrement du substrat). Ces structures, où la densité de S. spinulosa peut atteindre plusieurs milliers d’individus par mètre carré et pouvant mesurer jusqu’à 60 cm de haut et couvrir plusieurs hectares, sont rares. Les récifs de Sabellaria spinulosa, en stabilisant la structure sédimentaire et en créant une structure tridimensionnelle, constituent un habitat pour de nombreuses espèces et un hot-spot de biodiversité. L’espèce n’est pas rare mais la construction biogénique l’est sûrement. Ces récifs s’établissent dans des zones circalittorales où l’effort d’échantillonnage est assez faible et leur établissement est donc peu signalé. Dans le cadre d’OSPAR, les récifs à Sabellaria spinulosa sont renseignés comme présents sur les côtes françaises mais sans localisation précise. Ces récifs sont inscrits sur la liste OSPAR des espèces et des habitats menacés et/ou en déclin (Hily et Kerninon, 2012).
Le large de la Manche est peu étudié : il a fait l'objet d'une radiale à la limite des eaux françaises et anglaises dans le projet européen CHARM 3 lors des campagnes VideoCHARM en 2010 et 2011. Ces missions océanographiques ont permis de mettre en évidence quelques uns de ces récifs d’hermelles subtidaux sur substrats durs. Il s'agit ici de placages sur roche avec des abondances d’environ 100 ind/m². Hormis les Sabellaria spinulosa, on trouve d’autres polychètes comme Harmothoe spp, Lumbrineris gracilis, Notomastus latericeus, Syllis armillaris, Thelepus setosus et Websterinereis glauca ainsi que Polygordius triestinus. Parmi les crustacés, on peut citer l’amphipode Tritaeta gibbosa et le crabe Pisidia longicornis. A noter également la présence d’un mollusque particulier : Musculus discors. Un suivi régulier de ces bioconstructions permettrait de mieux caractériser leur surface et leur tridimensionnalité.
Cette ZNIEFF-Marine est constituée de deux entités : elle est donc polynucléaire.