Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Cet habitat regroupe deux types de milieux herbacés humides rares colonisant le bord des torrents et rivières froides. Si les premiers ne se rencontrent en France que dans les étages alpin et subalpin du massif alpin, les seconds, également très localisés, préfèrent les rives des fleuves froids et lents des étages collinéen et montagnard inférieur.
Les différents groupements appartenant aux formations alpines et subalpines présentent de grandes similitudes physionomiques liées à la dominance des Laiches et Joncs de petite taille et sont floristiquement très proches. Ils présentent toutefois entre eux des faciès de transition qui rendent leur identification précise délicate.
Les formations collinéennes à Petite massette (Typha minima) présentent une physionomie et une composition floristique très différentes des précédentes, notamment du fait de la présence de la Petite massette absente des formations alpines et subalpines.
Les groupements pionniers des bords de torrents alpins constituent des gazons courts et plus ou moins clairsemés essentiellement constitués de Joncs et de petites cypéracées. Ils colonisent les abords de torrents, de sources ou de petits plans d’eau, alimentés par des eaux froides et généralement alcalines. L’existence de phénomènes géomorphologiques de régénération qui renouvellent périodiquement le milieu semble nécessaire au maintien de ces groupements à caractère pionnier dans la mesure où ils bloquent leur évolution vers la pelouse.
C’est pourquoi ces groupements sont particulièrement vulnérables aux aménagements susceptibles d’affecter les caractéristiques du relief et les conditions hydrologiques du bassin versant. L’isolement des stations et la rareté des espèces qui les constituent rendent très aléatoire la recolonisation d’une station après sa destruction.
Les communautés à Petite massette sont également des formations pionnières, liées cette fois aux berges et aux zones de divagation des rivières aux étages collinéen et montagnard inférieur. La physionomie de cette association est donnée par la Petite massette qui, grâce à ses rhizomes, forme des tapis herbacés parfois denses. Le Typhetum minimae se rencontre sur les berges recouvertes d’alluvions fines et soumises à des inondations régulières lors des crues. Ces dernières participent au renouvellement de l’habitat et bloquent son évolution vers des formations arbustives ou boisées. La régulation des cours d’eau et les aménagements divers dont ils font l’objet détruisent ou malmènent le fonctionnement naturel de l’hydrosystème et limitent la conservation dans un état favorable du Typhetum minimae.
Compte tenu des différences stationnelles et floristiques, chacun de ces grands types de communautés fait l’objet d’une fiche. L’habitat est donc décliné en 2 habitats élémentaires :
- 7240-1, présents aux étages alpin et subalpin supérieur des Alpes ;
- 7240-2.
Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)
BRAUN-BLANQUET J., 1967.- Une association boréo-arctique nouvelle pour les Alpes françaises, le Kobresietum simpliciusculae. Contributii Botanice, Cluj, 4 : 47-52. [Comm. SIGMA, 175].
BRESSOUD B. & TROTEREAU A., 1984.- Le Caricion bicolori-atrofuscae, alliance artico-alpine, dans les marais du massif de la Vanoise et des régions limitrophes. Travaux scientifiques du parc national de la Vanoise, 14 : 9-47.
BRESSOUD B., 1986.- Chorologie, écologie et sociologie du Caricion maritimae dans les Alpes. Thèse, université de Lausanne, 267 p.
BRESSOUD B., 1989.- Contribution à la connaissance du Caricion atrofusco-saxatilis dans les Alpes. Phytocoenologia, 17 (2) : 145-270.
BRUNEAU C., 1996.- Le Caricion bicolori-atrofuscae en Savoie : foncier, usages, propositions de suivi. Rapport de DESS « Montagne », université de Chambéry/Programme Life « Tourbières ». Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie, document interne, 61 p.
DELAHAYE Th., 1996.- Le Caricion bicolori-atrofuscae dans le département de la Savoie. Bulletin trimestriel de la Fédération mycologique Dauphiné-Savoie, 1996 : 24-29.
DELARZE R., GONSETH Y. & GALLAND P., 1998.- Guide des milieux naturels de Suisse. Écologie, menaces, espèces caractéristiques. Delachaux & Niestlé, Lausanne, 413 p.
DIERSSEN K. & DIERSSEN B., 1985.- Corresponding Caricion bicolori-atrofuscae communities in western Greenland, northern Europe and the central European mountains. Vegetatio, 59 : 151-157.
POLIDORI J.-L. & POLIDORI C., 1997.- Précisions sur la répartition d’espèces arctico-alpines rares des bas-marais de la Haute-Tinée (parc national du Mercantour) et des régions limitrophes. Le monde des plantes, 460 : 10-13.
QUITTARD J.-Ph., 1999.- Protocole de suivi phyto-écologique et état initial des stations de Caricion bicoloris-atrofuscae du parc national de la Vanoise. Rapport de DESS « Génie écologique », université Paris XI-Orsay. Parc national de la Vanoise, document interne, 42 p.
WERNER P., 1998 - Essais de réintroduction de la petite massette, Typha minima, sur le Rhône de Finges, VS. Bulletin de la Murithienne, 116 : 57-67.