F61-08 - Anthelio juratzkanae-Salicetum herbaceae Braun-Blanq. 1948

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Végétation occupant typiquement les cuvettes accumulant la neige à déneigement tardif en été, ainsi que les versants peu à moyennement inclinés fortement masqués du soleil, sur des sols relativement évolués, issus de roche mère siliceuse, à engorgement souvent long en période de végétation (s’asséchant rarement), à couche supérieure humifère noire, très riche en matière organique, à l’étage alpin moyen et supérieur (entre 2300 et 2800 m principalement).

Nom cité du syntaxon

Anthelio juratzkanae - Salicetum herbaceae Braun‑Blanq. 1948 (La végétation alpine des Pyrénées orientales… : 83).

Type nomenclatural

lectoypus nominis désigné ici, Rel. 8 du tab. 9 in Braun‑Blanquet 1948 (La végétation alpine des Pyrénées orientales… : tab. h.t.).

Physionomie

Végétation formant un gazon dru, plus ou moins continu et vert sombre, dominé par les tapis de petites feuilles rondes du saule herbacé émergeant directement du sol, fréquemment superposés à des tapis denses bryophytiques vert terne ou noirâtres (Polytrichum juniperinum, Anthelia juratzkana…), paucispécifique (une dizaine de taxons de flore vasculaire en moyenne), formant parfois des bourrelets concentriques à cause des phénomènes de solifluxion.

Combinaison caractéristique d'espèces

Salix herbacea, Gnaphalium supinum, Sibbaldia procumbens, Sagina saginoides, Carex pyrenaica.

Variations

- typicum, modale, acidiphile ;
- ranunculetosum alpestris Rivas‑Mart., Báscones, T.E. Díaz, Fern.Gonz. & Loidi 1991 (Itin. Geobot. 5 : 354) ; basée sur seulement 2 relevés, cette sous‑association qui pourrait faire la transition avec l’association basiphile du Salici herbaceae - Ranunculetum alpestris est pour le moment mal caractérisée ; elle pourrait être différenciée par Ranunculus alpestris, Soldanella alpina, Festuca glacialis, mais d’autres relevés devraient être réunis ;
- la sous‑association thalictretosum alpinae Carrillo & Vigo in Carrillo & Ninot 1992 (Flora i vegetació de les valls d’Espot I de Boí I… : 246) est basée sur trois relevés réalisés sur roche calschisteuse, et repris avec deux autres relevés in Vigo & Masalles (1996), dont aucun n’appartient à notre avis aux Salicetalia herbaceae, dont ils n’ont quasiment aucun taxon caractéristique, mais aux Arabidetalia caeruleae, dont ils possèdent de nombreux taxons caractéristiques et différentiels (Carex parviflora, Ranunculus alpestris, Persicaria vivipara, Thalictrum alpinum, Silene acaulis, Trifolium thalii, Botrychium lunaria, Gentiana nivalis…) ; elle est selon nous à rapprocher d’une forme appauvrie du Salici herbaceae - Ranunculetum alpestris arenarietosum purpurascentis (voir F61‑04).

Synchorologie

- territoires d’observation : étage alpin siliceux des Pyrénées orientales et centrales ;
- sous‑associations ou variantes géographiques : ‑.

Axes à développer

Compréhension du déterminisme différentiel avec le Primulo integrifoliae - Salicetum herbaceae (voir F61‑09) ; meilleure caractérisation de la sous‑association ranunculetosum alpestris.

Remarques

La caractérisation partielle de cette association par des bryophytes chionophiles faite par Braun‑Blanquet (1948) est problématique à plusieurs titres : (i) les communautés bryophytiques ont été très inégalement relevées par les auteurs, (ii) les relevés de bryophytes, lorsqu’ils sont présents, sont effectués dans la plupart des cas par des botanistes non bryologues et posent des problèmes qualitatifs importants, (iii) l’espace vital et donc la surface des communautés homogènes de bryophytes à relever peuvent être très différents de celle des plantes vasculaires, les premières réagissant à des variations microstationnelles plus fines que les dernières ; pour ces raisons, les bryophytes ont été évacuées dans le traitement de nos données et, quoi qu’il en soit, le seul tableau original de l’Anthelio - Salicetum herbaceae de Braun‑Blanquet (1948), de même que nos observations personnelles sur le terrain montrent que ces communautés se comportent de façon indépendantes et doivent donc être étudiées séparément (voir aussi le commentaire sur le Polytrichetum sexangularis, F61‑15) ; ainsi, on trouve dans certaines combes à neige à enneigement et engorgement particulièrement longs, dont la végétation relève de l’Anthelio - Salicetum herbaceae, mais aussi de plusieurs autres associations végétales des Salicetalia herbaceae, des communautés bryophytiques typiques à Anthelia juratzkana et parfois même Polytrichum sexangulare, alors que d’autres combes à neige, dont les végétations vasculaires relèvent des mêmes associations, en sont dépourvues.

Bibliographie

 Corriol G. & Mikolajczak A., 2014. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Salicetea herbaceae Braun‑Blanq. 1948. J. Bot. Soc. Bot. France, 68 : 15-49. (Source)

Braun‑Blanquet J., 1948

Carrillo E. & Ninot J. M., 1992

Nègre R., 1972

Rivas‑Martínez S. et al., 1991, 2002

Rivas‑Martínez S., 1969

Vigo J. & Masalles R.M., 1996.