41.4 - Forêts des reliefs multi-convexes et vallées jointives à Lecythidaceae et Caesalpinioideae

Catalogue des habitats forestiers de Guyane (Guitet et al., 2015)

Description et situation dans le paysage

Ces reliefs sont constitués d’une juxtaposition de collines plus ou moins marquées et de petits plateaux entaillés par un réseau hydrographique dense. Ils sont essentiellement situés dans le nord-ouest de la Guyane le long du synclinorium nord et couvrent une grande variété de substrats. Vers l’est, ils réduisent peu à peu leur emprise une fois passé le bassin du Sinnamary. Ils peuvent aussi se rencontrer de façon plus marginale dans le haut Approuague, sur la basse Waki et sur les bords de l’Oyapock entre Camopi et Trois-Saut. Sur les reliefs multi-convexes les plus marqués, les collines sont de tailles et de formes irrégulières comprenant quelques petites « montagnes » relictuelles préservées de l’érosion par des cuirasses latéritiques ou des roches très résistantes (filons de dolérites ou de quartzites). Les collines deviennent moins marquées et plus régulières en périphérie du synclinorium particulièrement dans l’Ouest guyanais. Les paysages de vallées jointives constituent la frange nord des reliefs multi-convexes encadrant les basses vallées de grands fleuves (Mana, Iracoubo, Kourou et Comté). Le réseau hydrographique s’y densifie, morcelant encore plus les reliefs en petites collines.

Correspondance CORINE Biotopes

46.4111x

Correspondance CORINE Land Cover

331 majoritaire et 332

Conditions stationnelles

Sols dominants : acrisols à drainage ralenti ou superficiel.
Acrisols : texture : argile 25-45%, sable 40-60% « ventre d’argile » ; composition : MO : 2-4.5% en surface ; P total : 50-200 ppm ; CEC : 6-8 cmolc/kg ; aspect : profil hétérogène de jaune à rouge, parfois tâché; horizon profond souvent plus limoneux.

Ces paysages extrêmement complexes présentent une véritable mosaïque de sols sur des substrats de nature et de composition par ailleurs très variables. Ce sont cependant les acrisols qui dominent la couverture pédologique. Ils sont caractérisés par une augmentation de la teneur en argile dans l’horizon sub-superficiel, formant un « ventre d’argile ». Généralement, l’horizon supérieur est plus sableux et l’horizon inférieur est plus limoneux et parfois sec au toucher même en saison des pluies. Cette hétérogénéité texturale est souvent à l’origine d’un drainage latéral superficiel qui peut aboutir à des conditions d’engorgement temporaire. À cette hétérogénéité texturale est associée une variation de la couleur : jaune en surface et rouge en profondeur, avec parfois des transitions brutales et des horizons intermédiaires plus pâles. Outre leur caractère contraignant en termes d’engorgement, ces sols sont globalement très pauvres chimiquement.

Ces acrisols se forment à la faveur d’une reprise d’érosion : l’enfoncement du réseau hydrographique entraîne mécaniquement une déstabilisation des versants et un amincissement des horizons supérieurs sur les pentes. Ce front progresse le long des versants jusqu’à atteindre le sommet des reliefs. On parle de système transformant. Cette dynamique explique l’étagement observable des sols sur les collines en fonction du dénivelé local :
- En dessous de 26 m les acrisols à drainage latéral superficiel dominent ;
- Au-dessus de ce seuil les acrisols à drainage ralenti prennent le dessus ;
- Sur les plateaux résiduels, au-dessus de 40 m, on peut retrouver des ferralsols profonds.

Structure et physionomie forestière

La hauteur de canopée est limitée entre 30 et 35 m et ouverte par de nombreux petits chablis. Avec plus de 210 arbres de plus de 20 cm de diamètre, la densité du peuplement est assez forte et les petites tiges relativement abondantes (120 à 140 tiges/ha). La surface terrière des peuplements varie significativement entre les reliefs les plus accidentés (23 m²/ha) et les plus modérés (26 m²/ha). Moins de 7% des surfaces forestières de ce type ont été perturbées au cours de ces 50 dernières années, majoritairement par l’exploitation forestière et très secondairement par l’activité minière et les abattis anarchiques. Du fait de leur proximité avec la plaine côtière et leur accessibilité depuis les principaux centres urbains, malgré leur relief difficile et leur sols fragiles, les forêts des vallées jointives situées autour des basses vallées fluviales paient le plus lourd tribut avec 24% de surface perturbée. Ce ratio ne dépasse pas 10% pour les autres habitats de ce groupe.

Composition taxonomique

Essences forestières : Ces habitats forestiers peuvent être qualifiés de forêts à Lecythidaceae et Caesalpinioideae considérant la dominance de ces deux faciès forestiers sur ces types de reliefs. Ces deux clades dominants sont accompagnés par une forte proportion de Faboideae, excepté dans les vallées. Ces trois catégories représentent 39 à 47% du nombre de tiges du peuplement contre 14 à 38 % pour les autres habitats.

Flore du sous-bois : Le sous-bois est dense et peu riche en palmiers, excepté sur les reliefs multi-convexes les moins prononcés faisant transition avec les plateaux. Les Rapateaceae des genres Spathanthus et Rapatea sont fréquents (10-30% des relevés) et sont de bons indicateurs des sols les moins bien drainés.

Faune : La communauté faunistique associée est globalement caractérisée par l’abondance de capucins blancs (Cebus olivaceus) et d’agoutis (Dasyprocta leporina) relativement plus élevée que dans les autres formations. Inversement les pécaris à collier (Pecari tajacu) ainsi que les marails (Penelope marail) semblent « éviter » ce genre de milieu.

Enjeux de biodiversité

NR

Enjeux de production de bois

NR

Enjeux biomasse et carbone

NR

Enjeux de protection des sols et des paysages

NR

Fréquence du type forestier

22%

Protection du type forestier

10%

Intégration dans les ZNIEFF de type 1

2%

Intégration dans les ZNIEFF de type 2

10%

Bibliographie

 Guitet S., Brunaux O., de Granville J. J., Gonzalez S. & Richard-Hansen C., 2015. Catalogue des habitats forestiers de Guyane. DEAL Guyane, 120 p. (Source)