Catalogue des habitats forestiers de Guyane (Guitet et al., 2015)
Date de mise à jour du jeu de données
04/01/2017
Auteurs de la typologie
Stéphane Guitet (Institut national de la recherche agronomique - Office national des forêts), Olivier Brunaux (Office national des forêts), Jean-Jacques de Granville, Sophie Gonzales (Institut de recherche pour le développement), Cécile Richard-Hansen (Office national de la chasse et de la faune sauvage)
Auteurs de la table
Rémy Poncet (UMS PatriNat, AFB-CNRS-MNHN)
Territoire(s) concerné(s)
Guyane
Organisme responsable
Office national des forêts
Langue d'origine des données
FR
Contexte
Le catalogue des habitats forestiers de Guyane résulte d’un travail collaboratif mené entre des instituts de recherche (UMR EcoFoG, Amap, Geode, IRD, INRA, CIRAD) et des organismes de gestion et de conservation des milieux naturels de Guyane (ONF, ONCFS, Parc Amazonien de Guyane) débuté en 2006 avec le programme « Paysage et biodiversité en forêt guyanaise » (2006-2010) et poursuivi avec le programme « Habitats » (2010-2012). Les auteurs font évoluer la typologie de 2001 (Hoff) concernant les habitats forestiers pour lesquels ils proposent une nouvelle classification comprenant 41 types imbriqués hiérarchiquement dans trois niveaux : Habitats génériques > Habitats principaux > Habitats particuliers (par ex. : 41.2 Forêts de la plaine côtière > 41.22 Forêts côtières des terres hautes > 41.22r Forêts littorales sur rochers). Ces habitats font l'objet de fiches descriptives, à l'exception des types 41.11f (Marécage boisé à palmiers-bâches) et 41.11m (Forêt marécageuse à moutouchi).
Description du travail
Mise en table de la publication "Catalogue des habitats forestiers de Guyane". Les habitats particuliers 41.--c (Forêts sur cuirasse), 41.--i (Forêts sur inselberg et savane-roche), 41.--q (Forêts sur quartzites) et 41.--s (Forêts sur saprolite superficielle) peuvent concerner tout ou partie de plusieurs habitats principaux : 41.4 à 41.6. Dans la table de données, ils ont été regroupés dans une unité baptisée "Habitats particuliers transversaux", mais leur déclinaison pour chaque habitat principal concerné a également été individualisée. Par exemple, pour l'habitat particulier 41.--c, 8 postes typologiques ont été créés : 41.41c, 41.42c, 41.43c, 41.44c, 41.51c, 41.52c, 41.53c, 41.61c. Le descriptif de ces 4 habitats particuliers (41.--c, etc.) est générique et n'a pas été adapté aux habitats principaux concernés. De ce fait, dans les postes typologiques créés apparaissent à la fois les informations liées à l'habitat principal et de l'habitat particulier. Par exemple, le descriptif de l'habitat 41.41c reprend celui de l'habitat principal 41.41 et de l'habitat particulier 41.--c.
Origine du jeu de données
Fichier créé par Rémy Poncet (UMS PatriNat).
Références bibliographiques
Guitet S., Brunaux O., de Granville J.-J., Gonzalez S. & Richard-Hansen C., 2015. Catalogue des habitats forestiers de Guyane. DEAL Guyane, 120 p.
Hoff M., 2001. Liste des habitats naturels de Guyane. http://herbier.unistra.fr/flore-et-vegetation-doutre-mer/flore-et-vegetation-de-guyane/code-corine-biotopes-de-guyane-francaise/
Référencement
Guitet S., Brunaux O., de Granville J.-J., Gonzalez S. & Richard-Hansen C., 2015. Catalogue des habitats forestiers de Guyane. DEAL Guyane, 120 p. Mise en table : UMS PatriNat / INPN, janvier 2017.
Description et situation dans le paysage
Cf. 41.43 : Ce paysage est constitué par une succession de collines de forme simple arrondie et régulière avec un dénivelé moyen de l’ordre de 50 m sur lequel les acrisols à tendance limoneuse dominent très largement.
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : Les cuirasses constituées d’oxyde de fer (cuirasse ferrugineuse) et/ou d’aluminium (bauxite), se rencontrent généralement autour de 90 m, 200 m, 400 m ou 800 m d’altitude préférentiellement dans des forêts de montagne (41.61) ou de collines irrégulières (41.42). Ces cuirasses se sont formées il y a plusieurs millions d’années à la faveur de plusieurs épisodes climatiques favorables (40-50 Ma – 13 Ma – 5-10 Ma) et préférentiellement sur des reliefs plats propices à l’hydromorphie, favorisant la dissolution et la précipitation des oxydes [1]. Les horizons épais et indurés ont ensuite été dégagées par l’érosion puis ont protégé les substrats sous-jacents pour former des massifs plus ou moins élevés et tabulaires (montagnes tabulaires d’Itoupé, de Lucifer, de Kaw, etc.) par le phénomène "d'inversion de relief".
Conditions stationnelles
Cf. 41.4 : Sols dominants : acrisols à drainage ralenti ou superficiel.
Acrisols : texture : argile 25-45%, sable 40-60% « ventre d’argile » ; composition : MO : 2-4.5% en surface ; P total : 50-200 ppm ; CEC : 6-8 cmolc/kg ; aspect : profil hétérogène de jaune à rouge, parfois tâché; horizon profond souvent plus limoneux.
Ces paysages extrêmement complexes présentent une véritable mosaïque de sols sur des substrats de nature et de composition par ailleurs très variables. Ce sont cependant les acrisols qui dominent la couverture pédologique. Ils sont caractérisés par une augmentation de la teneur en argile dans l’horizon sub-superficiel, formant un « ventre d’argile ». Généralement, l’horizon supérieur est plus sableux et l’horizon inférieur est plus limoneux et parfois sec au toucher même en saison des pluies. Cette hétérogénéité texturale est souvent à l’origine d’un drainage latéral superficiel qui peut aboutir à des conditions d’engorgement temporaire. À cette hétérogénéité texturale est associée une variation de la couleur : jaune en surface et rouge en profondeur, avec parfois des transitions brutales et des horizons intermédiaires plus pâles. Outre leur caractère contraignant en termes d’engorgement, ces sols sont globalement très pauvres chimiquement.
Ces acrisols se forment à la faveur d’une reprise d’érosion : l’enfoncement du réseau hydrographique entraîne mécaniquement une déstabilisation des versants et un amincissement des horizons supérieurs sur les pentes. Ce front progresse le long des versants jusqu’à atteindre le sommet des reliefs. On parle de système transformant. Cette dynamique explique l’étagement observable des sols sur les collines en fonction du dénivelé local :
- En dessous de 26 m les acrisols à drainage latéral superficiel dominent ;
- Au-dessus de ce seuil les acrisols à drainage ralenti prennent le dessus ;
- Sur les plateaux résiduels, au-dessus de 40 m, on peut retrouver des ferralsols profonds.
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : Les sols sur cuirasse de moins de 50 cm de profondeur sont qualifiés de plinthosols. Lorsque la cuirasse apparaît plus profondément ou a été partiellement démantelée permettant la prospection des racines à plus de 50 cm, on est en présence de ferralsols pétroplinthiques ou plinthiques. Le drainage peut être plus ou moins bloqué sur les cuirasses massives et devient extrêmement variable localement.
Structure et physionomie forestière
Cf. 41.4 : La hauteur de canopée est limitée entre 30 et 35 m et ouverte par de nombreux petits chablis. Avec plus de 210 arbres de plus de 20 cm de diamètre, la densité du peuplement est assez forte et les petites tiges relativement abondantes (120 à 140 tiges/ha). La surface terrière des peuplements varie significativement entre les reliefs les plus accidentés (23 m²/ha) et les plus modérés (26 m²/ha). Moins de 7% des surfaces forestières de ce type ont été perturbées au cours de ces 50 dernières années, majoritairement par l’exploitation forestière et très secondairement par l’activité minière et les abattis anarchiques. Du fait de leur proximité avec la plaine côtière et leur accessibilité depuis les principaux centres urbains, malgré leur relief difficile et leur sols fragiles, les forêts des vallées jointives situées autour des basses vallées fluviales paient le plus lourd tribut avec 24% de surface perturbée. Ce ratio ne dépasse pas 10% pour les autres habitats de ce groupe.
Acrisols : texture : argile 25-45%, sable 40-60% « ventre d’argile » ; composition : MO : 2-4.5% en surface ; P total : 50-200 ppm ; CEC : 6-8 cmolc/kg ; aspect : profil hétérogène de jaune à rouge, parfois tâché; horizon profond souvent plus limoneux.
Ces paysages extrêmement complexes présentent une véritable mosaïque de sols sur des substrats de nature et de composition par ailleurs très variables. Ce sont cependant les acrisols qui dominent la couverture pédologique. Ils sont caractérisés par une augmentation de la teneur en argile dans l’horizon sub-superficiel, formant un « ventre d’argile ». Généralement, l’horizon supérieur est plus sableux et l’horizon inférieur est plus limoneux et parfois sec au toucher même en saison des pluies. Cette hétérogénéité texturale est souvent à l’origine d’un drainage latéral superficiel qui peut aboutir à des conditions d’engorgement temporaire. À cette hétérogénéité texturale est associée une variation de la couleur : jaune en surface et rouge en profondeur, avec parfois des transitions brutales et des horizons intermédiaires plus pâles. Outre leur caractère contraignant en termes d’engorgement, ces sols sont globalement très pauvres chimiquement.
Ces acrisols se forment à la faveur d’une reprise d’érosion : l’enfoncement du réseau hydrographique entraîne mécaniquement une déstabilisation des versants et un amincissement des horizons supérieurs sur les pentes. Ce front progresse le long des versants jusqu’à atteindre le sommet des reliefs. On parle de système transformant. Cette dynamique explique l’étagement observable des sols sur les collines en fonction du dénivelé local :
- En dessous de 26 m les acrisols à drainage latéral superficiel dominent ;
- Au-dessus de ce seuil les acrisols à drainage ralenti prennent le dessus ;
- Sur les plateaux résiduels, au-dessus de 40 m, on peut retrouver des ferralsols profonds.
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : Les forêts sur cuirasse se caractérisent essentiellement par une forte modification de la structure du peuplement forestier sans franche transformation de la composition forestière locale : baisse importante de la hauteur de canopée (20-25 m), ouverture fréquente du couvert à la faveur d’affleurements, quasi disparition des palmiers de sous-bois (<60 pieds/ha), baisse importante de la densité des gros et très gros bois (<15 tiges/ha) et chute de la surface terrière (<17 m²/ha). Les enlianements forment par endroit des masses inextricables, d’où l’appellation souvent employée pour ce type de « forêts de lianes ».
Composition taxonomique
Cf. 41.43 : Cet habitat apparaît comme un type intermédiaire entre les reliefs multi-convexes irréguliers très chaotiques (type B) et les reliefs multi-convexes peu marqués en transition avec les plateaux (type I). Il présente de ce fait une structure forestière sans grande originalité tant en canopée qu’en sous-bois mis à part l’abondance de petits bois (130 tiges/ha).
Cet habitat partage les mêmes tendances que les forêts sur collines irrégulières (41.42) en termes d’abondance des mahos noirs (Eschweilera spp.) et du wapa (Eperua falcata). Cependant il en diffère par la présence de plusieurs espèces secondaires relativement abondantes comme l’amourette (Brosimum guianense), le moutouchi montagne (Paramachaerium ormosioides), ou le grignon franc (Sextonia rubra). L’angélique (Dicorynia guianensis) commence aussi à bien s’implanter dans cet habitat, tendance partagée avec les forêts des collines peu élevées (41.44). Les Faboideae y sont aussi significativement plus abondantes que sur les autres forêts de terre ferme. Les rongeurs comme les agoutis (Dasyprocta leporina) et les acouchis (Myoprocta acouchi) sont abondants dans ce type de forêts qui abritent aussi de bonnes populations de tinamous (Tinamus major et Crypturellus sp.).
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : Essences forestières : Bien que la composition ne soit pas franchement modifiée par la cuirasse, on observe cependant une proportion plus importante de Sapotaceae (@18%) et notamment du balata franc (principalement Manilkara bidentata). Ce fait constaté par Paget (1999) sur Montagne Plomb [2] peut être aussi observé sur la Montagne de Kaw.
Flore du sous-bois : La composition de ces forêts est très similaire à celle des forêts sur sol profond. Cependant s’y ajoutent des espèces que l’on retrouve habituellement dans des milieux plus ouverts (vieilles forêts secondarisées, bords de criques) du fait d’une canopée généralement basse et ouverte. Parmi celles-ci : Justicia Polystachya (Acanthaceae), Tabernaemontana attenuata (Apocynaceae). La cuirasse latéritique émergeant de la litière constitue un milieu favorable pour le développement de certaines espèces herbacées qui, bien que n’étant pas strictement liées à ce type de substrat, se trouvent ainsi particulièrement bien représentées dans ce type de forêt. Ce sont des Gesneriaceae (Napeanthus jelskii, Napeanthus macrostoma, Nautilocalyx mimu-loides, Nautilocalyx pictus, Paradrymonia densa) mais aussi certaines ptéridophytes (Cyclodium inerme, Metaxya rostrata). La luminosité accrue entraîne une très forte abondance des Melastomataceae par endroits. Un certain nombre d’espèces peu fréquentes sont inféodées à ce milieu comme Bromelia granvillei, Dioscorea piperifolia, Miconia oldemanii.
Faune : Les forêts basses sur cuirasses latéritiques incluses dans le paysage des hauts-reliefs, et les zones de transitions qui les accompagnent, pourraient être des secteurs favorables aux hoccos (Crax alector) dont l’abondance est significativement influencée par l’enlianement.
Enjeux de biodiversité
Cf. 41.43 : Faible
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : Moyen
Enjeux de production de bois
Cf. 41.43 : Moyen
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : Faible (potentiel)
Enjeux biomasse et carbone
Cf. 41.43 : Moyen
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : Faible
Enjeux de protection des sols et des paysages
Cf. 41.43 : Moyen à faible
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : Moyen
Fréquence du type forestier
Cf. 41.43 : 7%
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : <0,5%
Protection du type forestier
Cf. 41.43 : 17%
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : ~70%
Intégration dans les ZNIEFF de type 1
Cf. 41.43 : 0%
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : n.d.
Intégration dans les ZNIEFF de type 2
Cf. 41.43 : 10%
Forêts sur cuirasses latéritiques ou bauxitiques : n.d.
Bibliographie
Guitet S., Brunaux O., de Granville J. J., Gonzalez S. & Richard-Hansen C., 2015. Catalogue des habitats forestiers de Guyane. DEAL Guyane, 120 p. (Source)