41.61s - Forêts des montagnes de moyenne altitude à moni et yayamadous sur saprolite superficielle

Catalogue des habitats forestiers de Guyane (Guitet et al., 2015)

Description et situation dans le paysage

Cf. 41.61 : Ces forêts se rencontrent aussi bien sur le synclinorium nord (chaîne septentrionale) qu’au sud (chaîne Inini-Camopi) ou dans le massif central. L’appartenance des Monts Tumuc-Humac à ce type reste à vérifier. Ce paysage tout en pente , qualifié localement de « montagnes », correspondrait en milieu plus tempéré à un étage collinéen compte tenu de son altitude limitée (<850 m). Ces hauts reliefs correspondent à l’association de trois types de modelés dominants : des reliefs massifs et très élevés au sommet souvent aigu et aux versants irréguliers de forme complexe - des reliefs larges au sommet aplati voire tabulaire, de haute altitude avec des versants longs et abrupts - des reliefs moins élevés mais très incisés culminant généralement entre 150 et 200 m d’altitude, formant les contreforts des massifs. Tous ces modelés présentent des dénivelés supérieurs à 90 m en moyenne.

La majeure partie de ces reliefs se situant à moyenne altitude (100-500 m), la description de ce type générique correspond aussi à l’habitat principal 41.61 qui occupe 98% de sa surface.

Forêts sur saprolite superficielle : Les forêts sur saprolite se situent préférentiellement sur les versants les plus abrupts (35-50%) et les crêtes des reliefs acérés. Elles n’ont jusqu’à présent été rencontrées que dans les forêts à reliefs multi-convexes mais peuvent potentiellement être localisées ailleurs. Elles sont assez rares mais localement très étendues et peuvent occuper plusieurs dizaines d’hectares d’un seul tenant.

Conditions stationnelles

Cf. 41.61 : Ferralsols gériques : texture : argile 55-80%, limon 10-25%, homogène ; composition : MO : 4-6% en surface, P total : 0,3-1%, CEC : 12-14 cmolc/kg ; aspect : rougeâtres, lourds, homogènes, parfois chargés en cailloux (= pétroplinthiques).

Plinthosols : texture : idem ; composition : idem ; aspect : Cuirasse à moins de 50 cm.

La richesse chimique des horizons de surface est plus forte que sur les ferralsols de plateau, cependant le taux de bases échangeables et de matière organique chute fortement en profondeur (caractère gérique = ancien). La faiblesse chimique de ces vieux horizons entraîne une dégradation de leur qualité structurale qui explique un certain ralentissement du drainage en profondeur.
La majeure contrainte pour la végétation réside dans la charge en éléments grossiers (lithoreliques et résidus de cuirasse), qui peut devenir forte et réduire la profondeur prospectable par les racines ainsi que la réserve en eau. Lorsque les horizons indurés ou chargés en cuirasse apparaissent à moins de 50 cm de profondeur on est alors en présence de plinthosols (transition possible vers le type 46.61c). Le drainage peut être plus ou moins bloqué par la cuirasse.

Forêts sur saprolite superficielle : La saprolite (littéralement « roche pourrie ») correspond à l’horizon de transformation chimique de la roche-mère. C’est un matériau très limoneux (doux au toucher) où la structure du substrat d’origine est encore visible. Cette couche normalement profonde est ramenée à proximité de la surface du sol à la faveur d’un départ des horizons superficiels par glissement de terrain ou érosion superficielle : on parle alors de sol rajeuni par l’érosion. On est alors en présence d’un cambisol (saprolite affleurante) ou d’un acrisol (saprolite à plus de 1m20). Le drainage est bloqué par la saprolite peu perméable. Des traces de ruissellement sont parfois visibles à la surface du sol.

Structure et physionomie forestière

Cf. 41.61 : La canopée est élevée (~ 37 m) mais d’aspect irrégulier. Les palmiers sont peu abondants tant en sous-bois (moins de 155 pieds/ha) qu’en canopée (6 pieds/ha). Les très gros bois sont fréquents (plus de 8 tiges pour les diamètres supérieurs à 80 cm) et la surface terrière des peuplements est assez forte autour de 24 m²/ ha. Environ 4% de la surface de cet habitat ont été perturbés au cours des 50 dernières années par l’exploitation forestière et minière, essentiellement sur le massif de Kaw, Montagne Cacao et le secteur de Bélizon.

Forêts sur saprolite superficielle : La canopée relativement basse (20 à 30 m) et constituée à 90% par des houppiers serrés de petits arbres (diamètre < 30 cm), ce qui la rend très reconnaissable sur les prises de vue aérienne.

Composition taxonomique

Cf. 41.61 : Essences forestières : Les Burseraceae, notamment les monis (Protium spp .), encore très présents à moyenne altitude, cèdent leur place aux Mimosoideae à haute altitude avec principalement les ouekos (Inga spp.). On trouve aussi de nombreuses Vochysiaceae et Simaroubaceae ainsi que d’autres espèces habituellement peu abondantes : chawari (Caryocar glabrum), samaati (Chimarrhis spp.), yayamadou kwatae (Virola kwatae), yayamadou montagne (V. michelii), gonfolo rose (Qualea rosea) parmi les gros bois et niamichi oudou (Neea spp.) dans le sous-étage ; diankoïmata (Guarea spp.), niamboka (Pouteria spp.) et maho cigare (Couratari spp.) sur les crêtes et hauts de versants.

Flore du sous-bois : Très diversifiée avec une richesse estimée sur terre ferme entre 150 et 230 taxons selon les sites (hors mousses, fougères, lianes et épiphytes) contre 80 à 150 taxons dans les autres habitats (hors bas-fonds). En effet, au cortège des espèces présentes communément à plus basse altitude et qui se retrouvent également dans ces forêts de montagne, viennent s’ajouter des espèces poussant uniquement ou préféren-tiellement à des altitudes plus élevées, comme par exemple Psychotria granvillei, qui apparait à partir de 350 m d’altitude, Coussarea granvillei (Rubiaceae), Geonoma umbraculiformis (Arecaceae) ou Mollinedia grazielae (Monimiaceae), Justicia potarensis (Acanthaceae) qui se retrouvent également dans les forêts sub-montagnardes, Maranta friedrichsthaliana (Marantaceae) à partir de 150 m, Stromanthe tonckat (Maranta-ceae) à partir de 200 m, que l’on retrouve elle aussi à l’étage sub-montagnard, Ouratea saülensis (Ochnaceae), Clidemia capitellata (Melastomataceae). Certaines ptéridophytes caractérisent également ces forêts de moyenne altitude, comme par exemple Doryopteris sagittifolia ou Hemionitis rufa (Pteridaceae) à partir de 200 m d’altitude.

Faune : Singes atèles (Ateles paniscus) et hoccos (Crax alector) sont particulièrement abondants. La présence des atèles pourrait être favorisée par l’abondance des Burseraceae couramment consommées par ce grand singe. L’abondance des hoccos est quant à elle positivement corrélée à la pente moyenne des reliefs, faisant de ce type de forêt, ainsi que celle des plateaux élevés, un habitat favorable pour cette espèce. Les agoutis (Dasyprocta leporina), tinamous (Crypturellus sp.) et autres petites espèces (tamarins, ortalide) ont tendance à être peu abondants.

Forêts sur saprolite superficielle : Les Lecythidaceae sont favorisées sur ce type de sol, principalement certains mahos noirs (Eschweilera congestiflora et E. alata) et un maho cigare (Couratari calycina). Les manils (Symphonia spp. et Moronobea coccinea) semblent particulièrement apprécier ces sols mal drainés.

Enjeux de biodiversité

Cf. 41.61 : Très forte (diversité de la flore – espèces de faune sensibles)

Forêts sur saprolite superficielle : Moyen

Enjeux de production de bois

Cf. 41.61 : Moyen

Forêts sur saprolite superficielle : Faible (potentiel)

Enjeux biomasse et carbone

Cf. 41.61 : Moyen

Forêts sur saprolite superficielle : Faible

Enjeux de protection des sols et des paysages

Cf. 41.61 : Fort (érosion sur pente)

Forêts sur saprolite superficielle : Fort (érosion des sols)

Fréquence du type forestier

Cf. 41.61 : 14%

Forêts sur saprolite superficielle : <0,1%

Protection du type forestier

Cf. 41.61 : 48%

Forêts sur saprolite superficielle : n.d.

Intégration dans les ZNIEFF de type 1

Cf. 41.61 : 16%

Forêts sur saprolite superficielle : n.d.

Intégration dans les ZNIEFF de type 2

Cf. 41.61 : 48%

Forêts sur saprolite superficielle : n.d.

Bibliographie

 Guitet S., Brunaux O., de Granville J. J., Gonzalez S. & Richard-Hansen C., 2015. Catalogue des habitats forestiers de Guyane. DEAL Guyane, 120 p. (Source)