1130 - Estuaires

Estuaries

Liste hiérarchisée et descriptifs des Habitats d'Intérêt Communautaire (HIC) de la directive "Habitats-Faune-Flore"

Définition EUR 28

Downstream part of a river valley, subject to the tide and extending from the limit of brackish waters. River estuaries are coastal inlets where, unlike 'large shallow inlets and bays' there is generally a substantial freshwater influence. The mixing of freshwater and sea water and the reduced current flows in the shelter of the estuary lead to deposition of fine sediments, often forming extensive intertidal sand and mud flats. Where the tidal currents are faster than flood tides, most sediments deposit to form a delta at the mouth of the estuary.
Baltic river mouths, considered as an estuary subtype, have brackish water and no tide, with large wetland vegetation (helophytic) and luxurious aquatic vegetation in shallow water areas.

Définition EUR 28 (suite)

An estuary forms an ecological unit with the surrounding terrestrial coastal habitat types. In terms of nature conservation, these different habitat types should not be separated, and this reality must be taken into account during the selection of sites.

Interprétation française

Partie aval d’une vallée fluviale soumise aux marées et/ou aux incursions d’eau de mer et qui s’étend à partir de la limite des eaux saumâtres. Les Estuaires sont des embouchures de fleuves où, contrairement à l’HIC 1160, l’eau de mer est diluée de façon significative par l’eau douce d’origine terrestre. L’interaction des eaux douces avec les eaux marines ainsi que la réduction du débit des eaux fluviales dans les estuaires provoquent le dépôt de sédiments fins sous forme de larges étendues vaseuses et/ou sableuses. Lorsque l’écoulement du fleuve est plus lent que le flot, les dépôts de sédiments forment un delta à l’embouchure des estuaires. Les Estuaires doivent présenter des échanges salins continus ou saisonniers.

Pour les secteurs Atlantique, Manche et Mer du Nord, l’HIC Estuaires est caractérisé par la présence, à marée descendante, d’un débit fluvial significatif par rapport au courant de jusant* et de chenaux de marée de dimension inférieure au chenal du fleuve** (indicateurs d’un écoulement non contraint). Dans le secteur Méditerranée, compte tenu du faible marnage, c’est le débit d’eau douce important (significatif et mesurable) en période de crue saisonnière qui permet de caractériser l’HIC Estuaires.

Aucun critère de substrat ni de profondeur n’entre en compte dans l’identification de cet HIC.

Les limites « aval et amont » de l’HIC Estuaires sont déterminées respectivement par ses caractéristiques physico-chimiques (variation temporelle de la salinité) et géomorphologiques. La limite amont est définie par la limite supérieure de la marée saline***. Cette limite amont peut être explicitée par la répartition des communautés des eaux saumâtres caractéristiques (présence de végétations subhalophiles à oligohalophiles). La limite aval est définie sur le plan physiographique par la ligne droite reliant les extrémités terrestres de part et d’autre de l’embouchure du fleuve (artificielles ou naturelles).

Les limites latérales sont définies par l’étendue maximale des intrusions d’eau de mer. Cela peut inclure les espaces définis par l’absence d’espèces glycophiles strictes sur les berges, à condition qu’ils soient soumis aux intrusions d’eau de mer. En mers à marée (secteurs Atlantique, Manche et Mer du Nord), l’HIC comprend le lit mineur du fleuve, représenté par le chenal et la slikke périodiquement recouverte par les eaux selon les cycles de marées, et le lit majeur, caractérisé par des habitats tels que le schorre, et certains espaces à végétations halophiles à subhalophiles sous l’influence de la marée saline et recouverts uniquement lors des grandes marées.


* Le courant de jusant ou courant de reflux est créé par la marée descendante et s’oriente dans la direction opposée à l’onde de marée.
** Les chenaux de marée sont les zones d’écoulement des eaux marines à marée basse (présentant une salinité proche du milieu marin). Ils sont distincts du chenal du fleuve qui correspond à la zone d’écoulement des eaux fluviales à marée basse (fortement dessalées).
*** Dans l’estuaire, on distingue deux types de marée : (1) la marée dynamique qui correspond à la propagation de l’onde de la marée dans l’estuaire jusqu’au point à partir duquel on retrouve un courant fluvial constamment dirigé uniquement vers l’aval, et (2) la marée saline qui correspond à l’intrusion d’eau de mer et à son mélange avec l’eau douce. Le front de la marée saline se situe bien en aval du point extrême atteint par la marée dynamique. Au sens du champ d’application de l’article R. 214 du Code de l’Environnement, le front de salinité correspond à la limite amont des eaux dites de transitions. https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000042075042/.

Précisions de l'interprétation française

Superpositions :
L’HIC 1130 peut se superposer aux HIC marins 1110, 1140, 1170, et 8330. Il ne se superpose jamais aux HIC 1160 et 1150.
L’HIC 1130 est un habitat géomorphologique pouvant intégrer plusieurs types d’habitats biocénotiques différents. Il peut se superposer à d’autres HIC (qui, pour les HIC terrestres, peuvent être définis par leurs végétations, contrairement aux HIC marins). Aucun critère de substrat, de profondeur ou de dimension n’est pris en compte dans la définition de l’HIC 1130.
L’interprétation française de cet HIC marin est définie en accord avec l’interprétation des habitats terrestres adjacents. L’HIC 1130 forme un habitat géomorphologique comprenant des habitats côtiers terrestres (tels que des prés salés). Cette continuité écologique doit être prise en compte pour établir des stratégies de conservation.
Dans le cas d’un estuaire considéré comme HIC 1130 et débouchant dans une baie considérée comme HIC 1160, les deux HIC sont en contact au niveau de la ligne de délimitation aval du HIC 1130.

Limites :
La présence de communautés caractéristiques des milieux soumis à variation de la salinité peut servir à identifier les limites amont et latérales de l’HIC 1130. D’après la définition et les délimitations des masses d’eau de transition (MET) de la Directive Cadre sur l’Eau (2000/60/CE) et pour une meilleure cohérence inter-directives, les limites amont et aval de l’HIC 1130 sont autant que possible définies de façon identique à celles de la DCE pour ses MET. La limite aval est également en accord avec l’interprétation espagnole des HIC.

Distinction entre HIC :
Pour les vallées fluviales présentant une barrière physique limitant la connexion avec le milieu marin, la différence entre les HIC 1130 et 1150 doit se baser sur les critères géomorphologiques et physico-chimiques, ces deux HIC pouvant héberger des communautés identiques. La différence entre les HIC 1130 et 1150 se fait en étudiant le rapport entre le débit du fleuve et l’influence marine. Pour les secteurs Atlantique, Manche et Mer du Nord, la présence à marée descendante d’un débit fluvial significatif par rapport au courant de jusant et la présence de chenaux de marée de dimension inférieure au chenal du fleuve (indicateurs de cet écoulement non contraint) sont caractéristiques de l’HIC 1130.
Dans le secteur Méditerranée, compte tenu du faible marnage, c’est le fort débit d’eau douce en période de crue saisonnière qui permet d’identifier l’HIC 1130 et de le différencier de l’HIC 1150. Dans le cas de cours d’eau douce débouchant sur une étendue d’eau avec connexion limitée au milieu marin, l’étendue d’eau sera considérée comme HIC 1130 si le débit d’eau douce en période de crue saisonnière occasionne une altération complète de la barrière physique séparant cette étendue d’eau du milieu marin ouvert. Les limites de l’HIC 1130 sont définies lors de la disparition de la barrière physique en période de crue saisonnière. Si une barrière physique existe en permanence, l’étendue d’eau peut correspondre à l’HIC 1150 (sous réserve de respect des autres critères d’identification de cet HIC).
L’interprétation française de cet HIC inclut les estuaires « barrières » et les estuaires « aveugles »* (Fig. 3).
Si les végétations halophiles à subhalophiles sont caractéristiques de l’HIC 1130, les végétations glycophiles sont, quant à elles, à considérer comme des végétations associées dès lors qu’elles se trouvent dans la zone d’influence de l’estuaire. En présence de digues continues non-submersibles, les végétations halophiles à subhalophiles se trouvant en amont de la digue - telles que celles de prés-salés relictuels - sont exclues de cet HIC car soustraites à l’influence directe de la marée saline au sein de cet estuaire. Si la digue présente une ouverture laissant circuler l’eau marine ou fait l’objet de submersions régulières, avec présence de végétations halophiles à subhalophiles, cette zone est dans ce cas considérée comme faisant partie de la zone d’influence de l’estuaire et peut donc faire partie de l’HIC.
Dans le cas d’aménagements construits ou modifiés après 1992 (année de la promulgation de la DHFF) empêchant la circulation de l’eau et supprimant ainsi les échanges avec la mer ouverte, les habitats situés en amont de l’aménagement ne sont pas considérés comme HIC 1130.

* Plusieurs appellations se réfèrent à des cas géographiques similaires dans la littérature (estuaires aveugles, lagunes estuariennes, etc.). Seul le respect de tous les critères définis dans ce document permet de définir si l’habitat correspond à l’HIC 1130 ou 1150, quelle que soit l’appellation géographique locale.

Bibliographie

 Conseil de l'Union européenne, 2013. Directive 2013/17/UE du Conseil du 13 mai 2013 portant adaptation de certaines directives dans le domaine de l'environnement, du fait de l'adhésion de la République de Croatie. Annexes. Partie B Protection de la nature. Journal officiel de l'Union européenne, L 158 du 10/06/2013, p. : 195-203. (Source)

 De Bettignies T., La Rivière M., Delavenne J., Dupré S., Gaudillat V., Janson A.-L., Lepareur F., Michez N., Paquignon G., Schmitt A., de Roton G. & Toison V. 2021. Interprétation française des Habitats d'Intérêt Communautaire marins. PatriNat (OFB-CNRS-MNHN), Paris. 58 pp. (Source)

 European Commission, 2013. Interpretation manual of European Union habitats. EUR 28. European Commission, DG Environment, 144 p. (Source)

Fairbridge, R.W. (1980) The estuary: its definition and geodynamic cycle. In: Olausson, E., Cato, I. (Eds.), Chemistry and Biogeochemistry of Estuaries. Wiley, New York : 1–36.