1150 - Lagunes côtières

Coastal lagoons

Liste hiérarchisée et descriptifs des Habitats d'Intérêt Communautaire (HIC) de la directive "Habitats-Faune-Flore"

Définition EUR 28

Lagoons are expanses of shallow coastal salt water, of varying salinity and water volume, wholly or partially separated from the sea by sand banks or shingle, or, less frequently, by rocks. Salinity may vary from brackish water to hypersalinity depending on rainfall, evaporation and through the addition of fresh seawater from storms, temporary flooding of the sea in winter or tidal exchange. With or without vegetation from Ruppietea maritimae, Potametea, Zosteretea or Charetea (CORINE 91: 23.21 or 23.22).
- Flads and gloes, considered a Baltic variety of lagoons, are small, usually shallow, more or less delimited water bodies still connected to the sea or have been cut off from the sea very recently by land upheaval. Characterised by well-developed reedbeds and luxuriant submerged vegetation and having several morphological and botanical development stages in the process whereby sea becomes land.
- Salt basins and salt ponds may also be considered as lagoons, providing they had their origin on a transformed natural old lagoon or on a saltmarsh, and are characterised by a minor impact from exploitation.

Définition EUR 28 (suite)

Saltmarshes form part of this complex.

Interprétation française

Étendues d’eau côtière, de salinité et de volume d’eau variables, ayant une connexion limitée (physiquement ou temporellement) avec le milieu marin dont elles sont séparées (totalement ou partiellement) par une barrière physique.

La salinité inter- et intra-pièces d’eau des Lagunes côtières varie dans le temps et l’espace selon son origine géomorphologique, les apports d’eau douce (nappe phréatique, cours d’eau, précipitations), l’évaporation et les apports d’eau marine (marées, tempêtes, variations de connectivité à la mer ou envahissement temporaire par la mer en hiver). La salinité peut varier et présenter une forte variabilité saisonnière (oligo- à hyperhalin). Seules les étendues d’eau avec une salinité nulle permanente sont exclues.

Aucun critère de substrat, de profondeur de la lagune ni de communautés caractéristiques n’entre en compte dans la définition de l’HIC 1150. L’identification de communautés caractéristiques peut être un indice de présence d‘une lagune mais il n’est pas suffisant pour déterminer la présence de l’HIC 1150.

On distingue plusieurs types de lagunes pouvant correspondre à l’HIC 1150, selon leur degré de saisonnalité (lagunes permanentes ou temporaires en cas d’assèchement estival) et le degré de connectivité à la mer (lagunes ouvertes, fermées, etc.) ou à d’autres lagunes en connexion (Barré et al., 2020 ; Fig. 4). Pour les lagunes temporaires cela inclut également les communautés végétales se développant dans la partie asséchée de la pièce d’eau.

Le périmètre de l’HIC est défini par les limites maximales d’étendue de la pièce d’eau jusqu’à la mer ouverte (hors évènements extrêmes), incluant l’arrivée d’eau même si elle est d’origine artificielle, et excluant les parties émergées en permanence. Lorsque la lagune est ouverte sur la mer, la limite physiographique aval est déterminée par une droite entre les deux indentations du trait de côte (naturelles ou artificielles) au niveau de l’arrivée d’eau saline dans la lagune.

Les lagunes aménagées, qu’elles soient exploitées (saliculture, aquaculture, loisirs, etc.) ou non, peuvent être également considérées comme HIC 1150 (sous réserve de respect des critères précédents), à condition qu’elles aient pour origine une lagune naturelle ou une lagune exploitée avant 1992 (année de la promulgation de la DHFF), et qu’elles soient caractérisées par un impact mineur de l’activité humaine*.

* Les mares de chasse ne peuvent être considérées comme HIC 1150 que si leur origine est naturelle et sous réserve de respect des autres critères d’identification de l’HIC. Les mares de chasses situées sur le schorre en domaine estuarien ne sont pas considérées comme HIC 1150 mais peuvent être considérées comme l’HIC 1130 sous réserve de respect des critères d’identification.

Précisions de l'interprétation française

Superpositions :
L’HIC 1150 peut se superposer aux HIC marins 1110, 1140, 1170 et 8330. Il ne se superpose jamais aux HIC 1130 et 1160.
L’HIC 1150 est un habitat géomorphologique pouvant intégrer plusieurs habitats biocénotiques différents. Il peut se superposer à d’autres HIC (qui, pour les HIC terrestres, peuvent être définis par leurs végétations, contrairement aux HIC marins). Aucun critère de substrat, de profondeur ou de dimension n’est pris en compte dans la définition de l’HIC 1150. Il est défini par des critères de connectivité (connexion limitée avec l’extérieur que ce soit dans l’espace ou dans le temps), des critères physico-chimiques (salinité et volume d’eau variables) et l’origine de la pièce d’eau.

Distinction entre HIC :
La différence entre les HIC 1130 et 1150 doit se baser sur les critères géomorphologiques et physico-chimiques, ces deux HIC pouvant héberger des communautés identiques. La différence entre les HIC 1130 et 1150 se fait en étudiant le rapport entre le débit du fleuve et l’influence marine. Pour les secteurs Atlantique, Manche et Mer du Nord, l’absence à marée descendante d’un débit fluvial significatif par rapport au courant de jusant* et la présence de chenaux de marée de dimensions supérieures au chenal du fleuve (indicateurs de cet écoulement contraint) sont caractéristiques de l’HIC 1150.
Dans le secteur Méditerranée, compte tenu du faible marnage, c’est le faible débit d’eau douce en période de crue saisonnière qui permet d’identifier l’HIC 1150 et de le différencier de l’HIC 1130. Dans le cas de cours d’eau douce débouchant sur une étendue d’eau avec connexion limitée au milieu marin, l’étendue d’eau sera considérée comme HIC 1150 si le débit d’eau douce en période de crue saisonnière n’occasionne pas une altération complète de la barrière physique séparant cette étendue d’eau côtière du milieu marin ouvert**. Si la barrière physique disparaît en période
de crue saisonnière, l’étendue d’eau peut correspondre à l’HIC 1130 (sous réserve de respect des autres critères d’identification de cet HIC).
En présence de digues continues non-submersibles, les végétations halophiles à subhalophiles se trouvant en amont de la digue sont exclues de cet HIC car soustraites à l’influence de la lagune. Si la digue présente une ouverture laissant circuler l’eau marine ou fait l’objet de submersions régulières, avec présence de végétations halophiles à subhalophiles, cette zone peut donc faire partie de l’HIC.

* Le courant de jusant ou courant de reflux est créé par la marée descendante et s’oriente dans la direction opposée à l’onde de marée.
** Plusieurs appellations se réfèrent à des cas géographiques similaires dans la littérature (estuaires aveugles, lagunes estuariennes, etc.). Seul le respect de tous les critères définis dans l'interprétation française permet de définir si l’habitat correspond à l’HIC 1130 ou 1150, quelle que soit l’appellation géographique locale.

Bibliographie

 Conseil de l'Union européenne, 2013. Directive 2013/17/UE du Conseil du 13 mai 2013 portant adaptation de certaines directives dans le domaine de l'environnement, du fait de l'adhésion de la République de Croatie. Annexes. Partie B Protection de la nature. Journal officiel de l'Union européenne, L 158 du 10/06/2013, p. : 195-203. (Source)

 De Bettignies T., La Rivière M., Delavenne J., Dupré S., Gaudillat V., Janson A.-L., Lepareur F., Michez N., Paquignon G., Schmitt A., de Roton G. & Toison V. 2021. Interprétation française des Habitats d'Intérêt Communautaire marins. PatriNat (OFB-CNRS-MNHN), Paris. 58 pp. (Source)

 European Commission, 2013. Interpretation manual of European Union habitats. EUR 28. European Commission, DG Environment, 144 p. (Source)

Barré N., Garrido M., Riera L., Lombardini K., Mauclert V. & Lepareur F. (2020) État de conservation des « Lagunes côtières » d’intérêt communautaire (UE 1150*). Méthode d’évaluation à l’échelle du site Natura 2000. Annexe façade méditerranéenne. Classeur technique. Rapport UMS PatriNat, Pôle-relais lagunes méditerranéennes, Life Marha, 70 pp.