F15-08 - Carici myosuroidis-Festucetum halleri (Braun‑Blanq. 1926) Mikolajczak in Corriol & Mikolajczak 2017

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Pelouse alpine climacique située entre (2 300)2 400‑2 800(2 900) m d’altitude, sur sols acides développés riches en matière organique (souvent matelas épais d’humus sur roches moutonnées), des stations exposées au vent et au froid du système thermique froid dit cryophile (convexités, crêtes rocheuses, paysages moutonné en fond de vallée glaciaire).
Elle constitue un vicariant sur silice des pelouses des crêtes calcaires des Carici rupestris - Kobresieta myosuroidis, avec lesquelles elle partage un certain nombre d’espèces : Minuartia verna, Agrostis alpina, Antennaria carpatica, Carex  rupestris, Pachypleurum mutellinoides, Carex myosuroides, Erigeron uniflorus, Minuartia sedoides
L’exposition au soleil est variable et non déterminante. Vicariant écologique du Festucetum halleri, ce dernier se développant sur sols peu évolués.

Nom cité du syntaxon

Carici myosuroidis - Festucetum halleri (Braun‑Blanq. 1926) Mikolajczak stat nov. hoc loco

Synonymes

- incl. Elyno‑Avenochloetum Gensac 1979 nom. inval. (art. 5) ;
- Caricetum curvulae elynetosum Braun‑Blanq. in Braun‑Blanq. & H. Jenny 1926 (Denkschriften der Schweizerischen Naturforschenden Gesellschaft 63 (2) : 284) sensu Braun‑Blanq. 1954 p.p. (la conception de Braun‑Blanquet de 1954 est élargie par rapport à sa conception originale de 1926, incluant des relevés sur des substrats moins acides et comportant des espèces basiphiles).

Type nomenclatural

Désigné par Corriol & Mikolajczak (2017 : 80) : rel n° 7 du tab. XIV in Braun‑Blanquet & Jenny, 1926 (Mém. Soc. Helv. Sci. Nat., 265 : 1926 , lieu‑dit Crap Nair ob Cierfs, Saint‑Moritz, Grisons, Suisse, 2 400 m, surface 100 m², pente 5°, orientation ouest, exposé au vent : Carex myosuroides 4, Helictochloa versicolor 1, Achillea moschata +, Agrostis alpina +, Anemone vernalis +, Antennaria carpatica +, Antennaria dioica +, Carex curvula subsp. curvula +, Carex ericetorum +, Euphrasia minima +, Festuca halleri +, Hieracium glanduliferum +, Koeleria hirsuta +, Luzula lutea +, Minuartia recurva +, Minuartia sedoides +, Phyteuma hemisphaericum +, Phyteuma globulariifolium subsp. pedemontanum +, Polygonum viviparum +, Potentilla frigida +, Salix serpyllifolia +, Saxifraga bryoides +, Saxifraga exarata +, Silene acaulis subsp. exscapa +, Veronica bellidioides +.

Physionomie

Pelouse rase, à recouvrement moyen de 70 %, dominée par des hémicryptophytes cespiteuses comme Festuca halleri ou Carex myosuroides dont les feuilles fines, piquantes et coriaces virent rapidement au brun‑jaunâtre durant la saison de végétation. Les plantes en coussinets et les lichens sont aussi très bien représentées tandis que les petites dicotylédones se font discrètes. Les surfaces occupées sont souvent petites, en imbrication avec des pelouses des modes intermédiaire et nival.

Variations

Cette association représente le pôle le plus acidiphile des pelouses des crêtes ventées sur sols riches en humus.
Les groupements intermédiaires entres les deux classes des Caricetea curvulae et des Carici ‑ Kobresietea sont très fréquents sur le terrain.

Synchorologie

- association principalement présente en Maurienne et Tarentaise où les paysages périglaciaires de roches moutonnées sont fréquents ;
- observations plus rares dans les parties cristallines des massifs de l’Oisans (Écrins), de l’Ubaye et du Mercantour (Guinochet, 1938 ; Lazare, 1977).

Bibliographie

 Corriol G. & Mikolajczak A. 2017. Contribution au prodrome des végétations de France : les Caricetea curvulae Braun-Blanq. 1948 nom. conserv. propos. J. Bot. Soc. Bot. France, 77 : 57‑86. (Source)

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Barbero M. 1972. Études phytosociologiques et écologiques comparées des végétations orophiles alpine, subalpine et mésogéenne des Alpes maritimes et ligures. Thèse, Univ. Provence (Marseille), CNRS AO 1385. 2 vol., 418 p., pl. + fig.

Braun‑Blanquet J. & Jenny H. 1926. Vegetations‑ Entwicklung und Bodenbildung in der alpinen Stufe ders Zentralalpen (Klimaxgebiet des Caricion curvulae). Denkschr. Schweiz. Naturf. Ges. 63 (2) : 184‑349.

Braun‑Blanquet J. 1954. La végétation alpine et nivale des Alpes françaises. Commun. Stat. Int. Géobot. Médit. Montpellier 125 : 26‑96.

Gensac P. 1979. Les pelouses supraforestières du massif de la Vanoise. Contribution à l’inventaire et à l’étude écologique des groupements végétaux du Parc national de la Vanoise, Trav. Sci. Parc Natl. Vanoise 10 : 111‑243.

Guinochet M. 1938. Étude sur la végétation de l’étage alpin dans le bassin supérieur de la Tinée (Alpes‑Maritimes). Commun. Stat. Int. Géobot. Médit. Montpellier 59 : 1‑458.

Mikolajczak A., Van Es J. & Dalmas J.P. 2014. Proposition méthodologique pour la synthèse de données phytosociologiques à l’échelle régionale ; exemple des pelouses acides des Alpes (Caricetea curvulae). Doc. Phytosoc., série 3, 1 : 337‑ 348.

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