B2-1 - Récifs de moules (moulières) infralittoraux

Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

Source de l'ajout à la typologie

L’habitat a été ajouté dans les habitats particuliers de la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) sous le code et la dénomination P06.02 Moulières sur roches et blocs infralittoraux.

Dans la version 2 de la typologie (Michez et al., 2015), l’habitat est recodifié en P08.02 Moulières sur roches et blocs infralittoraux.

Dans la version 3 de la typologie (Michez et al., 2019), l’habitat est reclassé en B2-1 Récifs de moules (moulières) infralittoraux avec deux sous-habitats nouvellement ajouté à la typologie :
- B2-1.1 Récifs de moules (moulières) sur roches ou blocs infralittoraux (source : Michez N.,2018)
- B2-1.2 Récifs de moules (moulières) sur sédiments infralittoraux (source : EUNIS 2012 et inventaire ZNIEFF Normandie)

Facteurs abiotiques

Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Roche et blocs, Sédiments hétérogènes, Graviers vaseux, Sables grossiers
Répartition bathymétrique : 0 - 20m
Hydrodynamisme : Fort
Salinité : Milieu marin
Température : Variable
Lumière : Système phytal
Régime trophique : Oligotrophe, mésotrophe, eutrophe

Caractéristiques stationnelles

Les moulières infralittorales à Mytilus edulis se développent à faible profondeur, préférentiellement sur les roches à fort hydrodynamisme (houle ou courant de marée). Elles peuvent également coloniser des substrats hétérogènes et former une matte recouvrant le substrat.

Variabilité

Les habitats de niveau trois sont décrits sur leur page INPN respectives et illustrent le variabilité de l'habitat B2-1

Communautés ou espèces caractéristiques

Deux espèces sont caractéristiques de cet habitat : Mytilus edulis, Mytilus galloprovincialis.

Dynamique temporelle

Les moulières sont caractérisées par une forte dynamique temporelle, en lien avec leur cycle de reproduction. De plus, la précocité de leur période de reproduction permet aux moules de coloniser rapidement des substrats disponibles après les crues ou tempêtes hivernales. Le succès reproductif est conditionné par de nombreux facteurs, en particulier les facteurs météorologiques (Le Gendre et al., 2014). La concentration et la composition des apports de matières organiques particulaires ou dissoutes et de phytoplancton influencent également le développement des moulières.
Périodiquement, il peut y avoir une « invasion » de moules recouvrant le substrat et même parfois les organismes eux-mêmes, comme les stipes de laminaires, provoquant ainsi une forte diminution de la biodiversité (Derrien-Courtel et al., 2012). Ces moulières transitoires suivent un cycle pluriannuel défini par la succession de phases : de développement de la moulière, de prédation par des prédateurs de type étoiles de mer, puis retour aux biocénoses initiales ou homologues.
Dans les zones estuariennes, les moulières connaissent une forte instabilité liée aux variations interannuelles de la salinité (Blanchet et al., 2017).
Occasionnellement, les moulières implantées sur les roches ou blocs infralittoraux peuvent être partiellement arrachées par l’action des vagues, lors de tempêtes exceptionnelles.

Habitats pouvant être associés ou en contact

L’habitat B2-1 Récifs de moules (moulières) infralittoraux peut être principalement en contact avec les habitats :
- A2-1 Récifs de moules (moulières) médiolittoraux (continuité bathymétrique, au-dessus)
- B1-1 Roches ou blocs de la frange infralittorale (même niveau ou continuité bathymétrique, au-dessus)
- B4 Sédiments hétérogènes infralittoraux (même niveau)
- B1-3 Laminaires de l'infralittoral supérieur (continuité bathymétrique, en-dessous)
- C2-1 Récifs de Mytilidae (moulières) du circalittoral côtier (continuité bathymétrique, en-dessous)

Confusions possibles

Pas de confusion possible

Répartition géographique

Des détails sont données pour les habitats de niveau quatre.

Fonctions écologiques

En formant des récifs, les moules vont permettre la formation d’un habitat qui sera alors exploité par d’autres espèces. Elles jouent donc un rôle d’espèce ingénieure et créent un nouveau support qui permet la fixation d’espèces de substrat dur, telles que des hydraires ou des bryozoaires. L’épaisseur des mattes de moules permet également le développement d’une endofaune. Le développement de cette faune attire des prédateurs (échinodermes, crustacés, poissons) qui viendront encore enrichir l’habitat.

Statut de conservation

Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat est inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1170 « Récifs ». Il peut également correspondre à l’HIC 1130 « Estuaires », à l’HIC 1150 « Lagunes côtières » ou à l’HIC 1160 « Grandes criques et baies peu profondes » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC. L’habitat B2-1 peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines » sous réserve de respect des critères d’identification de l’HIC (notamment de seuil de taille).

Tendance évolutive

Cet habitat connaît des évolutions importantes. Des études permettent de suivre l’évolution des gisements exploités. Les suivis réalisés montrent une réelle instabilité de ces gisements justifiant parfois une fermeture de la pêche (Cochard & Paul, 2016) sur les côtes du Cotentin. Une diminution drastique des stocks a également été mise en évidence entre 1986 et 1988 (Haure & Baud, 1995) en Baie de Bourgneuf, en 2014 en Charente Maritime (suspicion d’une pathologie causée par la bactérie Vibrio splendidus ; Pepin, 2020) ; et en Vendée, et en 2015 en Pays de Loire.

Auteur(s)

Le Gal A., Decaris F.-X., Derrien-Courtel S., Derrien R., Barillé A.-L.

Date de rédaction

2020

Bibliographie

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