B3-1 - Cailloutis infralittoraux

Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

Source de l'ajout à la typologie

L’habitat B3-1 a été créé dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) sous le code et la dénomination M07 Cailloutis sublittoraux à épibiose sessile.

Dans la version 2 de la typologie (Michez et al., 2015), l’habitat M07 est séparé en deux selon l’étage (source de l’ajout via la "Liste des habitats déterminants pour l’inventaire ZNIEFF mer d’Haute‐Normandie").
Modification du libellé du sous-habitat de niveau 3 (code M07.01) et ajout du niveau 4 (code M07.01.01) :
- M07.01 Cailloutis infralittoraux à épibiose sessile
- M07.01.01 Cailloutis infralittoraux à épibiose sessile avec Ophiothrix fragilis

L’habitat-cadre B3 Sédiments grossiers infralittoraux (source Evans et al., 2016) et l’habitat de niveau 2 B3-1 Cailloutis infralittoraux (source Michez N. (2018)) sont ajoutés dans la version 3 de la typologie (Michez et al., 2019).

Les codes et libellés des sous-habitats de niveau 3 et 4 de la version 2 sont modifiés dans la version 3 (Michez et al., 2019) par les codes définitifs suivants :
- B3-1.1 Cailloutis infralittoraux à épibiose sessile
- B3-1.1.1 Cailloutis infralittoraux à épibiose sessile avec Ophiothrix fragilis

Facteurs abiotiques

Étage : Infralittoral ; [en continuité jusqu’au circalittoral du large]
Nature du substrat : Cailloutis, graviers
Répartition bathymétrique : 15 à 25 m
Hydrodynamisme : Fort
Salinité : Milieu marin
Température : Eurytherme
Lumière : Système phytal
Régime trophique : /

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se caractérise par des fonds grossiers dont le sédiment comporte généralement plus de 80% de cailloutis et 10 à 15% de graviers, le reste étant composé de sable. L’habitat des cailloutis de l’infralittoral se rencontre dans les zones à fort hydrodynamisme qui ne permet qu'une sédimentation grossière. L’habitat, qui est le plus souvent en continuité avec son homologue du circalittoral côtier, l’habitat C3-1 Cailloutis du circalittoral côtier, peut offrir une surface et une stabilité suffisante pour que se fixe et se développe une épibiose sessile riche. La faune est alors composée en majorité d’espèces fixées (spongiaires, cnidaires, bryozoaires et ascidies) qui colonisent les cailloutis. Les espèces vagiles peuvent également être abondantes et appartiennent principalement aux crustacés décapodes et aux échinodermes. Lorsque la fraction sablo-graveleuse augmente, une endofaune composée majoritairement de polychètes et de mollusques peut se développer.

Variabilité

Les interactions entre les courants de marée et le substrat donnent à cet habitat ses caractéristiques physionomiques et conditionnent la dominance relative des groupes d’espèces les uns par rapport aux autres. L’épifaune sessile montre un gradient d’appauvrissement au fur et à mesure que la fraction caillouteuse diminue. Différents faciès peuvent ainsi être distingués en fonction de l’importance de la fraction sableuse. D’autre part, le degré de mobilité des cailloutis influencera la richesse faunistique de cet habitat, des cailloutis mobiles n’hébergeant qu’une faune clairsemée.
Cet habitat est décliné en un seul sous-habitat B3-1.1 Cailloutis infralittoraux à épibiose sessile décrit sans fiche dédiée, lui-même décliné en un sous-habitat B3-1.1.1. Cailloutis infralittoraux à épibiose sessile avec Ophiothrix fragilis décrit également sans sa fiche.

Dynamique temporelle

Il existe peu d'informations sur la dynamique temporelle des communautés de cailloutis en raison des difficultés d’échantillonnage de ce type d’habitat (inefficacité des échantillonneurs quantitatifs type benne ou carottier, recours à la plongée). Toutefois, les programmes de surveillance écologique des sites électronucléaires de Paluel et de Penly le long du littoral du Pays de Caux fournissent quelques informations. Au large de Paluel, le suivi montre une relative stabilité de l’habitat de cailloutis infralittoraux depuis le début des années 1990 avec une dominance de polychètes et d’ascidies sessiles. Cet habitat a toutefois servi de support dans le passé au développement de moulières subtidales. D’autre part, certaines stations très littorales sont exposées à des mouvements sédimentaires qui se traduisent par une variation interannuelle de la nature du substrat qui peut varier de sables moyens à des cailloutis purs en passant par des sédiments hétérogènes. Les observations faites devant Penly ont montré que cet habitat pouvait être colonisé par le gastéropode non indigène Crepidula fornicata. Ces observations confirment également la forte sensibilité de cet habitat très côtier au mouvement sédimentaire et son instabilité en comparaison de son homologue circalittoral.

Habitats pouvant être associés ou en contact

L’habitat B3-1 peut potentiellement être en contact avec les habitats suivants (liste non-exhaustive) :
- En contact de même niveau :
- B1 Roches ou blocs infralittoraux
- B3-2 Sables grossiers et graviers infralittoraux
- B5-3 Sables fins envasés infralittoraux
- En contact inférieur avec les habitats circalittoraux côtiers :
- C3-1 Cailloutis du circalittoral côtier

Confusions possibles

Les confusions possibles portent sur les transitions avec les habitats en contact (B3-2.11 Graviers plus ou moins ensablés) ou avec l’habitat circalittoral qui le jouxte, l’habitat C3-1 Cailloutis du circalittoral côtier. La présence de bancs d’ophiures dans le sous-habitat B3-1.1.1 cailloutis infralittoraux à épibiose sessile avec Ophiothrix fragilis peut aussi porter à confusion de par la présence de cette espèce caractéristique dans de nombreux habitats qui sont potentiellement en continuité :
- B4-1.12.1 Bancs d'Ophiothrix fragilis sur sédiments hétérogènes infralittoraux
- C1-6 Roches ou blocs circalittoraux côtiers à dominance d'Ophiothrix fragilis et/ou Ophiocomina nigra et de spongiaires
- C3-1 Cailloutis du circalittoral côtier
- C3-1.1.1 Cailloutis circalittoraux côtiers à épibiose sessile avec Ophiothrix fragilis.
- C4-1.7.1 Bancs d'Ophiothrix fragilis sur sédiments hétérogènes du circalittoral côtier

Répartition géographique

Cet habitat de cailloutis infralittoraux est rare le long du littoral français et est principalement présent en Manche orientale. Ainsi, alors que l’habitat de cailloutis est très largement répandu dans l’ensemble de la Manche dans l’étage circalittoral, il est présent dans l’étage infralittoral sous la forme d’un faciès particulier de l’habitat du circalittoral, principalement au pied des falaises du littoral seinomarin, du Cap de la Hève à Criel-sur-Mer. Des fonds caillouteux à échinodermes dont Ophiothrix fragilis ont été reportés en baie de Douarnenez. Des cailloutis mobiles infralittoraux à faune clairsemée ont pour leur part été observés en mer d’Iroise au large de la presqu’île de Crozon.

Fonctions écologiques

Il n’existe pas de connaissances spécifiques sur les fonctions écologiques et les services écosystémiques propres à cet habitat très marginal le long du littoral français.

Statut de conservation

D'après la liste rouge des habitats européens, cet habitat est considéré comme "vulnérable" en Atlantique Nord-Est.
Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat peut être inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1170 « Récifs », sous réserve de seuil granulométrique et de communauté épigée caractéristique des substrats durs. S’il n’est pas inclus dans le HIC 1170, L’habitat B3-1 peut être inclus dans le HIC 1110 « Bancs de sable à faible couverture permanente d'eau marine », sous réserve de limite haute du HIC au-dessus de 20m de profondeur, de continuité sédimentaire et des communautés associées depuis la zone moins profonde ainsi que de communautés caractéristiques des substrats meubles. L’habitat B3-1 peut également correspondre à l’HIC 1130 « Estuaires », à l’HIC 1150 « Lagunes côtières » ou à l’HIC 1160 « Grandes criques et baies peu profondes » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC. Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines » sous réserve de respect des critères d’identification de l’HIC (notamment de seuil de taille).

Tendance évolutive

Pas d’information disponible.

Auteur(s)

Lutrand A., Houbin C., Thiébaut E.

Date de rédaction

2020

Bibliography

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