Carpinion betuli Issler 1931

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Chênaies sessiliflores-charmaies, chênaies-tillaies, charmaies de climax essentiellement climatique sous la dépendance d’un mésoclimat sec. Limité en France à quelques secteurs, telles la « poche de sécheresse » de Colmar en Alsace et les collines avoisinantes, les côtes de Bourgogne, le secteur ligérien, les Limagnes auvergnates, l’Entre-deux-Mers, le Quercy et certains secteurs de l’Ouest du Massif central sous influence climatique aquitaine. Il s’agit de forêts planitiaires à collinéennes, calcaricoles à acidiclines, mésoxérophiles à mésophiles. L’absence du Hêtre est le plus souvent liée à un déterminisme climatique, avec des précipitations généralement inférieures à 600-650 mm/an, sans compensation topographique améliorante. Lorsque les précipitations moyennes annuelles sont plus élevées (jusqu’à 750 mm/an), la précocité de la sécheresse (fin de printemps, début d’été), et la répétition de saisons sèches ou d’années sèches semble jouer un rôle important (Lebourgeois 2005). C’est notamment le cas dans l’Entre-deux-Mers, avec dans ce cas un déterminisme lié en outre à des températures annuelles trop élevées pour le Hêtre (climat aquitain). La superposition de la répartition du Carpinion betuli avec de grandes régions viticoles (Bordelais, Bourgogne, Alsace) illustre bien cette spécificité climatique.

Nom cité du syntaxon

Carpinion betuli Issler 1931 (Bull. Soc. Bot. de France, 62 : 83-86).

Synonymes

Carpinetion Issler 1931 (art. 10, 41b) ; Carpinion betuli Oberd. 1953 nom. inval. (art. 8) nom illeg.. (art. 31) ; Fraxino-Carpinion Tüxen 1937 p.p. ; Eu-Carpinion Scamoni & H. Passarge 1959 nom. superf. ; Stellario holosteae-Carpinion betuli H. Passarge 1968 nom. superf. (art. 29c) ; Dactylido-Carpinion betuli H. Passarge 1968 nom. superf. (art. 29c).

Type nomenclatural

Carpinetum betuli var. ello-rhénane Issler 1925 [syn. Lithospermo purpureo-caerulei-Carpinetum betuli (Issler 1926) Oberd. 1957].

Combinaison caractéristique d'espèces

Comme les caractéristiques d’ordres (Carpinus betulus, Prunus avium, Tilia cordata, Ulmus minor, Ajuga reptans, Carex sylvatica, Euonymus europaeus, Geranium robertianum, Luzula forsteri, Scilla bifolia, Vinca minor), les caractéristiques d’alliance sont en partie liées à une bonne nutrition azotée, des sols profonds et, pour certaines associations, désaturés : Athyrium filix-femina, Convallaria majalis, Fraxinus excelsior, Galeopsis tetrahit, Galium aparine, Holcus mollis, Lamium galeobdolon, Luzula pilosa, Quercus robur, Rosa arvensis, Stellaria holostea, Viburnum opulus. Quercus petraea est une bonne différentielle par rapport à l’Erythronio dentis-canis-Carpinion betuli (Horvat 1958) Marinček in S. Walln., Mucina & Grass 1993, ainsi que par rapport aux autres ordres de la classe, qu’il domine très rarement. Chêne sessile et dans une moindre mesure Chêne pédonculé sont fréquemment hybridés avec le Chêne pubescent (respectivement Quercus xstreimeri [5] et Q. xkerneri [5]).
Contrairement aux forêts des Carpino betuli-Fagenalia sylvaticae, on retrouve davantage dans le Carpinion betuli les espèces caractéristiques d’ordre ou de classe (Brachypodium pinnatum, Epipactis helleborine, Buglossoides purpureocaerulea, Orchis purpurea, Rhamnus cathartica, Vincetoxicum hirundinaria.

[5] Bien que rarement noté dans les relevés, on rencontre également l’hybride entre Quercus pubescens et Q. robur, Quercus ×kerneri, notamment à proximité des vallons où il se trouve préférentiellement (vallons des causses du Quercy proches de la vallée de la Dordogne), mais aussi au sein de forêts ayant recolonisé d’anciennes terres agricoles, abondantes notamment dans le Massif central et son pourtour. Q. robur se comporte dans ce cas en pionnier (Herbette 2014 ; Malzieu 2015) vis-à-vis des autres chênes dont le Chêne sessile, avant d’être introgressé progressivement par eux comme ce fut le cas lors de la reconquète postglaciaire (Kremer, Petit & Ducousso 2002).

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Boeuf R., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au prodrome des végétations de France : les Quercetea pubescentis Doing-Kraft ex Scamoni & H. Passarge 1959. Doc. phytosoc., série 3, 10 : 41-136. (Source)