F57b-20 - Peucedano gallici-Quercetum roboris (P. Allorge & Gaume 1931) Braun-Blanq. 1967

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Chênaie sessiliflore et stades de dégradation à Chêne pédonculé sous climat sec, avec précipitations inférieures à 700 mm, excluant ou limitant fortement la dynamique du Hêtre. Les peuplements rencontrés sont le plus souvent très dégradés (sous-association typicum), issus d’un traitement pluriséculaire en taillis et taillis sous futaie. Le climax (sous-association sorbetosum torminalis) est dominé par le Chêne sessile. Le Hêtre peut semble-t-il pénétrer, dans une certaine mesure, les peuplements matures, sans toutefois être dominant ni codominant.
L’hydromorphie observée, particulièrement dans la sous-association molinietosum caeruleae, est secondaire et d’intensité modérée. Elle explique la présence d’espèces hygrophiles telles que Molinia caerulea (en nappes et non en touradons, contrairement au Molinio caerulae-Quercetum roboris (Tüxen 1937) Scamoni & H. Passarge ex H. Passarge 1968), Frangula alnus, Potentilla erecta, Serratula tinctoria, Succisa pratensis, etc. Substrats acides, à l’origine de sols lessivés et plus ou moins marqués par l’hydromorphie et la podzolisation, avec humus de type dysmoder à moder.

Nom cité du syntaxon

Peucedano gallici-Quercetum roboris (P. Allorge & Gaume 1931) Braun-Blanq. 1967 (An. Edafo. Agrobio., Madrid, S.I.G.M.A., Com. 178 : 56-65).

Synonymes

Basion. : Association à Quercus robur et Peucedanum gallicum P. Allorge & Gaume 1931 ; inclus : Sorbo torminalis-Quercetum petraeae Delelis & Géhu 1975 nom. illeg. (art. 31, art. 3b), Sorbo torminalis-Quercetum petraeae Bardat 1989 nom. illeg. (art. 31). Non : Sorbo torminalis-Quercetum petraea Svoboda ex Blazkowa 1962.

Type nomenclatural

- lectotypus nominis typicum (P. Allorge & Gaume 1931) Braun-Blanq. 1967 : rel. 9 tab. I p. 58-61 in Braun-Blanquet 1967a dans la variante à Betula pendula ;
- lectotypus nominis sorbetosum torminalis J.-M. Royer & Rameau 1975 (Colloques phytosociologiques Lille 1974. III : 329-332 et tab. II) : rel. 19 tab. II (h.t.) dans la variante à Deschampsia flexuosa ;
- lectotypus nominis molinietosum caeruleae Géhu & Delelis ex Renaux, Timbal, Gauberville, R. Boeuf, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 : rel. 38 tab. 1 in Delelis & Géhu 1975 (Colloques phytosociologiques Lille 1974. III : 141 à 159).

Physionomie

Selon les sylvofaciès, peuplement plus ou moins clair de Chênes sessile ou pédonculé. Le sousbois est généralement assez lumineux du fait de peuplements à faible densité (surexploitation et conditions stationnelles difficiles), ce qui explique également la présence d’espèces de landes, de pelouses et d’ourlets. Le peuplement mature est une chênaie sessiliflore à Sorbus torminalis à strate herbacée moins diversifiée du fait de la fermeture de la canopée. Le Hêtre peut prendre une place limitée dans les peuplements matures.

Combinaison caractéristique d'espèces

Quercus robur, Q. petraea, Betula pendula, Pyrus cordata.
Avenella flexuosa, Carex pilulifera, Dicranum scoparium, Frangula alnus, Holcus mollis, Hypericum pulchrum, Leucobryum glaucum, Lonicera periclymenum, Luzula campestris, Melampyrum pratense, Peucedanum gallicum, Polytrichum formosum, Potentilla erecta, Pseudoscleropodium purum, Serratula tinctoria, Teucrium scorodonia.

Variations

Floristico-synécologiques :
- typicum (P. Allorge & Gaume 1931) Braun-Blanq. 1967, décrite en Sologne sous forme de peuplements dégradés, il s’agit de la sous-association présente sous conditions climatiques les plus typiques.
Outre cette sous-association typique, des secteurs les moins arrosés, deux autres sous-associations peuvent être décrites en bordure de l’aire de répartition de l’association, dans des secteurs plus arrosés dans lesquels le climat n’exclut pas entièrement le Hêtre. La présence de celui-ci dans les futaies de Chêne sessile peut s’expliquer aussi par le fait qu’il s’agit de peuplements plus matures. Différentes variantes sont décrites : à Deschampsia flexuosa, à Betula pendula (taillis surexploités), à Pteridium aquilinum, à Leucobryum glaucum et Dicranum scoparium très acidiphile. La variante à Serratula tinctoria semble, par contre, relever de la sous-association suivante.
- sorbetosum torminalis J.-M. Royer & Rameau 1975 (Colloques phytosociologiques Lille 1974. III : 329 :332 et tab. II). Correspond aux stades matures de l’association selon Rameau (1996) et Delelis-Dussolier & Géhu (1975). Différenciée par la présence de Sorbus torminalis, avec présence (rare) de Fagus sylvatica et Ilex aquifolium.
Peuplement de futaie plus fermé que les autres sous-associations, dominé généralement par Quercus petraea ;
- molinietosum caeruleae Géhu & Delelis ex Renaux, Timbal, Gauberville, R. Boeuf, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 (Colloques phytosociologiques Lille 1974. III : 141 à 159) [basion. : Peucedano-Quercetum roboris molinietosum caeruleae Delelis & Géhu 1975 prov. ; syn. : Peucedano gallici-Quercetum roboris variante à Seratula tinctoria in Braun-Blanquet 1967a ; syn. : Peucedano gallici-Quercetum roboris sorbetosum variante à Molinia caerulea et Succisa pratensis in Rameau et Royer 1975 (Colloques phytosociologiques Lille 1974. III : 329 :332 et tab. II), différenciée par l’abondance de Molinia caerulea, Serratula tinctoria, Succisa pratensis. Sous-association décrite sur sols hydromorphes, en Puisaye, les bordures ouest et sud-ouest du pays d’Othe et le Nivernais. Présente dans d’autres secteurs du domaine ligérien sur sol humide. Constitue la transition vers le Molinio caerulae-Quercetum roboris (Tüxen 1937) Scamoni & H. Passarge ex H. Passarge 1968).

Floristico-géographiques :
- race appauvrie (par rapport au typicum), plus septentrionale, des secteurs les plus arrosés (forêts de Vierzon, Orléans, Rambouillet, Fontainebleau, Dourdan, Haute-Normandie) correspond aux sous-associations typicum et carpinetosum de Delelis-Dussolier & Géhu 1975 (Colloques phytosociologiques Lille 1974. III : 141 à 159 tab. 1 rel. 1 à 34) et Sorbo torminalis-Quercetum petraeae Bardat 1989 typicum
et pleurozietosum (in Bardat 1993, Bull. Soc. Bot. Centre-Ouest, NS 11 : 91-108 et tab h.t. 2 et 3). Sud et ouest du Bassin parisien. Caractérisée par l’appauvrissement des caractéristiques d’association (absence ou rareté de Pyrus cordata, Peucedanum gallicum, Serratula tinctoria, Succisa pratensis, Carex flacca, Carex pallescens, Ulex minor, etc.), et la présence du Hêtre de manière parfois importante. Pourrait correspondre à une race du Vaccinio myrtilli-Quercetum petraeae Clément, Gloaguen & Touffet, 1975.

Floristico-physionomiques :
- sylvofaciès de taillis à Quercus robur et Betula sp., de dégradation, correspondant aux relevés de la sous-association typicum et à la quasi-totalité des relevés de la sous-association sorbetosum ;
- sylvofaciès à Quercus petraea, Sorbus aucuparia et S. torminalis, observé dans la sous-association sorbetosum torminalis correspondant la plupart du temps à des sylvofacies de futaie ;
- sylvofaciès à Pinus sylvestris (variante à Pinus sylvestris in Royer & Rameau 1975).

Synchorologie

Régions du sud du Bassin parisien sous climat ligérien : Sologne, Sologne bourbonnaise, Puysaye, bordures ouest et sud-ouest du pays d’Othe, Nivernais, confins de l’Angoumois, Limagne, ouest du Morvan, sud du Bassin parisien (forêts d’Orléans, de Rambouillet, de Boulogne (41), Blois, de Dourdan, de Vierzon, de Fontainebleau, etc.) plus à l’ouest comme Loches, Bercé, ramifications vers le Perche et le sud de la Normandie (sur les zones les plus sèches) et jusqu’aux confins de l’Anjou ou l’association est relayée par le Lonicero periclymeni- Quercetum petraeae Lapraz 1963.

Axes à développer

- La transition entre cette association et la race ligérienne du Teucrio scorodoniae-Fagetum sylvaticae Billy ex Renaux, Le Hénaff, Choisnet & Seytre in Renaux, Le Hénaff et Choisnet 2015 reste à circonscrire avec plus de précision, par l’étude des relevés des auteurs et par l’évolution au fil du temps de la place du Hêtre dans les peuplements. En particulier, une partie des relevés de Delelis-Dussolier & Géhu 1975 dans le « Peucedano-Quercetum roboris typicum et carpinetosum » (Colloques phytosociologiques Lille 1974. III : 141 à 159) et comportant beaucoup de Hêtre dans les strates supérieures pourraient correspondre au Teucrio scorodoniae-Fagetum sylvaticae. D’après Gaël Causse (CBN Bassin parisien, comm. pers.), il convient de conserver les relevés de Delelis-Dussolier & Géhu 1975 au sein du Peucedano gallici-Quercetum roboris, dans une forme appauvrie en caractéristiques de l’association, position que nous suivons ici.
- La transition avec le Vaccinio myrtilli-Quercetum petraeae Clément, Gloaguen & Touffet, 1975 est également à préciser dans le Bassin parisien, et le Sorbo torminalis-Quercetum petraeae Bardat 1989 que nous maintenons ici dans le Peucedano gallici-Quercetum roboris est également très appauvri floristiquement par rapport aux relevés solognots du type.

Bibliographie

Allorge P. & Gaume R., 1931 ; Billy F., 1997 ; Barbiche R., 2002 ; Braun-Blanquet J., 1967a ; Bardat J., 1993 ; Braque R., 1982 ; Charnet F., 1989 ; Charnet F., 1994 ; Delelis-Dusollier A. & Géhu J.-M., 1975 ; Lemée G., 1937 ; Rameau J.-C. & Royer J.-M., 1975 ; Timbal J., 1985 ; Thébaud G., 1980.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Boeuf R., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au prodrome des végétations de France : les Quercetea robori-petraeae Braun-Blanq. & Tüxen ex Braun-Blanq., Roussine & Nègre 1952. Doc. phytosoc., série 3, 10 : 137-215. (Source)