57c-06 - Dentario heptaphyllae-Fagetum sylvaticae (Braun-Blanq. 1932) Hartmann & G. Jahn 1967

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Végétation forestière de l’étage montagnard des massifs calcaires médioeuropéens bien arrosés, et à évapotranspiration modérée (bilan hydrique climatique très favorable). Présent en situation confinée (pentes nord) dans les massifs à bilan hydrique climatique moins favorable (dans le Jura méridional et les Alpes notamment, ou les précipitations sont moindres ou l’évapotranspiration plus forte). Occupe divers substrats riches en cations, surtout argiles de décarbonatation sur roches calcaires, mais aussi limons, altérites schisteuses… Sols riches en calcium et cations, faisant toutefois rarement effervescence en surface (sauf dans la sous-association tilietosum platyphylli).

Nom cité du syntaxon

Dentario heptaphyllae-Fagetum sylvaticae (Braun-Blanq. 1932) Hartmann & G. Jahn 1967 (Waldgesellschaften des mitteleuropäischen Gehrgsraumes nördlich der Alpen tab. VIIb).

Synonymes

Syn. nom. : Fagetum praealpino-jurassicum Braun-Blanquet 1932 nom. illeg. (art. 34a), Tilio platyphylli-Fagetum Moor 1952 nom. illeg. (art. 31), Fagetum sylvaticae Moor 1952 nom. illeg. (art. 31), Fagetum abietosum Braun-Blanq. 1952, Abieto-Fagetum Moor 1952 nom. illeg. p.p. (art. 31), Cardamino heptaphyllae-(Abieti)-Fagetum Moor 1952 Müller 1966 nom. illeg. (art. 10, 29), Dentario heptaphyllae-Fagetum sylvaticae (Braun-Blanq. 1952) Müller 1966 em. Oberd. 1992 nom. illeg. (art 29).

Type nomenclatural

Aucun lectotype ou néotype ne semble avoir été désigné, mais ceci n’invalide pas l’association pour autant (art. 5).

Physionomie

Peuplement dominé par le Hêtre ou le Sapin (seuls ou en mélange), pouvant être accompagnés d’Acer pseudoplatanus, Sorbus aucuparia, Fraxinus excelsior, Picea abies… Strate arbustive souvent diversifiée et pouvant être recouvrante (Rubus idaeus, Lonicera nigra, L. alpigena, Rosa pendulina, Ribes alpinum, Daphne mezereum, Sambucus racemosa…). Strate herbacée recouvrante et diversifiée.

Combinaison caractéristique d'espèces

Abies alba, Acer platanoides, A. pseudoplatanus, Fagus sylvatica, Fraxinus excelsior, Tilia platyphyllos, Ulmus glabra. Cardamine heptaphylla, Actaea spicata, Asarum europaeum, Asplenium scolopendrium, Carex digitata, Galium odoratum, Lamium galeobdolon, Lathyrus vernus, Lonicera xylosteum, Mercurialis perennis, Paris quadrifolia, Polygonatum multiflorum, Polystichum aculeatum, Prenanthes purpurea, Sambucus nigra.

Variations

Floristico-synécologiques :
- typicum Moor 1952 ;
- tilietosum platyphylli Moor 1952 [Tilio platyphylli-Fagetum sylvaticae Moor 1968, correspond à la « race montagnarde » de cette association pour Rameau (1996)] liées aux pentes caillouteuses, avec colluviolsol humifère et carbonaté (effervescence de la terre fine proche de la surface) souvent profond mais à teneur assez importante en blocs de tailles diverses ne bloquant toutefois pas la prospection racinaire. Transition vers les forêts d’éboulis (Phyllitido scolopendrii-Aceretum pseudoplatani Moor 1945).
Floristico-géograhiques :
- race du Jura ;
- race des Alpes.
La « race collinéenne » proposée par Rameau dans le Tilio platyphylli-Fagetum sylvaticae Moor 1968 correspond à l’Ulmo glabrae-Fagetum sylvaticae (Rameau, A. Brunaud, F. Bugnon & J.-M. Royer 1971) Renaux, R. Boeuf, Timbal & J.-M. Royer in R. Boeuf 2014, rattachée non pas à l’alliance montagnarde du Fagion sylvaticae Luquet 1926 mais au Carpino betuli-Fagion sylvaticae R. Boeuf, Renaux & J.-M. Royer in R. Boeuf 2011.

Synchorologie

Jura, massifs préalpins du Nord (Bornes, Chablais, Chartreuse, Bauges, Haut Giffre…). Dans l’aire du Geranio nodosi-Fagenion sylvaticae (S. Gentile 1974) Ubaldi et Speranza 1985 (Massif central et Alpes méridionales) ou du Scillo lilio-hyacinthi-Fagenion sylvaticae Comps, J. Letouzey & Timbal. ex Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 (Ouest du Massif central, Pyrénées…), la présence d’espèces hygrosciaphiles voire psychrophile comme Cardamine heptaphylla, Actaea spicata ou des fougères des genres Dryopteris et Polystichum ne doit pas conduire à un rattachement au Dentario heptaphyllae-Fagetum sylvaticae (Braun-Blanq. 1932) Hartmann & G. Jahn 1967, association médioeuropéenne, mais à des variantes ou sous-associations de versant froid des associations vicariantes locales (Calamintho grandiflorae-Fagetum sylvaticae Braun-Blanq. 1915, Adoxo moschatellinae-Fagetum sylvaticae (Luquet 1926) Rivas Martinez et al. 1991…), voire d’autres associations à l’étage collinéen. En effet, ces espèces n’ont aucun caractère « médioeuropéen » ou de climat d’abri en soi, comme en témoigne leur aire de répartition (Cardamine heptaphylla est présente jusqu’au Pays Basque).

Remarques

Comme développé dans Boeuf (2011) nous ne retenons pas la mise en synomymie proposée par Willner (2002) avec l’Hordelymo europaei-Fagetum sylvaticae Kuhn 1937 nom. mut., du fait de nettes différences floristiques et écologiques. D’autre part, les synonymies proposées avec d’autres associations vicariantes d’europe centrale sont probablement abusives (Dentario bulbiferae-Fagetum Hartmann 1953, Dentario enneaphylli-Fagetum Oberdorfer ex W. et A. Matuszkiewicz 1960 notamment).

Bibliographie

Dutoit D., 1924 ; Boeuf R., 2014 ; Braun-Blanquet J., 1932 ; Ferrez Y. et al., 2011 ; Moor M., 1952 ; Rameau J.-C., 1996b.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)