57c-11 - Adoxo moschatellinae-Fagetum sylvaticae (Luquet 1926) Rivas Mart, Báscones, T.E. Diáz, Fern. Gonz. & Loidi 1991

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Forêts mésoneutrophiles à neutrophiles, du montagnard moyen et supérieur sous influences océaniques, sur roche volcanique riche (basalte), en situation colluvionnée sur versant (souvent sur concavité ou bas de versant), conférant à ce type de contexte une bonne alimentation en eau et un bonne richesse chimique.

Nom cité du syntaxon

Adoxo moschatellinae-Fagetum sylvaticae (Luquet 1926 : Essai sur la géographie botanique de l’Auvergne. Les associations végétales du Massif des Monts-dore) Rivas Mart, Báscones, T.E. Diáz, Fern. Gonz. & Loidi 1991 (Itinera Geobot. 5 : 466).

Synonymes

Syn. nom. : Fagetum sylvaticae Luquet 1926 (Art.41b) (« Association à Fagus sylvatica Luquet 1926 » ), Scillo lilio-hyacinthi-Fagetum sylvaticae (Luquet 1926) Cusset 1964, Adoxo moschatellinae-Fagetum sylvaticae (Luquet 1926) Rivas Mart. et al. 1991, Fageto sylvaticae-Scilletum lilio-hyacinthus Lemée 1959 (art. 31), non Fagetum gallicum Braun-Blanq. 1932 nom. inval. (art 2b, 7), non Fagetum sylvaticae Dutoit 1924, non Fagetum gallicum Quantin 1935 nom. illeg. (art. 34), non Fagetum sylvaticae Issler 1926, non Scillo lilio-hyacinthi-Fagetum sylvaticae Braun-Blanq. ex O. Bolòs 1957.

Type nomenclatural

- Lectotypus nominis désigné dans Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 typicum Luquet 1926 : rel. de Luquet 1926, Fagus sylvatica 5, Cardamine heptaphylla 2, Euphorbia hyberna 2, Luzula nivea 1, Melica uniflora 1, Paris quadrifolia 1, Tractema lilio-hyacinthus 1, Actaea spicata +, Adoxa moschatellina +, Anemone nemorosa +, Anemone ranunculoides +, Arum maculatum +, Athyrium filix-femina +, Bromopsis ramosa +, Cardamine impatiens +, Convallaria majalis +, Doronicum austriacum +, Dryopteris filix-mas +, Epilobium montanum +, Euphorbia amygdaloides +, Euphorbia dulcis +, Geranium robertianum +, Hieracium murorum gr. +, Lamium galeobdolon +, Lonicera xylosteum +, Silene dioica +, Moehringia trinervia +, Myosotis sylvatica gr. +, Oxalis acetosella +, Phyteuma spicatum +, Poa nemoralis +, Polygonatum verticillatum +, Prenanthes purpurea +, Primula elatior +, Pulmonaria affinis +, Rubus idaeus +, Solidago virgaurea +, Vaccinium myrtillus +, Veronica officinalis +, Vicia sepium +, Viola sylvestris gr. +.
- Lectotypus nominis désigné dans Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 actaeetosum spicatae Billy ex Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019: rel. n° M308, de François Billy effectué à Voissières (commune de Chambon-sur-Lac) à 1100 m d’altitude : Fagus sylvatica 5, Abies alba +, Acer platanoides +, Sorbus aucuparia + Actaea spicata 1, Athyrium filix-femina 1, Campanula rotundifolia +, Deschampsia flexuosa 1, Dryopteris filix-mas +, Galium odoratum 1, Geranium robertianum +, Hieracium murorum 1, Luzula sylvatica 1, Mercurialis perennis 1, Paris quadrifolia +, Petasites albus +, Phyteuma spicatum +, Poa nemorails 3, Prenanthes purpurea 1, Sanicula europaea 1, Senecio cacaliaster +, Solidago virgaurea 1, Vicia sepium 1, Viola reichenbachiana +, Lactuca muralis +, Lathyrus linifolius subsp. montanus 1.
- Neotypus nominis désigné dans Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 allietosum victorialis Cusset 1961 : rel. ined. de F. Billy F686 à Anzat-le-Luguet (cirque d’Artoux). Pente: 20° exposition est, altitude 1300m. Strate arborée : Fagus sylvatica 5, Abies alba 2; Strate arbustive : Fagus sylvatica 2 ; Strate herbacée : Galium odoratum 2, Tractema lilio-hyacinthus 2, Lamium

Physionomie

Peuplement dominé par le Hêtre ou le Sapin pectiné, seuls ou en mélange, selon l’altitude et la gestion passée et actuelle. Présence possible en mélange de nombreuses espèces postpionnières et pionnières : Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus…

Combinaison caractéristique d'espèces

Abies alba, Fagus sylvatica. Adoxa moschatellina, Anemone nemorosa, Cardamine heptaphylla, Dryopteris filix-mas, Epilobium montanum, Euphorbia amygdaloides, Galium odoratum, Lamium galeobdolon, Milium effusum, Paris quadrifolia, Polygonatum verticillatum, Ribes alpinum, Tractema lilio-hyacinthus.

Variations

Floristico-synécologiques :
- typicum (Luquet 1926) Cusset 1961 (Rev. Sc. Nat. Auvergne, 27 (1-4) : 41-44).
- actaeetosum spicatae Billy ex Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 (syn. : Actaeo spicatae-Fagetum Billy 1997 nom. inval. (art. 3b), Dentario heptaphyllae-Fagetum sylvaticae (Braun-Blanq. 1932) Hartmann & G. Jahn 1967 actaeetosum spicatae sensu Thébaud et al. 2014], sous climat d’abri, différenciée par Actea spicata (abondante) et Geranium nodosum… Disparition (ou très grande rareté) de Tractema lilio-hyacinthus et Euphorbia hyberna, taxons les plus atlantiques, et raréfaction des espèces montagnardes. Notamment présente dans les Pays coupés des Volcans (pas dans ceux du Livradois), souvent en versant froid. Marque la transition vers les alliances du Geranio nodosi-Fagenion sylvaticae et, dans une moindre mesure, du Lonicero alpigenae-Fagenion sylvaticae.
- athyrietosum filicis-feminae Cusset 1961 (Rev. Sc. Nat. Auvergne, 27 (1-4) : 44-47), des versants frais souvent riches en éléments grossiers (mais stabilisés), différenciée par Athyrium filix-femina, Silene dioica, Lysimachia nemorum, Polystichum aculeatum, P. setiferum, Carex leporina. Le recouvrement des fougères est souvent important, avec en outre Dryopteris filix-mas qui peut largement dominer.
- equisetosum hyemalis Cusset 1961 (Rev. Sc. Nat. Auvergne, 27 (1-4) : 47-48), sur versant frais à humide, différenciée par Equisetum hyemale formant de vastes populations en versant frais (rencontré sur la commune de Besse notamment) ;
- allietosum victorialis Cusset 1961 (Rev. Sc. Nat. Auvergne, 27 (1-4) : 51-53), du montagnard supérieur (transition vers les forêts de l’Aceri pseudoplatani-Fagion sylvaticae (Oberd. 1957) Moor 1976, différenciée par Allium victoriale, Calamagrostis arundinacea, Polystichum aculeatum, Lilium martagon ;

Floristico-dynamiques :
- moehringietosum Cusset 1961 (Rev. Sc. Nat. Auvergne, 27 (1-4) : 49-51), qui serait liée à des trouées (mise en lumière et minéralisation de la matière organique…) ou à un pâturage en forêt (eutrophisation), différenciée par Moehringia trinerva, Galeopsis tetrahit, Arum maculatum, Mercurialis perennis, Geranium robertianum, Cardamine impatiens.

Synchorologie

Nord-ouest du Massif central (Chaîne des Puys, Sancy, Cézallier, Pays coupés). La présence de l’association serait à préciser dans le massif du Cantal, Clinopodium grandiflorum et Tractema lilio-hyacinthus étant toutes deux présentes. Certains relevés du Cantal correspondent floristiquement au Calamintho grandiflorae-Fagetum sylvaticae Braun-Blanq. 1915.

Axes à développer

- Même si Roux (2017) apporte déjà de nombreuses réponses sur le déterminisme écologique et historique de ces végétations forestières, les causes anthropiques de l’absence de Tractema lilio-hyacinthus et Euphorbia hyberna sur certaines stations seraient à explorer davantage. Les analyses produites sur la flore des forêts anciennes du Massif central (Malzieu 2015 ; Malzieu & Renaux 2017) n’avaient pas permis de conclure quant au caractère indicateur de forêt ancienne de l’espèce, mais la quasi-totalité des données de Tractema lilio-hyacinthus sont localisées en forêt ancienne, ce qui pose question. Ceci pourrait s’expliquer par une faible capacité de recolonisation de l’espèce, ce qui est le cas d’Hyacinthoides non-scripta, Euphorbia amygdaloides et E. dulcis à l’étage collinéen (Dupouey et al. 2002). Une plus grande stabilité temporelle de l’occupation du sol dans le compartiment écologique dans lequel elle croît pourrait aussi être une explication, soit parce que ce compartiment à peu été défriché, soit parce qu’il a connu des défrichements mais peu de cas de déprise.
- Une variante alticole de la sous-association athyrietosum filicis-feminae serait à décrire (C. Hostein, comm. pers.), notamment dans la vallée de Chaudefour (Puy-de-Dôme), sur colluvions grossiers de bas de versant. On y observe un fort recouvrement de fougères. Les Polystichum sont absents, remplacés par Dryopteris filix mas, accompagné d’Athyrium filix femina, Calamagrosis arundinacea, Campanula latifolia,

Remarques

- Des néotypes seraient à désigner pour les sous-associations athyrietosum filicis-feminae Cusset 1961, equisetosum hyemalis Cusset 1961 et moehringietosum Cusset 1961. La définition de la sous-association athyrietosum filicis-feminae et ses limites avec le Luzulo sylvaticae-Fagetum seraient à préciser.
- Le choix de retenir la sous-association actaeetosum spicatae au sein de l’Adoxo moschatellinae-Fagetum sylvaticae ne fait pas consensus parmis les phytosociologues du Massif central, ce qui s’explique par ses caractéristiques floristiques et écologiques particulières, liées au climat d’abri des Pays coupés. Celui-ci est caractérisé en particulier par des précipitations moindres que dans le coeur du massif du Sancy, ce qui est probablement à l’origine de l’absence des espèces les plus atlantiques (Tractema lilio-hyacinthus et Euphorbia hyberna). L’altitude étant plus faible, on observe en outre une raréfaction des montagnardes comme Poa chaixii ou Polygonatum verticilatum. Thébaud et al. (2014) et Roux (2017) proposent une sous-association actaeetosum spicatae au sein du Dentario heptaphyllae-Fagetum sylvaticae (Braun-Blanq. 1932) Hartmann & G. Jahn 1967 médioeuropéen. Cette proposition ne peut être suivie du fait de l’absence des différentielles médioeuropéennes du Lonicero alpigenae-Fagenion sylvaticae (Actaea spicata et Cardamine heptaphylla ne sont pas des différentielles médioeuropéennes, du fait de leur répartition sur l’ensemble de l’aire du Fagion sylvaticae et au-delà). Au contraire, on relève la présence de différentielles du Scillo lilio-hyacinthi-Fagenion sylvaticae (Doronicum pardalianches, Geranium nodosum, Pulmonaria affinis, Luzula nivea), communes pour certaines avec le Geranio nodosi-Fagenion sylvaticae, et plus largement d’espèces sud-européennes comme Conopodium majus, justifiant encore le rattachement à la sous-alliance. Billy (1997) proposait une association autonome, l’Actaeo spicatae-Fagetum Billy 1997 nom. inval. (art. 3b), mais il semble préférable de proposer une sous-association car elle se différencie floristiquement en négatif, comme expliqué précédemment. L’originalité de ce type de végétation, identifié par Billy (1997) et caractérisé plus précisément par Thébaud et al. (2014) et Roux (2017), n’en demeure pas moins, justifiant pleinement une sous-association.

Bibliographie

Billy F., 1997 ; Cusset G., 1961 ; Cusset G., 1964 ; Lemée G., 1956 ; Luquet, 1926 ; Thébaud G., Roux C., Bernard C.-E. & Delcoigne A., 2014 ; Roux C., 2017.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)