57c-22 - Doronico austriaci-Fagetum sylvaticae Seytre in Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Forêt se développant sur substrat volcanique sous influences océaniques plus ou moins atténuées, au-dessus de 1400 mètres d’altitude (jusqu’à plus de 1500 mètres), en exposition froide à dominante nord, avec un éventail allant du nord-ouest au nord-est. Les pentes sont prononcées, généralement entre 20 ° et 35 °. Les sols sont relativement profonds, avec une activité biologique suffisante pour assurer une bonne minéralisation de la matière organique. Déterminisme lié à la présence de neige pendant une longue période, avec reptation du manteau neigeux à l’origine de la courbure et de blessures sur les troncs voire de bris lors de petites coulées de neige. Les végétations observées sont souvent impactées par le pâturage, et sans doute très fragmentaires par rapport à leur extention potentielle (défrichement ancien de ces secteurs pour le pâturage). Conditions climatiques rigoureuses, avec accumulation de neige et formation de givre sur les arbres accentuant les bris dus aux vents violents fréquents. L’association pourrait théoriquement se rencontrer en situation plane à des altitudes comparables voire plus importantes (par exemple entre le col de Couhay et le Puy-gros) mais est reléguée aux pentes vu l’omniprésence du pastoralisme dans ces massifs.

Nom cité du syntaxon

Doronico austriaci-Fagetum sylvaticae Seytre ass. nov. hoc loco.

Synonymes

Syn. nom. : « Sorbaie-hêtraie subalpine sous influence atlantique à Scille lis-jacinthe, Saxifrage à feuilles rondes et Doronic d’Autriche » in Seytre 2008.

Type nomenclatural

Holotypus nominis : rel 391031 de Laurent Seytre, le 16/07/2008, altitude 1470 m. Versant nord, vallée de Chaudefour, au-dessus de la Cascade de la Biche. Strate arborée : Fagus sylvatica 4, Sorbus aucuparia 1, Sorbus aria 1, Betula pubescens 1, strates herbacée et arbustive basse Aconitum lycoctonum +, Allium victorialis 2, Anemone nemorosa 1, Astrantia major +, Athyrium filix-femina 2, Cacalia alliariae +, Calamagrostis arundinacea 1, Lactuca alpina 1, L. plumieri r, Conopodium majus r, Doronicum austriacum +, Dryopteris filix-mas 1, Euphorbia hyberna +, Fagus sylvatica 2, Fagus sylvatica r, Drymochloa altissima +, Gymnocarpium dryopteris +.2, Imperatoria ostruthium +.2, Lilium martagon r, Lonicera nigra +, Luzula sylvatica +, Milium effusum +, Oxalis acetosella +, Paris quadrifolia +, Phyteuma spicatum +, Polygonatum verticillatum 1, Polytrichum formosum +, Prenanthes purpurea 2, Ranunculus platanifolius +, Rosa pendulina +, Rumex arifolius r, Tractema lilio-hyacinthus 2, Senecio cacaliaster i, Silene dioica +, Solidago virgaurea 1, Sorbus aria 1, Sorbus aucuparia +, Sorbus aucuparia 1, Streptopus amplexifolius 1, Vaccinium myrtillus r, Veratrum album +.

Physionomie

Strate arborescente structurée par le Hêtre commun (Fagus sylvatica) et les sorbiers (Sorbus aucuparia et S. aria). Le Sapin pectiné (Abies alba), lorsqu’il est présent, reste subordonné au Hêtre. Strate arbustive diversifiée, avec Lonicera nigra, Rosa pendulina, Ribes petraeum, Sambucus racemosa, Daphne mezereum… Tapis herbacé prenant l’apparence d’une mégaphorbiaie. Strate muscinale très clairsemée.

Combinaison caractéristique d'espèces

Acer platanoides, Fagus sylvatica, Sorbus aucuparia. Aconitum lycoctonum, Actaea spicata, Adenostyles alliariae, Allium victorialis, Athyrium filix-femina, Calamagrostis arundinacea, Cirsium erisithales, Doronicum austriacum, Dryopteris filix-mas, Galium odoratum, Imperatoria ostruthium, Lactuca alpina, Lactuca plumieri, Lamium galeobdolon, Lonicera nigra, Luzula nivea, Milium effusum, Myosotis sylvatica, Paris quadrifolia, Poa chaixii, Polygonatum verticillatum, Prenanthes purpurea, Ranunculus platanifolius, Rubus idaeus, Rumex arifolius, Senecio cacaliaster, Streptopus amplexifolius, Veratrum album.

Variations

Floristico-synécologiques :
Au sein de la race du massif du Sancy et des monts du Cantal on note,
- variante fraîche à Luzula desvauxii, Crepis paludosa, Adoxa moschatellina, Angelica sylvestris, Chaerophyllum hirsutum, au niveau de pentes concaves retenant l’eau plus longtemps ;
- variante acidiphile à Avenella flexuosa, Vaccinium myrtillus, Hieracium murorum, Dryopteris dilatata, Maianthemum bifolium, Blechnum spicant, sur des sols moins profonds (substrat rocheux plus affleurants) ;
- une variante à Impatiens noli-tangere, Galeopsis tetrahit, Digitalis purpurea, Acer platanoides, Sambucus racemosa, Stellaria holostea, sur station ayant vraisemblablement subi dans le passé une perturbation importante de type chablis.
- variante plus thermophile à Euphorbia amygdaloides, Aquilegia vulgaris, impliquant des stations mieux exposées à l’ensoleillement ;

Floristico-géographiques :
- race des monts Dore et des monts du Cantal, à Tractema lilio-hyacinthus, Euphorbia hyberna et Pulmonaria affinis. Grande proximité floristique des deux massifs (Seytre 2008) ;
- race des monts d’Aubrac à Scrophularia alpestris et Cardamine pentaphyllos, appauvrie du fait de l’altitude limitée (Seytre 2008) ;
- race du Mézenc (Sorbaie-hêtraie subalpine fragmentaire sous influence méridionale à Géranium noueux et Doronic d’Autriche (Seytre 2008), différenciée par Geranium nodosum, Clinopodium grandiflorum, Thalictrum aquilegiifolium, Imperatoria ostruthium.

Floristico-physionomique : Peuplement mélangé, dominé par les Sorbiers et les Érables dans les stades de recolonisation ; à Hêtre pur issu du traitement en taillis pour le bois de chauffe, etc…

Synchorologie

Massifs volcaniques du Massif central : monts du Cantal (cirque du Falgoux, cirque de la Petite Rhue, cirque de la Maronne sous le Puy Violent, Forêt des Belles Aigues au nord-est du Plomb du cantal, secteur de l’Elancèze…), monts Dore (vallée de Chaudefour, cirque de la Fontaine Salée, cirque de Mont-Dore..), Mézenc, Aubrac.

Axes à développer

Il est probable que l’habitat s’observait autrefois dans d’autres contextes moins pentus, notamment en situation de sommet ou de crêtes, stations typique de cette alliance dans les autres massifs montagneux. Si c’est le cas, le pâturage l’aura fait plus aisément disparaître de ces stations faciles d’accès, avec en outre moins de déprise agricole. Il n’est pas non plus exclu que certaines stations de versant soient secondaires, avec dans ce cas des peuplements de recolonisation ou de dégradation dans lesquels les perturbations liées au pâturage et la lumière favoriseraient une strate herbacée nitratophile de type mégaphorbiaie. L’Ouest du Massif central (Sancy et Cantal) est le seul massif où l’habitat soit réellement bien exprimé. Les autres massifs sont soit de plus basse altitude, soit plus massivement déboisés ou convertis en plantations artificielles (Mézenc), rendant l’observation de ce type de groupement plus difficile (petit nombre de relevés). Davantage de matériel auraient pu permettre de proposer, dans le Sud-Est du Massif central, une association vicariante au groupement typique de l’Ouest du massif.

Bibliographie

Seytre L., 2008.

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)