Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Forêt mésophile à xéroclinophile, neutrocalcicole, sur roche carbonatée, des régions sous influence médioeuropéenne, à l’étage collinéen (jusqu’au submontagnard). Sol issus d’argile de décarbonatation plus ou moins épaisse, avec épaisseur de limons très faible à nulle. Le plus souvent sur calcaire, plus rarement marnes (en situation bien drainée) et dolomies. Humus de forme mésomull à eumull. Sol plus ou moins décarbonaté selon les sous-associations décrites, mais faisant souvent effervence au moins en profondeur (le plus souvent vers 20 cm). Bonne richesse trophique mais réserve utile souvent limité.

Scillo bifoliae-Carpinetum betuli Rameau 1974 (Essai de synthèse sur les groupements forestiers calcicoles de la Bourgogne et du sud de la Lorraine : 436-442).

Basion. : « Hêtraie mélangée à Carex glauque » Thill 1964. Syn. syntax. : Carici flaccae-Fagetum sylvaticae Thill 1964 p.p. (sensu Thill 1964, typus désigné dans Boeuf 2014 exclu) ; Asperuleto odorati-Fagetum Rübel 1930 nom. inval. (art. 2b, 7), Asperulo Fagetum silvaticae Mayer em. Scamoni 1967 nom. illeg. (art. 31), Scillo-Carpinetum Rameau 1974 nom. ined. (art. 1), Galio odorati-Fagetum Rübel 1930 ex Sougnez & Thill 1959 p.p. sensu Oberd. 1957 nom illeg. (art. 29) p.p., Galio odorati-Fagetum Rübel 1930 ex Sougnez & Thill 1959 sensu Rameau 1996 & Royer et al. 2006 nom. illeg. (art. 29, 31) p.p., Galio odorati-Fagetum Rübel 1930 ex Sougnez & Thill 1959 em. Dierschke 1989 sensu Pott 1995 & Schubert et al. 2001 p.p., Galio odorati-Fagetum Rübel 1930 ex Sougnez & Thill 1959 em. Dierschke 1989 sensu Willner 2002, Galio odorati-Fagetum Rübel 1930 sensu Ferrez et al. 2001 nom. inval. (art. 2b, 7).

- lectotypus nominis typicum (Rameau 1974) Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 : rel. 113 tab. XV p. 466-467 in Rameau 1974 (Essai de synthèse sur les groupements forestiers calcicoles de la Bourgogne et du sud de la Lorraine : 436-442 et 464-469) à Baulme-la-Roche (bois à l’est de la falaise). Strate arborée : Tilia platyphyllos 2, Quercus petraea 3, Fraxinus excelsior 1, Sorbus aria 1 ; strate arbustive : Fagus sylvatica 1, Sorbus torminalis 1, Carpinus betulus 5, Acer campestre + ; Strate herbacée : Festuca heterophylla 2, Hedera helix 2, Cornus mas 2, Anemone nemorosa 2, Viola canina 1, Potentilla sterilis 1, Ribes alpinum 1, Rosa arvensis 1, Phyteuma spicatum 1, Loncomelos pyrenaicus 1, Brachypodium sylvaticum 1, Lamium galeobdolon 1, Crataegus monogyna 1, Lathyrus vernus 1, Polygonatum multiflorum 1, Ligustrum vulgare 1, Asarum europaeum 1, Mercurialis perennis 1, Poa nemoralis 1, Scilla bifolia 1, Lilium martagon 1, Cardamine pratensis 1, Vicia sepium +, Ranunculus auricomus +, Melica uniflora +, Galium odoratum +, Corylus avellana +, Carex digitata +, Euonymus europaeus +, Pulmonaria saccharata +, Prunus spinosa +, Campanula trachelium +, Milium effusum +, Primula veris +, Stellaria holostea +, Solidago virgaurea +, Crataegus laevigata +, Hordelymus europaeus +, Geum urbanum +, Arum maculatum +, Heracleum sphondylium +, Veronica chamaedrys +, Taraxacum officinale +, Ficaria verna +, Ulmus minor +, Hieracium murorum +, Glechoma hederacea +, Orchis mascula +.
- lectotypus nominis caricetosum montanae (Rameau 1974) Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 : rel 425 tab. XIV in Rameau 1974, à Ampilly-le-Sec (bois communaux). Strate arborée : Quercus robur 1, Q. petraea 2 ; Strate arbustive haute : Carpinus betulus 4, Acer campestre 1, Sorbus torminalis 1, Quercus petraea 1 ; strate herbacée et arbustive-basse : Cornus sanguinea 2, Corylus avellana 2, Cornus mas 1, Hedera helix 2, Anemone nemorosa 1, Brachypodium sylvaticum 1, Carex montana 1, Lathyrus linifolius var. montanus 1, Ligustrum vulgare 1, Loncomelos pyrenaicus 1, Melampyrum pratense 1, Melica uniflora 1, Phyteuma spicatum 1, Prunus spinosa 1, Rosa arvensis 1, Euphorbia amygdaloides +, Melittis melissophyllum +, Asarum europaeum +, Betonica officinalis +, Campanula trachelium +, Carex flacca su

Canopée dominée en fonction des faciès par le Hêtre, le Chêne sessile ou le Chêne pédonculé ainsi que le Charme commun, avec diversité d’essences secondaires (Acer campestre, A. pseudoplatanus, Prunus avium, Fraxinus excelsior…). Le sous-bois peut être marqué par l’abondance des arbustes (Ligustrum vulgare, Cornus sanguinea, Crataegus monogyna, C. laevigata…). Flore herbacée diversifiée.

Acer campestre, Anemone nemorosa, Brachypodium sylvaticum, Campanula trachelium, Carex digitata, C. flacca, Carpinus betulus, Cornus mas, C. sanguinea, Crataegus laevigata, C. monogyna, Daphne mezereum, Fagus sylvatica, Galium odoratum, Hedera helix, Loncomelos pyrenaicus, Potentilla sterilis, Pulmonaria montana, Quercus petraea, Ranunculus auricomus, Rosa arvensis, Rubus vestitus, R. flexuosus, R. foliosus, Scilla bifolia, Viburnum lantana, Viola reichenbachiana.

Floristico-synécologiques :
- scilletosum bifoliae (Rameau 1974 : Essai de synthèse sur les groupements forestiers calcicoles de la Bourgogne et du sud de la Lorraine : 436-442) Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 [Syn. : Scillo bifoliae-Carpinetum betuli Rameau 1974 typicum], sur argile de décarbonatation, des plateaux calcaires du Nord-Est de la France (Lorraine, Bourgogne…).
- fagetosum sylvaticae (Rameau 1974 : Essai de synthèse sur les groupements forestiers calcicoles de la Bourgogne et du sud de la Lorraine : 464-469) Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 [Syn. : Scillo bifoliae-Carpinetum betuli Rameau 1974 fagetosum], des pentes moyennes à fortes (14 à 45°) d’exposition nord, en contexte collinéen à submontagnard (altitude comprise entre 160 m et 540 m). Sols de type rendosols, rendisol ou calcisols de profondeur variable, à texture dominée par les argiles et charge en éléments grossiers variable (de 5 % à 50 %, taille comprise entre 0,2 cm et 20 cm, avec parfois des blocs en surface). Horizon supérieur parfois superficiellement décarbonaté mais à horizon inférieur toujours carbonaté. Différenciée par Ulmus glabra, Tilia platyphyllos, Dryopteris filix-mas, Neottia ovata, Paris quadrifolia, Mercurialis perennis, plus rarement Cardamine heptaphylla. Assure la transition vers l’Ulmo glabrae-Fagetum sylvaticae (Rameau, A. Brunaud, F. Bugnon & J.-M. Royer 1971) Renaux, R. Boeuf, Timbal & J.-M. Royer in R. Boeuf 2014 ;
- caricetosum montanae (Rameau 1974 : Essai de synthèse sur les groupements forestiers calcicoles de la Bourgogne et du sud de la Lorraine : 460-464) Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019 [Syn. : Scillo bifoliae-Carpinetum betuli Rameau 1974 caricetosum montani], différenciée par Anemone hepatica, Carex alba, Carex montana, Carex ornithopoda, Melica nutans et Rubus saxatilis, mésoxérophile, des plateaux et versants à pentes faibles à moyennes et d’exposition variée, en contexte collinéen à submontagnard. Sols issus de roches calcaires (bruns calciques), à texture majoritairement argilo-limoneuse à charge en éléments grossiers variable. Rendisols de profondeur variable. Horizon supérieur parfois superficiellement décarbonaté mais horizon inférieur toujours carbonaté. Marque la transition vers le Carici montanae-Fagetum sylvaticae (Rameau 1974) R. Boeuf 2014. Il semble qu’un groupement proche floristiquement puisse s’observer en bas des versants chauds occupés par le Carici montanae-Fagetum sylvaticae (Rameau 1974) R. Boeuf 2014, au contact de fonds de vallon trop peu marqués pour que puisse s’exprimer une véritable chênaie pédonculée de fond de vallon du Scillo bifoliae-Quercetum roboris Rameau ex J.-M. Royer, Felzine, Misset & Thévenin 2005 ou de l’Aconito vulpariae-Quercetum roboris (Chouard 1927) Bugnon & Rameau 1974 ;
- luzuletosum pilosae Rameau 1974, neutrophile, des plateaux et versants de pentes faibles et d’exposition variée, en contexte planitiaire à collinéen. Sols décarbonatés en profondeur, à texture argilo-limoneuse, avec parfois une fraction sableuse, à charge en éléments grossiers généralement nulle. Sols moyennement profonds à profonds de type rendosols. Différenciée par Deschampsia cespitosa, Dryopteris carthusiana, Lonicera periclymenum Luzula pilosa, L. forsteri et Poa nemoralis. Transition vers le Deschampsio cespitosae-Fagetum sylvaticae (Rameau 1996) Renaux, R. Boeuf et J.-M. Royer 2011 ;
- rubietosum peregrinae O. Menard in Renaux, Timbal, Gauberville, Thébaud, Bardat, Lalanne, J.-M. Royer & Seytre 2019, des pentes faibles à fortes (exceptionnellement sur plateaux), surtout exposées au sud, en contexte planitiaire à collinéen (altitude comprise entre 135 et 540m). Sols à texture argilo-limoneuse à limono-argileuse, quelques fois très argileuse, à charge en éléments grossiers faible. Horizon supérieur parfois superficiellement décarbonaté. Différenciée par Betonica officinalis, Brachypodium gr. pinnatum, Dioscorea communis, Polygonatum odoratum, Rubia peregrina et Vincetoxicum hirundinaria.

Floristico-physionomiques :
- sylvofaciès de futaie, structuré par le Hêtre et le Chêne sessile [inclus Scillo bifoliae-Carpinetum betuli typicum Rameau 1974 relevés de futaie] ;
- sylvofaciès de taillis-sous-futaie [Syn. : Scillo bifoliae-Carpinetum betuli typicum Rameau 1974] avec expression plus forte de la flore vernale. (Loncomelos pyrenaicus, Ranunculus auricomus, Scilla bifolia, Primula elatior…) du fait d’un sous-étage plus clair. Floristico-géographiques : Nombreuses races géographiques à préciser (de Belgique, de Lorraine, du Jura, de Bourgogne, des vallées des Alpes externes…). La sous-association typicum semble s’observer surtout dans la partie nord et l’Ouest de l’aire de répartition de l’association.

Nord-Est de la France sous climat médioeuropéen. Présente également au Bénélux et en Allemagne.

Boeuf (2014) retient pour l’Alsace trois sous-associations pour le Carici flaccae-Fagetum sylvaticae Thill 1964, sans toutefois les valider, faute de proposer des types nomenclaturaux :
- circaetosum lutetianae R. Boeuf 2014 nom. inval. (art. 2b, 3o, 5), différenciée par Arum maculatum, Circaea lutetiana et Glechoma hederacea, des sols profonds à bonne réserve en eau, proche du typicum Rameau 1974 ;
- mercurialetosum perennis R. Boeuf 2014 nom. inval. (art. 2b, 3o, 5), différenciée par Mercurialis perennis, Daphne laureola et Helleborus foetidus, décrite sur sols superficiels dans le Jura alsacien ;
- cephalantheretosum damasoni R. Boeuf 2014 nom. inval. (art. 2b, 3o, 5) (Basion. : « hêtraie thermophile à orchidée in Thill 1964), différenciée par Cephalanthera damasonium, C. rubra, Epipactis atrorubens, E. helleborine, marquant la transition vers le Cephalanthero damasonii-Fagion sylvaticae Tüxen 1955 Willner 2002 et probablement assez proche du caricetosum montanae Rameau 1974.

Même si l’utilisation du Charme commun dans le nom binomial d’une hêtraie-chênaie-charmaie n’est pas idéale et que le typicum de l’association est clairement un sylvofaciès à chênes et charmes de hêtraie-chênaie-charmaie, les règles de l’ICPN imposent de retenir le Scillo bifoliae-Carpinetum betuli Rameau 1974. En effet, la proposition de Boeuf (2011) de retenir pour cette association le Carici flaccae-Fagetum sylvaticae Thill 1964 (La flore et la végétation du Parc national de Lesse et Lomme. tab. VIII col. A p. 37-38, basion. « Hêtraie mélangée à Laîche glauque » in Thill 1964), association validement publiée et antérieurement à la thèse de Rameau (1974), ne peut malheureusement plus être suivie. Dans la diagnose de Thill (1964) et d’après ses relevés, il correspond bien à l’association décrite ici, dans une variante peu représentée en France. Cependant, Boeuf a désigné par la suite comme néotype (Boeuf 2014, Les végétations forestières d’Alsace : 219) un relevé appartenant à une autre association retenue par ailleurs, le Daphno laureolae-Fagetum sylvaticae Durin, Géhu, Noirfalise & Sougnez 1967. Il s’agit du rel. 2 tab. h.t. in Roisin (1961), réalisé en Normandie en forêt de Lyons, dans l’aire géographique de Hyacinthoides non-scripta. Tel qu’il a été décrit initialement puis néotypifié, le Carici flaccae-Fagetum sylvaticae Thill 1964 semble dès lors recouvrir au moins partiellement deux associations, celle décrite dans cette fiche et le Daphno laureolae-Fagetum sylvaticae plus atlantique. Dans l’acception de Roisin (1961), le Carici flaccae-Fagetum sylvaticae se place bien à la transition entre les deux, ce qui était d’ailleurs la position retenue par Rameau (1996 ; 1997) et dans les Cahiers d’Habitats (Rameau et al. 2001). Ces différences d’interprétation s’expliquent parfaitement vu la présence d’un fond floristique commun entre les deux associations, et une transition progressive dans les secteurs sous influences océanique atténuées entre Daphno laureolae-Fagetum sylvaticae et Scillo bifoliae-Carpinetum betuli. En outre, Hyacinthoides non-scripta, dont la présence pourrait permettre de trancher, est souvent absente sur ce type de station. La proposition d’un nomen ambiguum pourrait être éventuellement étudiée ultérieurement pour le Carici flaccae-Fagetum sylvaticae.

Bailly G., 1995 ; Beaufils Th., 1984 ; Beaufils Th., Bailly G., 1998 ; Beaufils Th., Rameau J.-C., 1983 ; Boissier J.-M., 1996 ; Boeuf R., 2014 ; Chouffot E., 1985 ; Duburget J., Gillet F., Bidault M., 1986 ; Ferrez Y. et al., 2011 ; Gégout, J.-C. et al. 2008 ; Gillet F., 1986 ; Herbert I., Rebeirot F., 1985 ; Herbert I., Rebeirot F., 1986 ; Jacamon M., Timbal J., 1974 ; Joud D., 1995 ; Ménard O. 2017 ; Oberti D., 1993a ; Oberti D., 1993c ; Pache G., 1998 ; Peiffer D., 1996 ; Rameau J.-C., 1974 ; Rameau J.-C., 1978 ; Rameau J.-C., 1988b ; Rameau J.-C., 1992 ; Rameau J.-C., 1994 ; Rameau J.-C., Mansion D. & Dumé G., 1989 ; Royer J.-M. et al., 2006 ; Rübel E., 1930 ; Rameau, A. Brunaud, F. Bugnon A. & Royer J.-M. 1971 ; Schnider P., Küper M.,Tschauder B., Käser B., 1996 ; Simmonot J.-L., 1991 ; Souchier B., 1971 ; Thévenin S., 1992 ; Timbal J., 1979 ; Timbal J., 1980 ; Vacher V., 1996.

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)