Populetalia albae Braun-Blanq. ex Tchou 1948

Prodrome des végétations de France décliné (PVF2)

Synécologie

Forêts riveraines, planitiaires à montagnardes, sous influence d’une nappe alluviale plus ou moins profonde et des crues, ces dernières rarement destructrices pour la strate arborée au contraire des forêts alluviales pionnières des Salici purpureae-Populetea nigrae (Moor 1958) Rivas Mart. et al. ex R. Boeuf 2014. Leur écologie est à la fois caractérisée par un bilan hydrique excédentaire et par le rythme et l’importance des crues, parfois à l’origine d’un rajeunissement de la végétation au sol mais surtout d’un alluvionnement induisant la présence de sols alluviaux souvent profonds et des niveaux trophiques élevés (laisses de crue).

Nom cité du syntaxon

Populetalia albae Braun-Blanq. ex Tchou 1948 (Vegetatio, Acta Geobotanica I(1) : 11, 19) typus conserv. propos.

Synonymes

Syn. syntax. : Populetalia albae Braun-Blanq. 1931 nom. inval (art. 2b, 3) ; Populetalia albae Braun-Blanq. et Tüxen 1943 nom. inval (art. 2b, 3) ; Alno incanae-Fraxinetalia excelsioris (Oberd. 1953) H. Passarge 1968 nom. superf. (art. 29) ; Alno-Fraxinetalia Moor 1976 nom. illeg. (art 31) ; Rubio peregrinae-Ulmetalia minoris Biondi, Casavecchia, Gasparri et Pesaresi in Biondi et al. 2015 nom. superf. (art. 29) ; non Populetalia albae Tüxen 1931 nom. ambig. rejic. propos. (3f, 36) in Mucina et al. 2016 (Applied Vegetation Science 19 (1) : 131).

Type nomenclatural

Typus ordinis : Populion albae Braun-Blanq. ex Tchou 1949 (Vegetatio, Acta Geobotanica I(1) : 11 & I(2-3) : 93-99 et tab 9 h.t.).

Physionomie

Canopée dominée par les postpionnières et les pionnières des genres Alnus et Fraxinus, dans certains cas Quercus et Ulmus. Présence disséminée, notamment dans les stades pionniers et de dégradation, de Peuplier noir (Populus nigra), Peuplier blanc (P. alba) et d’espèces des genres Salix (notamment : Salix Alba, S. purpurea…).

Combinaison caractéristique d'espèces

Caractéristiques et différentielles d’ordre : Alnus glutinosa, Calystegia sepium, Humulus lupulus, Phalaris arundinacea, Populus nigra, Salix alba, Elymus caninus, Rubus caesius. Bien que citée par Rivas-Martinez et al. (2002), Ficaria verna est davantage caractéristique des chênaies pédonculées non alluviales du Fraxino excelsioris-Quercion roboris (Ulmo-Fraxinetalia excelsioris), bien qu’elle est effectivement présente dans les Populenalia albae. Osmunda regalis, Populus alba et Symphytum tuberosum sont davantage des caractéristiques des Populenalia albae. Salix atrocinerea, citée également par ces auteurs, se retrouve peu dans les Populetalia albae en France, mais peut apparaître dans certaines alliances des niveaux inférieurs.

Remarques

- La publication en quatre parties étalées sur 1948 et 1949 (Tchou 1948, 1949a, 1949b & 1949c) des éléments relatifs au Populetalia albae, au Populion albae et au Populetum albae pose un certain nombre de problèmes d’un point de vue nomenclatural et syntaxonomique. Après consultation de J.-P. Theurillat et L. Mucina (comm. pers.), le Populion albae et le Populetum albae demeurent nomen nudum dans l’article de 1948. L’association n’est validée qu’en 1949, dans la seconde partie de l’article, entraînant dès lors la validation du Populion albae. L’Alno-Ulmion Braun-Blanq. et Tüxen ex Tchou 1948 est cependant validé dès le premier article de 1948, avec pour typus le Fraxino angustifoliae-Alnetum glutinosae Tchou 1948 (syn. : Alno-Fraxinetum oxycarpae Braun-Blanq. ex Tchou 1948), ce qui pourrait conduire à considérer cette alliance de fait comme le type des Populetalia albae Braun-Blanq. ex Tchou 1948. Ceci pourrait faire des Populetalia albae un nomen ambiguum (art. 36) d’après J.-P. Theurillat (comm. pers.), car le Populion albae est condidéré à travers la littérature phytosociologique comme le type de l’ordre, ce qui était d’ailleurs l’intention première de l’auteur. En conséquence, nous proposons de conserver cette alliance comme type de l’ordre.
- Les végétations alluviales des Populetalia albae sont probablement les végétations forestières les plus touchées par les espèces exotiques (dont certaines envahissantes), parmi lesquelles on peut citer Impatiens glandulifera, Solidago gigantea, les Reynoutria, et parmi les arbres Acer negundo, Ailanthus altissima, Robinia pseudoacacia, et dans une moindre mesure divers hydrides et cultivars de peupliers.
- Le traitement de la classe voisine des Salici purpureae-Populetea nigrae (Moor 1958) Rivas Mart., T.E. Diaz, Fern. Gonz., Izco, Loidi, Lousã & Penas ex Boeuf 2014 (Foucault & Cornier à paraître) semble y inclure des stades dynamiques enrichis en bois dur. La transition entre les deux classes serait donc à préciser. Dans la conception qui est la nôtre, les Salici purpureae-Populetea nigrae seraient à restreindre aux végétations non structurées par les essences à bois dur, du fait des contraintes stationnelles, une maturation de communautés des Salici purpureae-Populetea nigrae vers celles des Populetalia albae étant possible en cas de levée du blocage stationnel (disparition -naturelle ou anthropique- des crues destructrices par exemple).

Bibliographie

 Renaux B., Timbal J., Gauberville C., Thébaud G., Bardat J., Lalanne A., Royer J.-M. & Seytre L., 2019. Contribution au Prodrome des végétations de France : les Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Doc. phytosoc., série 3, 11 : 1-423. (Source)