Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Etage : Bathyal
Nature du substrat : Roches horizontales ou subhorizontales peu envasées
Répartition bathymétrique : Entre 200 et 400 m de profondeur
Situation : Mer ouverte, large
Hydrodynamisme : Zone de renforcement hydrodynamique
Salinité : 38
Température : 13 °C
Lumière : Absente
Régime trophique : Oligotrophe

La gorgone-fouet ou Viminella flagellum est souvent observée en colonie formant des faciès assez denses. Ce faciès est retrouvé sur des surfaces limitées, horizontales ou subhorizontales, peu envasées comme des marches rocheuses ou des bancs rocheux profonds (entre 100 et 400 m de profondeur) exposés aux courants. Cet anthozoaire est un filtreur passif ce qui explique la nécessité d’un courant conséquent dans les zones de vie de cette organisme. Les colonies sont souvent de couleur blanche mais peuvent, dans certains cas, être de couleur orange (Fourt et Goujard, 2012).
Les données anciennes sont des données d’analyses de dragage. Ainsi elles reflètent assez peu la réalité de l’espèce dans son habitat naturel (Bo et al., 2011). Les données récentes proviennent d’observations visuelles et de prélèvements permettant une meilleure appréhension de l’habitat. Lors des campagnes MedSeaCan et CorSeaCan, ce faciès à Viminella flagellum a été rencontré à des profondeurs plus faibles (100 et 300 m) et en plus grand nombre (jusqu’à 80 individus observés sur le même site) dans les canyons de Corse que dans ceux du continent français (200 à 400 m et 30 individus) (Fourt et Goujard, 2012, Fourt et al., 2013).

Viminella flagellum est l’espèce caractéristique de ce faciès.

Dendrophyllia cornigera, Parantipathes larix, Acanthogorgia hirsuta, Antipathes dichotoma, Poecillastra compressa et Antipathella subpinnata ont été rencontrées dans le faciès à Viminella flagellum, avec un nombre d’occurrence supérieur à 4, durant les campagnes MedSeaCan et CorSeaCan.
D’autres espèces comme Madrepora oculata, Callogorgia verticillata, Helicolenus dactylopterus, Leiopathes glaberrima, Munida spp. peuvent être rencontrées dans ce faciès à Viminella flagellum (Fourt et Goujard, 2012 ; Fourt et al., 2013 ; Angiolillo et al., 2014).

Fonds rocheux horizontaux ou subhorizontaux entre 200 et 400 m avec des colonies denses de Viminella flagellum.

Biocénose de la roche du large (RL) (IV.3.5.)
Biocénose des roches bathyales (V.3.1.)
Faciès à Callogorgia verticillata (V.3.1.b.)
Faciès à Acanthogorgia hirsuta (V.3.1.c.)
"Faciès" des coraux profonds (V.3.1.d.)
"Faciès" à antipathaires et/ou gorgonaires (V.3.1.f.)

Il n’y a pas de confusion possible de ce faciès. Funiculina quadrangularis, possédant également un seul axe, peut être confondu avec la forme blanche de Viminella flagellum mais l’espèce se développe sur des fonds meubles. Le faciès à Viminella flagellum des roches bathyales ne peut donc pas être confondu avec un autre faciès (Fourt et Goujard, 2012).

Le faciès à Viminella flagellum a été observé, durant les campagnes MedSeaCan et CorSeaCan, entre 100 et 200 mètre au canyon de Galéria, de Calvi, d’Asinara, d’Ajaccio, de Valinco, des Moines et de Cargèse, et entre 100 et 300 m dans le canyon de Porto. Entre 200 et 400 m de profondeur, ce faciès a été retrouvé au niveau du canyon de l’Île-Rousse, de Centuri nord, de Cassidaigne, de Sicié, de Porquerolles et de Toulon (Fourt et Goujard, 2012 ; Fourt et al., 2013). Ce faciès a été observé récemment en Italie (Giusti et al., 2012 ; Angiolillo et al., 2014).

Viminella flagellum, espèce érigée, peut créer des habitats complexes en trois dimensions ce qui augmentent la diversité des organismes présents (Angiolillo et al., 2014).

Le faciès à Viminella flagellum recouvre des zones de petites surfaces et n’a été observé, pour l’instant, qu’en Méditerranée française et récemment en Italie (pour le Méditerranée). Comme toutes les espèces érigées, Viminella flagellum est une espèce structurante pouvant augmenter la biodiversité de la zone. Ceci pourrait être une motivation pour créer des zones profondes protégées en Méditerranée (Angiolillo et al., 2014).

Un nombre important de déchets, que ce soient des lignes de pêche perdues, des engins de guerre ou de pêche ou d’autres encore, ont été observés dans les canyons de France continentale (Fourt et Goujard, 2012). Ces objets et les chalutages peuvent altérer voir même détruire le faciès à Viminella flagellum. Les études italiennes ont montré que la pêche, par son action directe ou indirecte (engins de pêche perdus) pouvait casser les organismes érigés et donc agir sur la morphologie des espèces fragiles profondes (Rossi, 2013 ; Bo et al., 2014 ; Cau et al., 2015).

Il y a trop peu d’informations sur cette espèce pour en déduire une tendance évolutive du faciès, mais sa résilience est probablement faible (La Rivière et al., 2016), il peut potentiellement être affecté par des perturbations et changements environnementaux rapides.

Palomba L., Chevaldonné P.

2016

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

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