Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)
Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Vase, sable vaseux et sable
Répartition bathymétrique : 0 à quelques mètres
Situation : Milieu plus ou moins fermé, souvent séparé de la mer ouverte
Hydrodynamisme : Faible à moyen
Salinité : Variant de l’eau poly- à euhaline
Température : Variable
Lumière : Forte luminosité
Régime trophique : -
Présente, dans l'ensemble de la Méditerranée, particulièrement en Méditerranée occidentale, dans des eaux poly- à euhalines, Zostera noltei peut aussi ponctuellement être décrite dans des eaux à salinité inférieure à 20. L’optimum de salinité pour la germination de Z. noltei est compris entre 1-10 (Hootsmans et al., 1987, Loques et al., 1990). Elle est ensuite très tolérante aux fluctuations de salinité (Lauret et al., 2011). L’association à Zostera noltei se développe dans des lagunes de salinité variable mais relativement constante dans le temps, à faible profondeur (0-4 m) sur des substrats meubles variés, allant du sable à la vase. Elle forme des peuplements monospécifiques ou en association avec Ruppia spiralis (Syn. Ruppia cirrhosa) ou Zostera marina sur de larges surfaces dans les lagunes. Elle résiste à l’ hydrodynamisme. Elle est très sensible à l’eutrophication, à la turbidité et à la pollution des eaux. Dans le cas de cette association de la biocénose euryhaline et eurytherme, la faune est riche et est constituée des espèces d’eaux saumâtres et marines de la biocénose-cadre.
De manière générale, Z. noltei croît dans des biotopes moins profonds (<1 m) que Z. marina (1 -4 m) et souvent en bordure des herbiers constitués par cette dernière, peut-être en relation avec une meilleure adaptation aux irradiances fortes (Jimenez et al., 1987). Dans les lagunes méditerranéennes, elle peut être en mélange avec Ruppia spiralis (Syn. Ruppia cirrhosa) et/ou Zostera marina.
Elle colonise les eaux plutôt oligotrophes car elle a la capacité d’utiliser l’azote et le phosphore présents dans le sédiment pour assurer sa croissance. Lors de périodes de décôte liées aux conditions météorologiques (vent fort, peu de précipitation), Zostera noltei peut être émergée en partie (extrémité des feuilles) ou en totalité pendant plusieurs heures.
En zone exondable, comme dans certaines formations lagunaires ou fonds de baies abritées peu profondes, l'extrémité des feuilles peut atteindre la surface de l'eau et l'herbier ainsi émergé est alors soumis à de fortes variations d'intensité lumineuse et de température. L'espèce est ainsi considérée comme une plante adaptée aux conditions difficiles, capable de supporter ces dessications ponctuelles.
Z. noltei est pérenne dans les lagunes méditerranéennes françaises. La biomasse des feuilles et des rhizomes sont maximales l’été et la densité de faisceaux décroit rapidement au cours de l’automne. Les graines viables issues de la reproduction sexuée, achèvent rarement leur germination, au printemps la plante régénère essentiellement à partir des rhizomes encore vivants (reproduction végétative). Elle se dissémine par ses spathes flottantes portant des graines.
Zostera noltei Hornem., 1832 (espèce déterminante de l'inventaire ZNIEFF Corse, Languedoc-Roussillon et PACA et Arrêté du 9 mai 1994)
Zostera marina
Ruppia spiralis (Syn. Ruppia cirrhosa)
Cymodocea nodosa
Lamprothamnium papulosum
Ulva spp.
Gracilaria spp.
Chaetomorpha spp.
Polysiphonia spp.
Présence de Zostera noltei en milieu lagunaire.
III.1.1.b Association à Ruppia spiralis (Syn. Ruppia cirrhosa) et/ou Ruppia maritima
III.1.1.d Association à Zostera marina
III.1.1.e Association à Cymodocea nodosa
Avec l'espèce voisine, Zostera marina, avec laquelle elle peut constituer des peuplements mélangés. En milieu hypersalin Z. noltei est en compétition avec les Ruppia avec lesquelles elle est souvent confondue (III.1.1.b.) La partie apicale des feuilles de Zostera noltei est cependant différente (présence de petites dents pour Ruppia spiralis (Syn. Ruppia cirrhosa)). Il est possible de confondre l’association avec l'association à Zostera noltei de la biocénose des sables vaseux superficiels de mode calme (SVMC) en milieu ouvert (III.2.3.a.).
L’association à Zostera noltei est commune dans lagunes des côtes méditerranéennes et corses et dans des lagunes littorales telle que Thau ou Berre, dans des eaux à salinité comprises entre 15 et 35 g/l. Zostera noltei peut aussi être présente dans des eaux à salinité inférieure à 20 g/l.
Les herbiers à Zostères participent aux processus écologiques, énergétiques et économiques essentiels au fonctionnement et au maintien de l'équilibre hydrologique de l'écosystème lagunaire, tels que l’oxygénation, la dynamique des nutriments et le transfert d'énergie vers les échelons trophiques supérieurs (Gerbal & Verlaque 1995).
Zostera noltei est dite « ingénieur d’écosystème », jouant un rôle de production d’oxygène, de nurserie et de nourrissage pour de nombreuses espèces. Ce sont de véritables « hot-spots » de biodiversité. Elle a également un rôle de protection contre l’érosion des berges en stabilisant le sédiment.
Elle est consommée par les canards herbivores et les foulques.
Espèce marine protégée sur les côtes françaises. La vulnérabilité et les menaces sur cette association sont celles de la biocénose de rattachement et notamment les remblaiements et activités d'urbanisation.
Les zostères sont des phanérogames marines qui jouent un rôle majeur dans les écosystèmes lagunaires. Les bénéfices écologiques des herbiers de zostères sont multiples : leurs racines limitent la remise en suspension des sédiments et stockent la matière organique ; leur forte production photosynthétique permet la production d’oxygène dans l’eau ; leurs feuilles abritent une large biodiversité d’épiphytes (organismes vivants sur les feuilles) ; et surtout ces herbiers sont des lieux de reproduction, de nurseries et d’abri pour de nombreuses espèces aquatiques, de poissons notamment.
Zostera noltei contribue relativement peu à l'alimentation des oiseaux, mais sert de refuge pour une faune aquatique diversifiée. A l’échelle d’une lagune la présence de cette association est primordiale pour un fonctionnement équilibré. Leur présence en quantité dans un milieu témoigne d’une bonne qualité écologique (faible niveau d’eutrophisation).
La vulnérabilité et les menaces sur cette association sont celles de la Biocénose de rattachement et notamment les remblaiements et activités d'urbanisation, l’eutrophisation, le changement climatique (fréquence des évènements extrêmes) et la contamination chimique (Espel et al., 2019).
De manière générale, les herbiers de Zostera noltei, comme la plupart des autres magnoliophytes, sont en régression à l’échelle mondiale. Les principales causes en sont de natures anthropiques, directes et indirectes : eutrophisation, modifications des milieux sédimentaires, dégradations mécaniques et pollutions. Des tendances à l’expansion des zones colonisées sont cependant aujourd’hui décrites au sein des lagunes méditerranéennes françaises. Elles traduiraient la diminution des pressions anthropiques sur ces masses d’eau.
Fréjefond C., Michez N., Cimiterra N., Derolez V., Grillas P. & Ouisse V.
2021
La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)
Michez, N., Fourt, M., Aish, A., Bellan, G., Bellan-Santini, D., Chevaldonné, P., Fabri, M.-C., Goujard, A., Harmelin, J.-G., Labrune, C., Pergent, G., Sartoretto, S., Vacelet, J. et Verlaque, M. 2014. Typologie des biocénoses benthiques de Méditerranée Version 2. Service du patrimoine naturel, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. SPN 2014 - 33: 26 pp. (Source)
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