Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Sable
Répartition bathymétrique : 2 à 25m
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Moyen
Salinité : Normale, pouvant supporter une légère dessalure
Température : Normale
Lumière : La lumière peut atteindre l’ensemble de la bathymétrie de l’habitat, mais peut aussi être restreinte en fonction de la présence de particules apportées par les fleuves et les rejets anthropiques ainsi que l’ombrage des cages d’aquaculture

Cette association se caractérise par une colonisation de certaines zones très locales par la phanérogame marine Cymodocea nodosa, vivant sur des fonds sédimentaires formés de sables fins bien calibrés et formant localement un faciès d’épiflore (Bajjouk et al., 2015).
L’association à Cymodocea nodosa sur SFBC se développe en mer ouverte où la phanérogame colonise préférentiellement les biotopes relativement abrités, les zones portuaires, l’intérieur des digues et les fonds sableux superficiels entre la côte et la limite supérieure des herbiers à P. oceanica (Buia et al., 1985a). Elle peut également donner lieu à de vastes herbiers entre la surface et une trentaine de mètres de profondeur (Mazzella, 1990). C. nodosa peut également coloniser le substrat meuble au-delà de la limite profonde des herbiers à P. oceanica (Olesen et al., 2002).

Si des régressions locales de Cymodocea nodosa ont été enregistrées dans des secteurs soumis à une forte pression des activités humaines (Haritonidis et al., 1990), cette espèce semble plutôt influencée par des fluctuations naturelles à long terme comme les variations de salinité, les tempêtes violentes, l’action des herbivores ou les changements climatiques (Turk & Vukovic 2000, Shili et al. 2002, Barsanti et al., 2007) qui peuvent entraîner un stress et une mortalité importants des herbiers marins.
De façon générale, cette espèce à affinité chaude semble plutôt favorisée par le réchauffement global du milieu (Boudouresque et al., 2009). Dans plusieurs secteurs de Méditerranée, Cymodocea nodosa a profité de la régression de Posidonia oceanica pour se développer (Montefalcone et al., 2007b).

Les changements saisonniers de l'abondance de la phanérogame diffèrent selon les substrats. De plus, la saisonnalité est plus prononcée dans les habitats moins profonds, car la température et les conditions hydrodynamiques sont plus fluctuantes.
Les paramètres phénologiques de Cymodocea nodosa présentent une tendance saisonnière avec des valeurs élevées du nombre de feuilles par pousse et une largeur plus importante des feuilles entre mai et juillet et des valeurs minimales entre novembre et janvier. L’élongation des rhizomes est en moyenne de 30 cm par an pour un nombre moyen de 16 nouvelles feuilles produites chaque année (Cancemi et al., 2002).

Cymodocea nodosa (Ucria) Asch., 1869 - Espèce déterminante de l'inventaire ZNIEFF Corse, Languedoc-Roussillon et PACA, Convention de Berne Annexe I et Arrêté du 19 juillet 1988

L'abondance maximale de nombreuses espèces associées à l’herbier de Cymodosea nodosa coïncide avec le développement maximal de l’herbier (printemps - été), qui fournit plus de ressources à cette période (surface, biomasse, protection, alimentation).
-La grande nacre Pinna nobilis peut être présente dans les herbiers de cymodocées tout comme la nacre épineuse (Pinna rudis)
Pinna nobilis est une espèce patrimoniale et protégée
Directive 92/43/CEE (Directive européenne dite Directive Habitats-Faune-Flore) : Annexe IV
Amendement protocole Barcelone : Annexe II
Liste des animaux de la faune marine protégés sur l’ensemble du territoire français métropolitain : Article 1
Espèce déterminante de l'inventaire ZNIEFF Corse, Languedoc-Roussillon et PACA
- la famille des Hippolytidae et, en particulier, Hippolyte leptocerus
- l'oursin Paracentrotus lividus – espèce réglementée
Amendement protocole Barcelone : Annexe III
Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne) : Annexe III
- le rason Xyrichtys novacula
- la pastenague commune Dasyatis pastinaca
- la raie aigle Myliobatis aquila

Etendues de sables fins à des profondeurs comprises entre 2 et 25 m, colonisées par la phanérogamme marine Cymodocea nodosa. Les feuilles sont vertes, étroites, comportent 7 nervures longitudinales et leur extrémité est dentelée. Les rhizomes sont minces, annelés et parfois peu enfouis.

Au-dessus, se trouvent les sables fins de haut niveau (III.2.1) ; l’herbier à Posidonie (III.5.1). L’herbier à Posidonie (III.5.1) est parfois en contact, et souvent présent par des touffes isolées sur le sable.

La cymodocée peut être confondue avec les deux espèces de zostères, Zostera marina (dont les feuilles sont plus larges) et Zostera noltei (dont les feuilles sont moins larges).

Elle se développe en milieu abrité entre la côte et les herbiers de posidonies sur la totalité du littoral méditerranéen français (Occitanie, PACA, Corse) où la lumière est suffisante. Du fait de la difficulté de cartographier la cymodocée, la superficie totale qu’elle occupe est difficile à évaluer.

L’association à Cymodocea nodosa sur SFBC participe aux processus écologiques, énergétiques et économiques essentiels au fonctionnement et au maintien de l'équilibre hydrologique, tels que l’oxygénation, la dynamique des nutriments et le transfert d'énergie vers les échelons trophiques supérieurs (Gerbal & Verlaque 1995). Une partie de sa biomasse (feuilles et rhizomes) est exportée vers d’autres habitats où sa décomposition est source de nutriments.

Comme certains autres herbiers de phanérogames marines, les herbiers à Cymodocea nodosa jouent un rôle fonctionnel primordial pour le recrutement et l’installation d’un grand nombre d’espèces, grâce à un enrichissement en matière organique du peuplement et à un rôle de support à une microflore et à une microfaune qui constituent une source alimentaire utilisable dans l’ensemble du réseau trophique local.

Les herbiers sont sensibles à la pollution et au facteur de destruction que représentent l'ancrage des bateaux et les aménagements littoraux (ports, plages artificielles). Une ancre peut arracher une grosse quantité de rhizomes, ce qui peut représenter plusieurs années de croissance, mais aussi une zone où l'herbier sera fragilisé par les courants ou l'arrivée de nouvelles espèces exogènes (par exemple Caulerpa taxifolia ou Caulerpa cylindracea). Du fait de leur faible profondeur de colonisation, les herbiers à C. nodosa subissent également l’impact de l’implantation de systèmes de mouillages (corps-morts) illégaux.
Cymodocea nodosa, est à même d’utiliser très rapidement les sels nutritifs (apport anormal de nutriments dans le milieu), qui sont souvent des facteurs limitants (ex: Phosphore), pour leur propre croissance (Perez et al., 1991).
L’habitat est donc directement soumis à l’activité anthropique sur le littoral : émission de pollutions, d’eaux turbides, aménagements, apport en nutriments. Il est aussi nécessaire de veiller à une bonne gestion de la pêche artisanale aux arts traînants qui s’y pratiquent.

Zones soumises aux apports et à la sédimentation des particules fines provenant des cours d’eau ou des rejets anthropiques. L’hydrodynamisme n’est généralement pas assez fort pour empêcher cette sédimentation.
Après régression, Cymodocea nodosa peut être remplacée par des espèces opportunistes telles que Caulerpa prolifera, réduisant de manière significative la faune associée aux herbiers et la prolifération du ver polychète Capitella capitata. Le principal problème est que bon nombre des fonctions et services rendus par les herbiers à Cymodocea nodosa (exportation de la production primaire vers d'autres écosystèmes, filtration de l'eau, etc.) ne peuvent être remplacés par les fonctions et services fournis par C. prolifera (OSPAR, 2010)

Fréjefond C., Bellan G., Abadie A., Pelaprat C.

2021

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

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