III.6.1.d. - Association à Gongolaria sauvageauana (Syn. Cystoseira sauvageauana) et Gongolaria barbata (Syn. Cystoseira barbata)

Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Evolution

ATTENTION : L’évolution de la taxonomie a mené à une modification du nom des espèces caractéristiques(Gongolaria sauvageauana (Hamel) Molinari & Guiry 2020) et Gongolaria barbata (Stackhouse) Kuntze 1891). L’association à Cystoseira sauvageauana et C. barbata devrait ainsi être renommée comme « Association à Gongolaria sauvageauana (Syn. Cystoseira sauvageauana) et Gongolaria barbata (Syn. Cystoseira barbata

Facteurs abiotiques

Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Fonds durs
Répartition bathymétrique : Entre 0 et 1 mètre de profondeur (jusqu’à 8 m)
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Mode très abrité à modéré
Salinité : Normale 37-38
Température : Normale de 13 à 26
Lumière : Forte luminosité
Régime trophique : Gongolaria sauvageauana dans des eaux oligotrophes et Gongolaria barbata dans des eaux eutrophes

Caractéristiques stationnelles

Cette association se rencontre dans des biotopes photophiles superficiels (de 0 à 1 m) très abrités. Ces deux espèces peuvent pousser en épiphytes de Cymodocea nodosa en arrière d’un récif barrière. Elles forment des prairies denses qui recouvrent, en sous strate, un peuplement sciaphile bien développé. Gongolaria sauvageauana est endémique de la Méditerranée (Espagne, France, Sicile, Algérie et Tunisie), elle est remplacée par sa vicariante Gongolaria montagnei var. tenuior (Syn. Cystoseira montagnei var. tenuior)en Méditerranée orientale. L’espèce se rencontre de la surface jusqu’à 25 mètres de profondeur. L'association phytosociologique Cystoseiretum sauvageauanae a été décrite dans le Golfe de Catania par Giaccone en 1994. Elle se rencontre dans des fonds subhorizontaux caractérisés par un hydrodynamisme modéré.
 
On trouve Gongolaria barbatadans le haut de l’infralittoral dans les zones abritées, les baies peu profondes ainsi que dans les lagunes côtières (cf. l’association III.1.1.l.). Elle supporte donc la dessalure et des conditions légèrement vaseuses.

Variabilité

L’association à Gongolaria sauvageauana est présente en PACA et en Corse, elle est par contre éteinte dans le Languedoc.
La plupart du temps, ces deux associations sont séparées. Elles sont très rarement en mélange, le seul site connu étant situé sur la face Ouest du cap d’Antibes.

Dynamique

Aucune information sur la dynamique des espèces et des associations.
En cas de perturbations, elles sont remplacées par l’association à Padina pavonica, Dictyotales, Halopteris scoparia (Syn. Stypocaulon scoparium) et Laurencia spp. / Anadyomene stellata (III.6.1.k.) ou par des faciès de surpâturage à algues calcaires encroûtantes et oursins (III.6.1.x.).

Espèces associées

Toutes les espèces de l’infralittoral entre 0 - 1 m soit environ 400 espèces.

Principaux critères de reconnaissance

Gongolaria sauvageauana possède un axe unique formant une grosse boursouflure vers l’apex et n’a pas de tophule.
Gongolaria barbata possède un axe simple cylindrique avec un apex lisse et saillant puis des ramifications de deuxième ordre et d’ordre supérieur qui se détachent. Les rameaux secondaires sont très longs et munis de flotteurs en chaine. Les réceptacles sont terminaux et fusiformes.
Les deux espèces sont impossibles à confondre entre elles.

Habitats associés ou en contact

Au-dessus, la biocénose de la roche médiolittorale inférieure (RMI) (II.4.2.)
En-dessous, d’autres aspects de la biocénose des algues infralittorales (III.6.1.) ou la biocénose de l'herbier à Posidonia oceanica
Sur les côtés, en mode battu, l’association à Ericaria amentacea (Syn. Cystoseira amentacea var. stricta) / Ericaria mediterranea (Syn. Cystoseira mediterranea) (III.6.1.a.) et en milieu perturbé l’association à Padina pavonica, Dictyotales, Halopteris scoparia (Syn. Stypocaulon scoparium) et Laurencia spp. / Anadyomene stellata (III.6.1.k.) ou le faciès de surpâturage à algues calcaires encroûtantes et oursins (III.6.1.x.)

Confusions possibles

Aucune

Répartition géographique

Dans les Alpes-Maritimes, l’association à Gongolaria barbata est fonctionnellement éteinte. L’espèce n’a été observée récemment que sur seulement 3 sites. Pour Gongolaria sauvageauana, quelques individus ont été observés sur 5 sites au sein de cuvettes, dans le premier mètre de profondeur et à 25 mètres, parfois associés à d’autres espèces de Cystoseira, Ericaria ou Gongolaria (synonymes des Cystoseira :  C. barbata f. barbata, C. compressa, C. crinita et C. jabukae) mais aucune observation de l’association en tant que telle n’a été effectuée (Thibaut et al., 2016)
Dans le Var, quelques populations de Gongolaria barbata sont présentes notamment à Port-Cros.
L’association à Gongolaria sauvageauana est présente à Sainte-Maxime.
Les deux associations sont présentes en Corse où Gongolaria barbata y est fréquente et Gongolaria sauvageauana plus réduite.
Dans les Bouches du Rhône, Gongolaria barbata est éteinte et seuls quelques individus de Gongolaria sauvageauana sont recensés.
Dans le Languedoc, l’association est fonctionnellement éteinte hormis dans les lagunes pour Gongolaria barbata (Thibaut et al., 2016)

Structure et fonctions

Structure : forêt algale/peuplements arborescents
Fonctions : nurseries d’espèces vivant dans les premiers mètres (Blennidae, Labridae, Sparidae, Serranidae), production primaire.

Intérêt pour la conservation

Cette association participe à l'équilibre du milieu, au maintien de la biodiversité, au refuge de la petite faune vagile servant au nourrissage des poissons. La production y est importante.

Menaces potentielles

Les menaces sont :
- le surpâturage par les oursins,
- la destruction de l’habitat,
- l'introduction volontaire ou involontaire d'espèces étrangères au milieu qui dans certains cas s'adaptent aux nouvelles conditions de ce milieu et deviennent par la suite des espèces invasives. C'est le cas de Caulerpa cylindracea et Caulerpa taxifolia, Womersleyella setacea.

Tendance évolutive

L’association à Gongolaria barbata peut être considérée comme fonctionnellement éteinte dans les Alpes-Maritimes. La situation de l’espèce est jugée critique puisque sur la période de 2007 à 2013 elle n’a pas été retrouvée aux stations où elle avait été précédemment observée hormis sur 3 sites.
 
En comparant les informations historiques aux données récentes, l’espèce Gongolaria sauvageauana est en fort déclin le long de la côte des Alpes-Maritimes. L’association est considérée comme localement éteinte dans cette région.
 
L’association est totalement éteinte sur la côte des Albères.

Auteur(s)

Thibaut T., Michez N., Verlaque M., Fréjefond C.

Date de rédaction

2021

Bibliography

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

Michez N., Dirberg G., Bellan-Santini D., Verlaque M., Bellan G., Pergent G., Pergent-Martini C., Labrune C., Francour P., Sartoretto S., 2011. Typologie des biocénoses benthiques de Méditerranée, Liste de référence française et correspondances. Rapport SPN 2011 - 13, MNHN, Paris, 50 p. (Source)

Boudouresque C.F., Perret-Boudouresque M., Knoepffler-Peguy M. 1984. Inventaire des algues marines benthiques dans les Pyrénées-Orientale (Méditerranée, France). Vie et milieu, 34 (1) : 41-59.

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Thibaut T., Blanfuné A., Boudouresque C.F., Cottalorda J.M., Hereu B., Susini M.L. & Verlaque M. 2016. Unexpected temporal stability of Cystoseira and Sargassum forests in Port-Cros, one of the oldest Mediterranean marine National Parks. Cryptogamie, Algologie 37 (1): 61-90

VERLAQUE M., 1987. Contribution à l’étude du phytobenthos d’un écosystème photophyle, termophyle marin en Méditerranée occidentale. Thèse de Doctorat d’Etat, Université d’Aix-Marseille II, 389 pp.