III.6.1.c. - Association à Ericaria brachycarpa (Syn. Cystoseira brachycarpa), Ericaria funkii (Syn. Cystoseira funkii) et Gongolaria montagnei var. tenuior (Syn. Cystoseira spinosa var. tenuior) / Gongolaria squarrosa (Syn. Cystoseira squarrosa)

Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Evolution

ATTENTION : L’évolution de la taxonomie a mené à une modification du nom d’espèces caractéristiques (Ericaria brachycarpa (J.Agardh) Molinari & Guiry 2020; Ericaria funkii (Schiffner ex Gerloff & Nizamuddin) Molinari & Guiry 2020 ; Gongolaria montagnei var. tenuior (Ercegović) Molinari & Guiry 2020 ; Gongolaria squarrosa (De Notaris) Kuntze 1891). L’association à Cystoseira brachycarpa, C. funkii et C. spinosa var. tenuior / C. squarrosa devrait ainsi être renommée comme « Association à Ericaria brachycarpa (Syn. Cystoseira brachycarpa), Ericaria funkii (Syn. Cystoseira funkii) et Gongolaria montagnei var. tenuior (Syn. Cystoseira spinosa var. tenuior) / Gongolaria squarrosa (Syn. Cystoseira squarrosa)».

Facteurs abiotiques

Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Fonds durs
Répartition bathymétrique : Sous la surface dans le premier mètre de profondeur
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Mode calme à agité
Salinité : 37-38
Température : Grandes variations au cours de l’année et journalière
Lumière : Forte luminosité
Richesse nutritive : Oligotrophe

Caractéristiques stationnelles

L’association forme des prairies denses à différents niveaux de l’infralittoral dans des endroits modérément exposés avec une très forte intensité lumineuse (Thibaut et al., 2015)
Elle se situe sous l’association à Ericaria amentacea (Syn. Cystoseira amentacea var. stricta) / Ericaria mediterranea (Syn. Cystoseira mediterranea) (III.6.1.a.). On la rencontre également dans les cuvettes (Thibaut et al., 2015). Les quatre espèces qui la composent sont toutes endémiques de la Méditerranée.
Ericaria brachycarpa est surtout présente en Méditerranée occidentale et dans le Détroit de Sicile. Elle se trouve, dans l'infralittoral, près de la surface jusqu'à 15-25 m. Cette espèce était probablement la plus abondante des Cystoseira avant qu’elle ne disparaisse.
C. funkii est une espèce profonde que l’on rencontre entre 25 et 30 m de profondeur. Elle peut se trouver en mélange à C. montagnei var. compressa et Ericaria zosteroides (Syn. Cystoseira zosteroides).
Gongolaria montagnei var. tenuior se rencontre dans les cuvettes littorales ou en profondeur (conditions sciaphiles).
Gongolaria squarrosa est éteinte en Méditerranée française.

Dynamique

Ces espèces sont pseudo pérennantes (une partie du thalle persiste au cours de l’année). Les axes primaires persistent au cours de l’année et les axes secondaires tombent à la fin de l’été. Le cycle de vie et la durée de vie de ces espèces sont inconnus. La variabilité saisonnière ainsi que la dynamique de l’association ne sont pas connues.
En cas de perturbation, l’association à E. brachycarpa est remplacée soit par l’association à Padina pavonica, Dictyotales, Halopteris scoparia (Syn. Stypocaulon scoparium) et Laurencia spp. / Anadyomene stellata (III.6.1.k.) ou bien par l’association à Cladostephus spongiosus (Syn. C. hirsutus) et Dasycladus vermicularis (III.6.1.n.) ou encore par un faciès de surpâturage à algues calcaires encroûtantes et oursins (III.6.1.x.). Il est probable que ce remplacement s’opère également pour Gongolaria montagnei var. tenuior et Gongolaria squarrosa.

Espèces caractéristiques

Ericaria brachycarpa (J.Agardh) Orellana & Sansón – Espèce structurante
Ericaria funkii (Schiffner ex Gerloff & Nizamuddin) Orellana & Sansón  – Espèce structurante
Gongolaria montagnei var. tenuior (Ercegović) Molinari & Guiry – Espèce structurante
Gongolaria squarrosa (De Notaris) Kuntze 1891 – Espèce structurante
 
Dans Verlaque 1987 :
Dasya rigidula
Digenea simplex
Dipterosiphonia rigens
Jania virgata
Halopithys incurva
Rytiphlaea tinctoria

Principaux critères de reconnaissance

Ericaria brachycarpa est une algue cespiteuse, ayant des rameaux secondaires et tertiaires épineux. Pour plus d’informations, se référer à une clé de détermination ainsi qu’aux spécialistes. Ces espèces sont très difficiles à déterminer.

Habitats associés ou en contact

Au-dessus, la biocénose de la roche médiolittorale inférieure (RMI) (II.4.2.)
En-dessous, d’autres aspects de la biocénose des algues infralittorales (III.6.1.) ou la biocénose de l'herbier à Posidonia oceanica.

Confusions possibles

Ericaria brachycarpa peut être confondue avec Ericaria amentacea (Syn. Cystoseira amentacea).
Gongolaria montagnei var. tenuior peut être confondue avec à Gongolaria sauvageauana (Syn. Cystoseira sauvageauana).
Ericaria funkii peut difficilement être confondue avec d’autres espèces au vu de son milieu de vie hormis avec Ericaria amentacea.
Gongolaria squarrosa peut être confondue avec Gongolaria montagnei (Syn. Cystoseira spinosa).

Répartition géographique

L’association à E. brachycarpa est fonctionnement éteinte en Languedoc-Roussillon ainsi que dans les Alpes-Maritimes où l’espèce n’est observée que sur 4 sites (Thibaut et al., 2015). Dans les Bouches-du-Rhône, l’espèce est éteinte. Il est fréquent de rencontrer l’association dans le Var et elle est très abondante et dense en Corse de la surface jusqu’à 20 mètres de profondeur.
E. funkii est une espèce rare. Dans le Var, le seul endroit où s’établit une vraie association est Port-Cros. Sa présence historique et actuelle dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes est inconnue. L’espèce est éteinte sur la côte des Albères.
Dans les Alpes-Maritimes, Gongolaria montagnei var. tenuior a été observée récemment sur deux sites. Le premier, dans la partie ouest d’Antibes, où quelques individus sont associés à, C. compressa, Ericaria crinita et Gongolaria sauvageauana. Le deuxième, dans des cuvettes de la pointe de l’Ilette avec C. crinita (Thibaut et al., 2015). Dans le Var, seuls quelques individus ont été recensés dans des cuvettes. Sa présence historique et actuelle dans les Bouches-du-Rhône et en Languedoc-Roussillon est inconnue. Elle est également très rare en Corse.
Sur la côte d’Azur, G. squarrosa n’a été observée, historiquement, qu’au niveau du port de Nice et n’a pas été revue depuis la première moitié du 20ième siècle. Elle est très rare en Méditerranée : une seule signalisation en catalogne et quelques-unes en Sicile (Thibaut & Ballesteros, 2005). Elle est donc considérée comme localement éteinte et l’association n’y est donc pas/plus présente (Thibaut et al., 2015).

Structure et fonctions

Structure : forêt algale/peuplements arborescents

Intérêt pour la conservation

Cette association est caractérisée par une certaine richesse floristique et faunistique. Elle participe à l'équilibre du milieu, au maintien de la biodiversité, au refuge d'une petite faune vagile servant au nourrissage des poissons. La production y est importante.

Menaces potentielles

Les menaces sont :

  • Le surpâturage par les oursins et les saupes,
  • La destruction des habitats,
  • Les rejets d’égout en surface,
  • L’arrachage par les filets de pêche pour C. funkii.

Tendance évolutive

Toutes les espèces sont en déclin, même en Corse, à cause du surpâturage.

Auteur(s)

Thibaut T., Michez N., Verlaque M., Fréjefond C.

Date de rédaction

2021

Bibliographie

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

Michez N., Dirberg G., Bellan-Santini D., Verlaque M., Bellan G., Pergent G., Pergent-Martini C., Labrune C., Francour P., Sartoretto S., 2011. Typologie des biocénoses benthiques de Méditerranée, Liste de référence française et correspondances. Rapport SPN 2011 - 13, MNHN, Paris, 50 p. (Source)

 Michez, N., Fourt, M., Aish, A., Bellan, G., Bellan-Santini, D., Chevaldonné, P., Fabri, M.-C., Goujard, A., Harmelin, J.-G., Labrune, C., Pergent, G., Sartoretto, S., Vacelet, J. et Verlaque, M. 2014. Typologie des biocénoses benthiques de Méditerranée Version 2. Service du patrimoine naturel, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. SPN 2014 - 33: 26 pp. (Source)

 PNUE, PAM, CAR/ASP, 2007. Manuel d’interprétation des types d'habitats marins pour la sélection des sites à inclure dans les inventaires nationaux de sites naturels d’intérêt pour la Conservation. Pergent G., Bellan-Santini D., Bellan G., Bitar G. et Harmelin J.G. eds., CAR/ASP publ., Tunis, 199 pp.

Thibaut T., Blanfuné A., Boudouresque C.-F. & Verlaque M. 2015. Decline and local extinction of Fucales in the French Riviera: the harbinger of future extinctions? Mediterranean Marine Science 16(1): 206-224.

Thibaut T., Pinedo S., Torras X., Ballesteros E. 2005. Long-term decline of the populations of Fucales (Cystoseira, Sargassum) in the Albères coast (northwestern Mediterranean). Marine pollution bulletin 50: 1472-1489

VERLAQUE M., 1987. Contribution à l’étude du phytobenthos d’un écosystème photophyle, termophyle marin en Méditerranée occidentale. Thèse de Doctorat d’Etat, Université d’Aix-Marseille II, 389 pp.