III.6.1.p. - Association à Ulva spp.

Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Facteurs abiotiques

Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Fonds durs
Répartition bathymétrique : de la surface jusqu’à 10 mètres de fond
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Mode peu agité à calme (fonds de baies et lagunes)
Salinité : Normale à réduite
Température : Normale à forte
Lumière : Forte luminosité
Trophisme : Eutrophe, dystrophe

Caractéristiques stationnelles

L’association concerne les espèces d’Ulva foliacées ou « laitues de mer » (en Méditerranée essentiellement Ulva rigida C. Agardh)
Les Ulva spp. vivent à faible profondeur en eau dessalée et plus ou moins  polluée par les sels nutritifs, surtout les sels azotés (nitrates et ammoniaque).
Elles peuvent être arrachées très facilement de leur substrat, elles peuvent aussi se développer sur de petits graviers et sur des coquilles et être emportées par les courants. Il peut en résulter localement, dans les baies abritées, les lagunes et les ports, des accumulations importantes d’individus libres (marées vertes).
 

Variabilité

En mer ouverte, ces espèces se développent surtout dans l’étage médiolittoral inférieur. Dans les zones très abritées (lagunes, ports, fonds de baie) elles se rencontre dans l’étage infralittoral supérieur
Composition variable suivant la région.

Dynamique

Ces algues prolifèrent surtout pendant les périodes de fort ensoleillement (printemps et été). Elles ont une durée de vie assez courte, quelques semaines en général, mais ont un taux de croissance très élevé. Plusieurs générations se succèdent au cours de l'année (Hamon et al., 2020).
Ulva rigida a son maximum de développement en été. Elle tolère des conditions environnementales stressantes et sa présence indique souvent un apport d'eau douce ou une pollution organique.

Espèces caractéristiques

Ulva Linnaeus, 1753 – Espèces structurantes
Pterocladio-Ulvetum rigidae Molinier 1958 :
Pterocladiella capillacea
Colpomenia sinuosa
Chondracanthus acicularis
Nitophyllum punctatum

 
Dans Giaccone et al. (1994) :
Espèces caractéristiques Ulvetum rigidae Berner 1931 :
Ulva linza
Symphyocladiella parasiti
ca

Espèces associées

Myrionema strangulans, forme des taches brunes d’un à trois millimètres sur les frondes vertes un peu passées ; elle est très classique, facile à voir et à identifier en plongée comme à marée basse. Les ulves servent de nourriture à divers herbivores : Hydrobia ulvae, peut être très abondant. Les Aplysia spp. se nourrisent également sur les Ulves. Les bernaches cravant, Branta bernicla, se rabattent sur les ulves quand les Zostera noltei deviennent rares. Cela explique la présence des nombreux trous que l’on voit souvent sur ces plantes. De nombreuses espèces d'invertébrés, en particulier des mollusques, peuvent vivre dans les coins et recoins de l'algue, et y déposer leur ponte.

Principaux critères de reconnaissance

Dominance de Ulva spp.

Habitats associés ou en contact

Associations du Médiolittoral et de l’infralittoral supérieur.

Confusions possibles

Aucune

Répartition géographique

Mondiale

Intérêt pour la conservation

Les espèces appartenant au genre Ulva peuvent vivre en épiphyte sur divers substrats vivants, comme les macro-algues, les coquilles de gastéropodes, les carapaces de crabe, etc.
Elles forment souvent des tapis de végétation dense qui servent de micro-habitats pour de nombreux invertébrés marins tels que les isopodes, amphipodes, mollusques et crabes.Les marées vertes constituent une nuisance grave car l’accumulation des ulves provoque leur décomposition et la production de gaz toxique (H2S).

Menaces potentielles

Les espèces appartenant au genre Ulva ont une grande tolérance à la pollution et aux apports telluriques et anthropiques, d’où leur présence dans les ports, les zones de ruissellement d’eau douce, etc.
 

Tendance évolutive

L’abondance d’Ulva rigida caractérise les milieux perturbés. Elle est capable d’absorber des substances organiques non entièrement dégradées et donc de proliférer très rapidement en cas de pollution organique. Lorsqu’elle prolifère, elle entre en compétition avec les algues et herbiers préexistants qui peuvent s’étioler si la population d’ulves qui les recouvre persiste. La population d’ulves disparaît rapidement quand l’apport trophique cesse.

Auteur(s)

Fréjefond C., Verlaque M.

Date de rédaction

2021

Bibliographie

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

Michez N., Dirberg G., Bellan-Santini D., Verlaque M., Bellan G., Pergent G., Pergent-Martini C., Labrune C., Francour P., Sartoretto S., 2011. Typologie des biocénoses benthiques de Méditerranée, Liste de référence française et correspondances. Rapport SPN 2011 - 13, MNHN, Paris, 50 p. (Source)

 Michez, N., Fourt, M., Aish, A., Bellan, G., Bellan-Santini, D., Chevaldonné, P., Fabri, M.-C., Goujard, A., Harmelin, J.-G., Labrune, C., Pergent, G., Sartoretto, S., Vacelet, J. et Verlaque, M. 2014. Typologie des biocénoses benthiques de Méditerranée Version 2. Service du patrimoine naturel, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. SPN 2014 - 33: 26 pp. (Source)

Boudouresque C.F., Perret-Boudouresque M., Knoepffler-Peguy M. 1984. Inventaire des algues marines benthiques dans les Pyrénées-Orientale (Méditerranée, France). Vie et milieu, 34 (1) : 41-59.

 GIACCONE G., ALONGI G., PIZZUTO F., COSSU A. 1994. La vegetazione marina bentonica fotofila del Mediterraneo: II. Infralitorale e Circalitorale: Proposte di aggiornamento. Boll. Accad. Gioenia Sci. Nat. Catania, (27) 346: 111-157.

Hamon F., Nicoleau C., Laporte-Cru J., Noël P., Barrabes M. 2020. Ulva rigida C. Agardh, in DORIS (Données d’Observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et la flore Subaquatiques), 19/04/2020 : https://doris.ffessm.fr/ref/specie/809

 Lauret M. Oheix J., Derolez V., Laugier T. 2011. Guide de reconnaissance et de suivi des macrophytes des lagunes du Languedoc-Roussillon. Réseau de Suivi Lagunaire (Ifremer, Cépralmar, Agence de l'Eau RM&C, Région Languedoc-Roussillon) : 148 pp