Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Ce sous-type d’habitat représente un groupe original au sein des pelouses calcicoles sèches et chaudes en relation avec des substrats présentant les caractères suivants : texture à caractère arénacé, pH généralement bas (5-6), présence de bases. De telles conditions édaphiques apparaissent au niveau de diverses roches mères : sables calcaires, sables régulièrement imprégnés par une nappe phréatique riche en bases, roches cristallines (granulites, granites porphyroïdes) s’altérant superficiellement en arènes granitiques, roches volcaniques… Dans de telles situations, la flore des pelouses xérophiles possède un caractère bivalent remarquable associant un groupe d’espèces acidiclines et un groupe d’espèces calcicoles et totalisant ainsi une forte diversité et une grande originalité floristique.
Deux grands ensembles de pelouses calcicoles xérophiles à caractère acidicline à acidiphile (alliance du Koelerio macranthae-Phleion phleoidis) peuvent être distingués :
-d’une part, les pelouses développées sur granites et roches éruptives (sous-alliance du Dactylorhizo sambucinae-Saxifragenion granulatae), essentiellement dans le Massif central où elles occupent encore des surfaces importantes et des situations topographiques variées ;
-d’autre part, les pelouses sur sables calcaréo-siliceux fixés (sous-alliance de l’Armerenion elongatae), soit en contexte alluvial (terrasses alluviales tabulaires rarement inondées du lit majeur de grands fleuves : Loire, Seine, Allier, Cher), soit au niveau d’affleurements de sables siliceux enrichis en calcaire (débris de coquilles fossiles, apport par éboulement de calcaires sus-jacents), plus rarement au niveau d’affleurements de calcaires sableux ou dolomitiques se désagrégeant superficiellement en sables calcaires.
En contexte fluviatile, les milieux sont associés aux perturbations hydrodynamiques des grands fleuves, à caractère subpermanent, bien que leur stabilisation soit également historiquement tributaire des usages pastoraux et de l’action des lapins. Ailleurs, il s’agit de milieux secondaires hérités des traditions de parcours pastoraux, à caractère subprimaire plus ou moins prononcé dans les stations les plus arides (lithosols des substrats volcaniques, pentes raides, clairières forestières rocheuses).
Les pelouses sur sables, très localisées, sont partout en voie de disparition, menacées par les aménagements hydrauliques des fleuves en contexte fluviatile, et ailleurs par la régression des lapins avec la myxomatose, l’abandon pastoral, la reconstitution de boisements, les plantations forestières (divers Pins, Robinier faux acacia), l’urbanisation en région parisienne... Toutes ces pelouses sont relictuelles et certaines ne se sont maintenues qu’à l’état fragmentaire à l’occasion de perturbations anthropiques (piétinement, décapage, carrière, exploitation forestière…) entretenues ensuite par les lapins et parfois les grands herbivores en contexte préforestier.
D’une manière générale, les pelouses de ce groupe ont un aspect plus ou moins ras selon les faciès, fortement écorché sur sables, assez peu ouvertes sur granites et roches volcaniques, à spectre biologique relativement équilibré entre hémicryptophytes, thérophytes, géophytes et chaméphytes.
Les pelouses secondaires présentent un caractère instable, plus ou moins perceptible à l’échelle humaine, qui conduit en l’absence de perturbations pastorales au développement de végétations préforestières.
Les fluctuations des perturbations, les successions d’abandon et de reprise des pratiques pastorales, mais aussi celles des herbivores sauvages, conduisent à des paysages pelousaires complexes associant de manière diverse pelouses et stades dynamiques préforestiers. L’ensemble de ces paysages pelousaires est à prendre en compte dans le cadre de la directive « Habitats ». En matière de présentation typologique, les complexes d’ourlets, de fourrés et de pré-bois calcicoles seront présentés pour chacun des types pelousaires retenus.
La gestion de ces pelouses passe essentiellement par un pâturage plus ou moins extensif en fonction de la qualité des sols et de la richesse de la ressource fourragère, ou éventuellement par une fauche avec exportation des produits.
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