D3-1 - Sables grossiers et graviers circalittoraux du large

Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

Source de l'ajout à la typologie

L’habitat D3-1 (anciennement M08.01.03) a été créé dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) ainsi que les sous-habitats D3-1.1 à D3-1.4, correspondant respectivement à :
- M08.01.03.01 Sables graveleux du circalittoral du large à Glycera lapidum, Thyasira spp. et Amythasides macroglossus
- M08.01.03.02 Sables grossiers du circalittoral du large à Hesionura elongata et Protodorvillea kefersteini
- M08.01.03.03 Sables grossiers et graviers circalittoraux profond à Astarte sulcata et Venus casina
- M08.01.03.04 Gravelles envasées circalittoraux à Dasybranchus gajolae

Les codes ont été modifiés dans la version 3 (Michez et al., 2019).

Facteurs abiotiques

Étage : Circalittoral du large ; [en continuité avec le circalittoral côtier (C3-2)]
Nature du substrat : sables grossiers, graviers ou coquilles
Répartition bathymétrique : 80 à 120 m
Hydrodynamisme : Fort à modéré
Salinité : Milieu marin
Température : Sténotherme
Lumière : Système phytal
Régime trophique : /

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se caractérise par un sédiment composé de sables grossiers et de graviers, pouvant contenir des coquilles. Il peut parfois être légèrement envasé. Les sables grossiers et graviers circalittoraux du large se rencontrent à des profondeurs pouvant aller jusqu’à 120 m. Ils hébergent généralement une endofaune assez pauvre composée de polychètes comme Aponuphis bilineata et Paucibranchia bellii et de bivalves comme Venus casina, Astarte sulcata, Timoclea ovata et Nucula hanleyi.
Cet habitat est présent à l’entrée de la Manche occidentale à des profondeurs excédant 80 m, profondeur à laquelle Cabioch (1968) place la limite en Manche occidentale entre le circalittoral côtier et le circalittoral du large. Seul un petit nombre d’espèces comme le bivalve Palliolum tigerinum voit ses abondances modifiées au-delà de 80 m. Certaines espèces rencontrées dans le circalittoral profond en Manche ouest comme Gari costulata ou Ophiocten affinis se retrouvent à des profondeurs moindres dans le sud Bretagne ou le long des côtes anglaises ce qui rend ainsi difficile l’identification d’un cortège faunistique propre. Cet habitat se prolonge ensuite vers l’ouest en Mer Celtique où se rencontre un faciès à spatangues et Gracilechinus acutus.
Cet habitat est largement représenté dans le nord du Golfe de Gascogne sous la forme de deux sous-habitats principaux : D3-1.3 Sables grossiers et graviers du circalittoral du large à Astarte sulcata et Venus casina et D3-1.4 Gravelles envasées du circalittoral du large à Dasybranchus gajolae.
Cet habitat est en continuité avec son homologue du circalittoral côtier C3.2 Sables grossiers et graviers circalittoraux côtier.

Variabilité

Le long des côtes françaises, la variabilité observée au sein de cet habitat dépend principalement de l’hydrodynamisme qui influence les caractéristiques granulométriques du sédiment et amène à identifier deux sous-habitats. Lorsque le sédiment n’est que légèrement envasé, la communauté est dominée par des bivalves à coquille épaisse tels que Astarte sulcata et des Veneridae, caractérisant ainsi le sous-habitat D3-1.3 Sables grossiers et graviers du circalittoral du large à Astarte sulcata et Venus casina. L’augmentation de la teneur en vase se traduit par une plus grande hétérogénéité du sédiment et entraîne l’apparition de nouvelles espèces comme le polychète Dasybranchus gajolae qui définissent le sous-habitat D3-1.4 Gravelles envasées du circalittoral du large à Dasybranchus gajolae.
L’occurrence des sous-habitats D3-1.1 et D3-1.2 sur les côtes françaises n’est pas suffisamment documentée à ce jour. Seuls les sous-habitats D3-1.3 et D3-1.4 sont ainsi décrits plus en détail dans leurs fiches INPN respectives au regard des connaissances acquises sur les côtes françaises.

Dynamique temporelle

La comparaison à long terme des habitats benthiques dans le nord du Golfe de Gascogne entre les années 1960 et le début des années 2000 a montré une tendance générale à long terme vers une diminution de la proportion de graviers et de sables grossiers dans le sédiment et une augmentation de la proportion de sables fins à moyens. L’habitat des sables grossiers et graviers tend ainsi à se raréfier. Depuis les premières observations faites par Glémarec en 1966, le sous-habitat D3-1.4 a été largement remplacé par un habitat de sables fins envasés dominés par les polychètes Nephtys caeca, Aponuphis brementi et Terebellides sp.. Des fonds de graviers dominés par Aponuphis bilineata persistent.
Au contraire, des observations faites en Manche occidentale dans les années 2010 ont montré une forte stabilité à long terme de cet habitat en comparaison des données antérieures acquises par Cabioch et collaborateurs entre les années 1960 et 1980.

Habitats pouvant être associés ou en contact

L’habitat D3-1 peut potentiellement être en contact avec les habitats suivants (liste non-exhaustive) :
En contact supérieur avec les habitats circalittoraux côtiers :
- C3-2 Sables grossiers et graviers circalittoraux côtiers
- C3-2.5 Sables grossiers et graviers du circalittoral côtier à Branchiostoma lanceolatum
- C4-1.6 Graviers envasés du circalittoral côtier à Pista cristata et Timoclea ovata
- C5-1.2 Sables fins du circalittoral côtier à Echinocyamus pusillus, Ophelia borealis et Abra prismatica

En contact de même niveau :
- D1 Roches ou blocs du circalittoral du large
- D4-1 Sédiments hétérogènes circalittoraux du large
- D4-1.2 Sédiments hétérogènes envasés circalittoraux du large à Nucula nucleus, Pitar rudis et Amphiura chiajei
- D5-1.1 Sables du circalittoral du large à alènes à Ditrupa arietina et Antalis entalis
- D5-2.1 Sables fins envasés du circalittoral du large à Amphiura chiajei
- D6-1 Vases et vases sableuses circalittorales du large
- D6-1.8 Vases sableuses du circalittoral du large à Nucula sulcata et Brissopsis lyrifera
- D6-1.9 Vases du circalittoral du large à Ninoe armoricana et Sternaspis scutata

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu avec son homologue en circalittoral côtier C3-2 Sables grossiers et graviers circalittoraux côtiers.
Cette confusion est due à la continuité bathymétrique de l’habitat qui s’étend de l’infralittoral jusqu’au circalittoral du large. Cette confusion est d’autant plus facile à faire en Manche ouest qu’il n’existe pas, comme dans le golfe de Gascogne, de rupture thermique entre le circalittoral côtier et le circalittoral du large.
En termes de nature sédimentaire, le sous-habitat D3-1.4 peut être confondu avec le D4-1 Sédiments hétérogènes circalittoraux du large.

Répartition géographique

Cet habitat peut couvrir de grandes étendues du plateau continental au large des côtes, mais relativement peu de données quantitatives sont disponibles. Cet habitat est présent à l’entrée de la Manche occidentale à des profondeurs excédant 80 m.
Dans le Golfe de Gascogne, il est principalement observé au sud de Penmarch, depuis le large de Belle-Île jusqu’au plateau de Rochebonne ainsi qu’au large de l’estuaire de la Gironde.

Fonctions écologiques

Rôle halieutique de l’habitat : le croisement entre les cartes de localisation de l’habitat et la carte d’exploitation halieutique indique que l’effort de pêche est très fort sur cet habitat en Bretagne sud et fort au niveau du Golfe de Gascogne. Cet habitat constitue des zones de pêche au chalut pour des espèces démersales comme le merlu ou la lotte.

Statut de conservation

D'après la liste rouge des habitats européens (UICN), cet habitat est considéré comme "vulnérable" en Atlantique Nord-Est.
Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat peut être inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1170 « Récifs », sous réserve de seuil granulométrique et de communauté épigée caractéristique des substrats durs. S’il n’est pas inclus dans le HIC 1170, L’habitat D3-1 peut être inclus dans le HIC 1110 « Bancs de sable à faible couverture permanente d'eau marine », sous réserve de limite haute du HIC au-dessus de 20m de profondeur, de continuité sédimentaire et des communautés associées depuis la zone moins profonde ainsi que de communautés caractéristiques des substrats meubles. Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines » sous réserve de respect des critères d’identification de l’HIC (notamment de seuil de taille).

Tendance évolutive

Pas d’information disponible.

Auteur(s)

Lutrand A., Houbin C., Thiébaut E.

Date de rédaction

2020

Bibliography

Michez N., Aish A., Hily C., Sauriau P.-G., Derrien-Courtel S., de Casamajor M.-N., Foveau A., Ruellet T., Lozach S., Soulier L., Popovsky J., Blanchet H., Cajeri P., Bajjouk T., Guillaumont B., Grall J., Gentil F., Houbin C., Thiébaut E., 2013. Typologie des habitats marins benthiques français de Manche, de Mer du Nord et d'Atlantique : Version 1. Rapport SPN 2013 - 9, MNHN, Paris, 32 p. (Source)

 Michez N., Bajjouk T., Aish A., Andersen A. C., Ar Gall E., Baffreau A., Blanchet H., Chauvet P., Dauvin J. -C., De Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Dubois S., Fabri M.-C., Houbin C., Legall L., Menot L., Rolet C., Sauriau P.-G., Thiébaut E., Tourolle J., Van den Beld I., 2015. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique Version 2. Rapport SPN 2015 - 45, MNHN, Paris, 61 p. (Source)

 Michez N., Thiébaut E., Dubois S., Le Gall L., Dauvin J.C., Andersen A. C., Baffreau A., Bajjouk T., Blanchet H., de Bettignies T., de Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Houbin C., Janson A.L., La Rivière M., Lévèque L., Menot L., Sauriau P.G., Simon N., Viard F., 2019. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Version 3. UMS PatriNat, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 52 p. (Source)

Bajjouk T., Guillaumont B., Michez N., Thouin B., Croguennec C., Populus J., Louvel‐Glaser J., Gaudillat V., Chevalier C., Tourolle J., Hamon D. et al. 2015. Classification EUNIS, Système d’information européen sur la nature : Traduction française des habitats benthiques des Régions Atlantique et Méditerranée. Vol. 2. Habitats subtidaux & complexes d’habitats. Réf. IFREMER/DYNECO/AG/15‐02/TB2, 337 p.

Cabioch L., 1968. Contribution à la connaissance des peuplements benthiques de la Manche occidentale. Cahiers de biologie marine, 9: 493-720

Dauvin J.-C. 1997. Les biocénoses marines et littorales françaises des côtes Atlantique, Manche et Mer du Nord, synthèse, menaces et perspectives. Laboratoire de Biologie des Invertébrés Marins et Malacologie-Service du Patrimoine Naturel: IEGB/MNHN, Paris. Collection Patrimoines Naturels, Vol. 28, 359 p.

Gaudin F., 2017. Effets du changement climatique récent sur la distribution de la macrofaune benthique en Manche. Thèse de Doctorat, Université Pierre & Marie Curie, 284 p. + annexes

Glémarec M., 1969. Les peuplements benthiques du plateau continental Nord-Gascogne. Thèse de doctorat d’État, Paris, 167 p.

Gubbay S., Sanders N., Haynes T., Janssen J.A.M., Rodwell J.R., Nieto A., Garcia Criado M., Beal S., Borg J., Kennedy M., Micu D., Otero M., Saunders G.& Calix M., 2016. European red list of habitats. Part 1, Marine habitats. Publications Office of the European Union, 34 p. + annexes. https://data.europa.eu/doi/10.2779/032638

Laffargue P. & Baudinière E., 2012. Caractéristiques et état écologique - Golfe de Gascogne. Biocénoses des fonds meubles du circalittoral. DCSMM – évaluation initiale, 11 p. + annexes

Le Loc’h F., 2004. Structure, fonctionnement, évolution des communautés benthiques des fonds meubles exploités du plateau continental Nord Gascogne. Thèse de doctorat, Université de Bretagne occidentale, 378 p.

Rouyer A., Pitel-Roudaut M., Tanguy N. & Woillez M., 2014. Estimation de l’exploitation halieutique des navires de pêche français : Façade “Manche” et “Atlantique”. Evaluation des ressources halieutiques - Activités et production des navires. Ifremer, 69 p.