Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

L’habitat B5-1 (anciennement M09.01.01) a été ajouté dès la première version de la typologie (Michez et al., 2013). Il en est de même pour les sous-habitats B5-1.1, B5-1.2 et B5-1.5, qui correspondaient respectivement à :
- M09.01.01.01 Sables mobiles propres infralittoraux à faune éparse
- M09.01.01.02 Sables avec galets et cailloutis infralittoraux à Sertularia cupressina et Hydrallmania falcata
- P02.02 Bancs à Lanice subtidaux

Dans la version 3 de la typologie (Michez et al., 2019) ont été ajoutés les sous-habitats B5-1.3 Sables dunaires à Abra prismatica - Nephtys cirrosa (source Inventaire ZNIEFF Normandie) et B5-1.4 Sables fins à moyens mobiles infralittoraux à Echinocardium cordatum (source Inventaire ZNIEFF Normandie).
Cas particulier : le sous-habitat B5-1.5 Banquettes à Lanice sur sables infralittoraux correspond à l’habitat particulier des Bancs à Lanice subtidaux (P02.02) créé dans la Version 1 de la typologie mais déplacé dans cet habitat dans la version 3
Les codes de la version 1 ont été modifiés dans la version 3 (Michez et al., 2019).

Étage : Infralittoral ;
Nature du substrat : sable fin et sable moyens mobiles (médiane 200 à 400µm)
Répartition bathymétrique : entre 0 et 25m
Hydrodynamisme : Fort ; [mode battu]
Salinité : Milieu marin
Température : Eurytherme
Lumière : Système phytal
Régime trophique : /

Cet habitat se compose de sables fins à moyens (60 à 90%) mobiles bien triés et dépourvus de vase, retrouvés entre 0 à 25 m de profondeur. Localement, des structures dunaires caractérisées par leur morphologie peuvent être observées. Ces sables mobiles, de nature très instable, sont très appauvris du point de vue faunistique. Leur richesse spécifique locale est ainsi nettement plus faible que celle des habitats voisins de sédiments grossiers ou de sables fins plus ou moins envasés. Ils se caractérisent par une faune robuste, peu diversifiée, composée de polychètes comme Nephtys cirrosa, Ophelia borealis, Travisia forbesii, Armandia polyophthalma et dans une moindre mesure Lanice conchilega, de bivalves (Abra prismatica et Spisula spp.), d’échinodermes (Echinocardium cordatumBathyporeiaspp., Gastrosaccus spp.). Cet habitat peut parfois abriter des lançons comme Ammodytes tobianus et Hyperoplus lanceolatus. Lorsque quelques galets ou gros cailloutis sont présents, des hydraires comme Hydrallmania falcata, Sertularia cupressina peuvent les coloniser.
La présence locale de banquettes à Lanice conchilega peut contribuer à stabiliser partiellement le sédiment.
Cet habitat est en continuité avec son homologue du circalittoral côtier le C5-1 Sables fins à moyens mobiles circalittoraux côtiers.

Cet habitat peut s’observer sous la forme de bancs siliceux, le long des littoraux dunaires ou sous la forme de dunes hydrauliques constituées de sables coquilliers façonnées par les houles et les courants de marée. L’hydrodynamisme qui conditionne la stabilité des formations sédimentaires est le facteur principal de différenciation des sous-habitats. Ainsi, il existe une augmentation de la richesse spécifique lorsque le remaniement sédimentaire diminue.
La faible richesse spécifique de la communauté biologique à l’échelle locale (i.e. une station de prélèvement) peut être la cause d’une forte variabilité de la structure de la communauté entre stations de prélèvement.
Les travaux historiques de bionomie benthique ont dénommé de manière différente cet habitat en fonction des dominances relatives des espèces qui reflètent ainsi plusieurs faciès potentiels au sein de cet habitat. A titre d’exemple, en Mer du Nord, Manche orientale et baie de Seine, il est communément fait mention des sables fins à moyens dunaires à Ophelia borealis alors que dans le golfe normano-breton, l’habitat fut décrit comme l’habitat des sables fins à moyens propres à Donax vittatus et Armandia polyophthalma. Le long des côtes landaises, un habitat de sables moyens plutôt propres à Abra prismatica a été différencié d’un habitat de sables moyens propres à Donax vittatus et Nephtys cirrosa. En baie de Douarnenez, il s’agissait d’un habitat des sables fins à moyens à Spisula spp. et Armandia polyophthalma. Les sous habitats de niveau trois sont décrits dans leurs fiches respectives.

Deux espèces sont caractéristiques de cet habitat : les polychètes Nephtys cirrosa et Ophelia borealis.

A notre connaissance, il n’existe pas de suivis réguliers de cet habitat le long du littoral français de l’Atlantique, la Manche ou la Mer du Nord qui permettraient de décrire finement sa dynamique temporelle. Quelques observations ponctuelles fournissent de trop rares observations. Des prélèvements effectués au cours de deux années de suivi aux quatre saisons en baie de Morlaix montrent des variations des abondances et de la richesse spécifique irrégulières entre les saisons et les stations. À plus long terme, des remaniements sédimentaires sous l’effet des houles et des courants peuvent être la source de variabilité interannuelle de la composition faunistique de cet habitat.

L’habitat B5-1 peut potentiellement être en contact avec les habitats suivants (liste non-exhaustive) :
- En contact supérieur avec les habitats médiolittoraux :
- A5-2 Sables médiolittoraux mobiles
- A5-3 Sables fins médiolittoraux
- A5-4 Sables fins envasés médiolittoraux
- En contact de même niveau :
- B3-2 Sables grossiers et graviers infralittoraux
- B4-1 Sédiments hétérogènes infralittoraux
- B4-3 Bancs de maërl sur sédiments hétérogènes envasés infralittoraux
- B5-3 Sables fins envasés infralittoraux
- En contact inférieur avec les habitats circalittoraux côtiers :
- C1 Roches ou blocs du circalittoral côtier
- C5-1 Sables fins à moyens mobiles circalittoraux côtiers
- C5-2 Sables fins propres ou envasés circalittoraux côtiers

Cet habitat peut être aisément confondu avec son homologue du circalittoral côtier : l’habitat C5-1 Sables fins à moyens mobiles circalittoraux côtiers. Cette confusion est due à la continuité bathymétrique entre ces deux habitats.
De même, au même étage, la confusion est aisée avec l’habitat B5-2 Sables fins propres infralittoraux en raison du continuum qui existe en termes de texture sédimentaire entre les deux habitats et de la présence d’espèces emblématiques communes telles que le polychète Nepthys cirrosa ou du crustacé amphipode Bathyporeia spp.

Cet habitat se retrouve au niveau des littoraux sableux dunaires de la mer du Nord, de la Manche orientale, du golfe normano-breton et de l’Aquitaine. En baie de Seine, il occupe les bancs du Cardonnet et de la Rade dans sa partie occidentale, le banc de Seine dans sa partie orientale ainsi que deux isolats face à Port-en-Bessin et l’estuaire de l’Orne. En Bretagne nord, il est présent sous forme de petites enclaves dans les baies comme la baie de Morlaix. En Atlantique, cet habitat a été observé au niveau de différentes baies et zones côtières : Baie de Douarnenez, Baie d’Audierne, Baie de Concarneau, secteur des Glénan, Baie de Quiberon, face à l’estuaire de la Loire, Baie de Bourgneuf, Pertuis Bretons, Pertuis Vendéens, Pertuis Charentais (île d’Oléron, presqu’île d’Arvert), face à l’estuaire de la Gironde, et du nord au sud de la côte landaise.

Rôle halieutique de l’habitat : les sables fins et moyens mobiles infralittoraux peuvent héberger des juvéniles de l’araignée de mer (Maja squinado) et servir de nourricerie pour cette espèce. Les jeunes bivalves présents dans cet habitat sont consommés par le turbot (Scophthalmus maximus).
Ces sables fins et moyens sont soumis aux activités de pêche aux arts traînants et les secteurs riches en bivalves font l’objet d’une exploitation. Parmi les espèces exploitées, Spisula solida présente un intérêt halieutique important lorsque des bancs monospécifiques se développent. La pêche au lançon utilisé en guise d’appât y est également pratiquée à l’aide d’un chalut à petites mailles pour un volume qui excède une centaine de tonnes.

Production de matériaux bruts : ces sables sont localement exploités pour l’extraction de granulats calcaires servant à l'amendement des sols agricoles.

Au titre de la DHFF (92/43/CEE), l’habitat B5-1 peut être inclus dans le HIC 1110 « Bancs de sable à faible couverture permanente d'eau marine », sous réserve de limite haute du HIC au-dessus de 20m de profondeur, de continuité sédimentaire et des communautés associées depuis la zone moins profonde. L’habitat B5-1 peut également correspondre à l’HIC 1130 « Estuaires », à l’HIC 1150 « Lagunes côtières » ou à l’HIC 1160 « Grandes criques et baies peu profondes » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC. Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines » sous réserve de respect des critères d’identification de l’HIC (notamment de seuil de taille).

L’exploitation des sables fins à moyens mobiles pourrait s’accroître dans les années à venir, compte tenu des besoins croissants en matériaux marins et de la diminution des extractions à terre.

Lutrand A., Houbin C., Thiébaut E.

2020

Michez N., Aish A., Hily C., Sauriau P.-G., Derrien-Courtel S., de Casamajor M.-N., Foveau A., Ruellet T., Lozach S., Soulier L., Popovsky J., Blanchet H., Cajeri P., Bajjouk T., Guillaumont B., Grall J., Gentil F., Houbin C., Thiébaut E., 2013. Typologie des habitats marins benthiques français de Manche, de Mer du Nord et d'Atlantique : Version 1. Rapport SPN 2013 - 9, MNHN, Paris, 32 p. (Source)

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