C5-2 - Sables fins propres ou envasés circalittoraux côtiers

Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

Source de l'ajout à la typologie

L’habitat C5-2 a été créé dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) sous le code M09.02.02 ainsi que les sous-habitats C5-2.1 et C5-2.2 correspondant respectivement à M09.02.02.01 Sables envasés et sédiments légèrement hétérogènes du circalittoral côtier à Abra alba et Nucula nitidosa et M09.02.02.02 Sables envasés du circalittoral côtier à Acrocnida brachiata avec Astropecten irregularis.

Dans la version 2 de la typologie (Michez et al., 2015) :
- ajout du sous-habitat C5-2.3 Sables fins envasés du circalittoral côtier à Amphiura filiformis et Serratina serrata sous le code M09.02.02.03 (source Blanchard (2012), TBM –HOCER (2012a) et CREOCEAN et al. (2012)),
- modification du libellé de la version 1 sans modification du code (Michez et al., 2013) pour M09.02.02 Sables fins propres ou envasés circalittoraux côtiers (source Houbin C. et Thiébaut E.)

Dans la version 3 de la typologie (Michez et al., 2019), ajout du sous-habitat C5-2.4 Sables fins propres ou envasés circalittoraux côtiers à Ampelisca (source Michez N., Dubois S. et Thiébaut E. (2018))

Les codes de la version 2 ont été modifiés dans la version 3 (Michez et al., 2019).

Facteurs abiotiques

Étage : Circalittoral côtier
Nature du substrat : Sables fins propres (moins de 5 % de vase) ou sable vaseux non cohésif (5 à 20 % de vase)
Répartition bathymétrique : 25 à 80 m
Hydrodynamisme : Modéré
Salinité : Milieu marin
Température : Eurytherme
Lumière : Système phytal
Régime trophique : /

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se caractérise par des sables fins propres (moins de 5 % de vase) ou des sables fins envasés non cohésifs (5 à 20 % de vase) du circalittoral. Il se rencontre sur l’ensemble des façades Manche, Mer du Nord et Atlantique à des profondeurs potentiellement comprises entre 25 et 80 m. L’habitat C5-2 a tendance à être plus stable que son homologue de l’infralittoral et héberge une endofaune diversifiée composée du gastéropode Turritellinella tricarinata, de bivalves tels que Abra alba, Nucula nitidosa et Serratina serrata, d’échinodermes tels que Acrocnida brachiata, Amphiura spp., Ophiura spp., et Astropecten irregularis et de polychètes Lagis koreni, Nephtys hombergii, Owenia fusiformis et Lanice conchilega.
Cet habitat est intermédiaire entre l’habitat C5-1.5 Sables fins du circalittoral côtier à Chamelea striatula et Dosinia lupinus et les vases du circalittoral côtier (C6-1).

Variabilité

La variabilité de cet habitat est essentiellement due aux conditions hydrodynamiques. Plus l’hydrodynamisme est faible, plus le taux d’envasement est élevé entraînant ainsi un enrichissement de la communauté. Cet habitat se décline des sables fins propres légèrement envasés aux sables fins envasés, avec en corollaire une variation des abondances relatives des espèces dominantes. Localement, les turritelles Turritellinella tricarinata peuvent remplacer les Amphiura.
Parmi les différents sous-habitats décrits, seul le sous-habitat C5-2.3 Sables fins envasés du circalittoral côtier à Amphiura filiformis et Serratina serrata a été décrit comme un habitat propre au circalittoral côtier dans les travaux historiques de bionomie benthique dans le Golfe de Gascogne. Les trois autres sous-habitats apparaissent comme des extensions de sous-habitats en tout point comparables dans l’étage infralittoral. Leur présence au sein de l’habitat C5-2 tient à la difficulté de différencier finement les étages infralittoral et circalittoral côtier en milieu sédimentaire en l’absence de rupture brutale dans la composition faunistique des habitats. Les sous habitats de niveau 3 sont décrits dans leurs fiches respectives.

Dynamique temporelle

Comme l’ensemble des habitats sédimentaires des étages infralittoral et circalittoral côtier, l’habitat des sables fins propres ou envasés circalittoraux côtiers est caractérisé par des fluctuations saisonnières des abondances des espèces qui le composent, fluctuations imputables au recrutement et à la mortalité. Des observations pluriannuelles en baie de Concarneau ont par ailleurs montré que les conditions hydrodynamiques hivernales étaient une source importante d’instabilité des densités de l’espèce structurante Amphiura filiformis.
A des échelles de temps plus longues, des régressions des sables envasés à Amphiura filiformis ont été observées dans certains secteurs du sud Bretagne tels que la baie de Concarneau en réponse au développement des vases consolidées à Haploops nirae. Les raisons de ce déclin restent spéculatives et plusieurs hypothèses ont été proposées : (1) des phénomènes d’eutrophisation, (2) une interdiction locale des activités de dragage et de chalutage, (3) une augmentation de la turbidité, (4) des interactions biotiques complexes de facilitation et inhibition entre espèces.

Habitats pouvant être associés ou en contact

L’habitat C5-2 peut potentiellement être en contact avec les habitats suivants :
En contact supérieur avec les habitats infralittoraux :
- B3-2 Sables grossiers et graviers infralittoraux
- B3-2.11 Graviers plus ou moins ensablés infralittoraux
- B4-1.6 Sédiments hétérogènes envasés infralittoraux à Nucula nucleus
- B5-1 Sables fins à moyens mobiles infralittoraux
- B5-2 Sables fins propres infralittoraux
- B5-3 Sables fins envasés infralittoraux
- B6-3 Vases infralittorales

En contact de même niveau bathymétrique :
- C3-2.5 Sables grossiers et graviers du circalittoral côtier à Branchiostoma lanceolatum
- C4-1 Sédiments hétérogènes circalittoraux côtiers
- C5-1 Sables fins à moyens mobiles circalittoraux côtiers
- C5-1.2 Sables fins du circalittoral côtier à Echinocyamus pusillus, Ophelia borealis et Abra prismatica
- C5-1.5 Sables fins du circalittoral côtier à Chamelea striatula et Dosinia lupinus
- C6-1 Vases sableuses circalittorales côtières
- C6-2.2 Vases circalittorales à Brissopsis lyrifera et Amphiura chiajei

En contact supérieur avec les habitats circalittoraux du large :
- D1 Roches ou blocs du circalittoral du large
- D5-1 Sables fins propres circalittoraux du large à dentales
- D5-2 Sables fins envasés circalittoraux du large
- D5-2.1 Sables fins envasés du circalittoral du large à Amphiura chiajei

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu plus spécifiquement avec les sables fins propres ou envasés de l’étage infralittoral, notamment les habitats B5-2 Sables fins propres infralittoraux et B5-3 Sables fins envasés infralittoraux. Cette confusion est due à la continuité bathymétrique de l’habitat des sables fins qui s’étend de l’infralittoral jusqu’au circalittoral du large. Entre l’infralittoral et le circalittoral du large, cette confusion est d’autant plus importante pour les sous-habitats C5-2.1, C5-2.2 et C5-2.4 pour lesquels il n’existe que très peu de différences entre les deux étages. A l’inverse, pour le sous-habitat C5-2.3, il existe un changement de composition faunistique d’un étage à l’autre. Ainsi, dans le Golfe de Gascogne, les sables fins envasés à amphiuridés se caractérisent principalement par la présence d’Acrocnida brachiata dans l’infralittoral et d’Amphiura filiformis dans le circalittoral côtier.

Répartition géographique

Cet habitat est très peu représenté en Manche et Mer du Nord, où l’essentiel des sables fins plus ou moins envasés sont décrits dans l’étage infralittoral alors que l’étage circalittoral est dominé par des sédiments grossiers. Sa présence est ainsi anecdotique et se limiterait à la limite inférieure des taches de sédiments fins. Si l’identification de cet habitat dépend de la capacité à distinguer les étages infra- et circalittoral, l’ensemble des travaux historiques de bionomie benthique en Manche mentionne les habitats de sables fins comme des habitats infralittoraux.
Il s’observe localement en mer d’Iroise.
Il est présent sur l’ensemble de la façade Atlantique sous forme de taches plus ou moins étendues de la baie de Douarnenez jusqu’au pays basque. L’habitat est ainsi bien représenté au large de Douarnenez, au large de Concarneau, entre l’île de Groix et Lorient, face à la rivière d’Etel, au large de la baie de Vilaine, au large de la Vendée et dans les Pertuis Charentais. Il occupe une bande très étendue au large de l’Aquitaine à des profondeurs comprises entre 70 et 100 m, à la limite entre le circalittoral côtier et le circalittoral du large.

Fonctions écologiques

Couplage benthos-pelagos : l’ophiure Amphiura filiformis qui est emblématique de cet habitat est un suspensivore dont les densités locales peuvent excéder plusieurs centaines d’individus par m2. Il joue alors un rôle significatif dans le couplage benthos-pelagos et contribue au transfert de la matière organique particulaire de la colonne d’eau vers le sédiment.
Rôle halieutique de l’habitat : le rôle majeur tenu par cet habitat des sables fins envasés du circalittoral côtier est un rôle halieutique, certaines des espèces le composant étant préférentiellement consommées par des juvéniles ou adultes de poissons comme les poissons plats. C’est le cas par exemple des bras des Amphiura filiformis ou des Ampelisca du sous-habitat C5-2.4 communément retrouvés dans les estomacs de poissons.

Statut de conservation

D'après la liste rouge des habitats européens, cet habitat est considéré comme "en danger" en Atlantique Nord-Est.
Au titre de la DHFF (92/43/CEE), l’habitat C5-2 peut être inclus dans le HIC 1110 « Bancs de sable à faible couverture permanente d'eau marine », sous réserve de limite haute du HIC au-dessus de 20m de profondeur, de continuité sédimentaire et des communautés associées depuis la zone moins profonde ET sous réserve d'une proportion de particules fines (< 0,063 mm) n’excédant pas une proportion moyenne de 30 %. L’habitat C5-2 peut également correspondre à l’HIC 1130 « Estuaires », à l’HIC 1150 « Lagunes côtières » ou à l’HIC 1160 « Grandes criques et baies peu profondes » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC. Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines » sous réserve de respect des critères d’identification de l’HIC (notamment de seuil de taille).

Tendance évolutive

Aucune tendance évolutive particulière à cet habitat n’est identifiée à ce jour. Son évolution dépendra en grande partie de la sensibilité des espèces qui le composent aux effets du changement climatique et de l’artificialisation des zones côtières qu’il occupe.

Auteur(s)

Lutrand A., Houbin C., Thiébaut E.

Date de rédaction

2020

Bibliographie

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