D4-1 - Sédiments hétérogènes circalittoraux du large (NatHab-Atlantique)

D4-1 - Sédiments hétérogènes circalittoraux du large

Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

Source de l'ajout à la typologie

L’habitat D4-1 (anciennement M11.01.03) a été créé dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) ainsi que les sous-habitats D4-1.1 et D4-1.2 correspondant respectivement à :
- M11.01.03.01 Sédiments hétérogènes circalittoraux du large à Venus et Polychètes
- M11.01.03.02 Sédiments hétérogènes envasés circalittoraux du large à Nucula nucleus, Pitar rudis et Amphiura chiajei

Les codes ont été modifiés dans la version 3 (Michez et al., 2019).

Facteurs abiotiques

Étage : Circalittoral du large ; [en continuité avec le circalittoral côtier (C4-1)]
Nature du substrat : Sédiments hétérogènes ; [mélange de sable graveleux, cailloux ou coquilles plus ou moins envasé, sable fin]
Répartition bathymétrique : 80 à 220 m
Hydrodynamisme : modéré
Salinité : Milieu marin
Température : Sténotherme
Lumière : Système phytal
Régime trophique : /

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat est constitué d’un mélange de sable graveleux, de cailloutis ou de coquilles, de sables fins (environ 40%) et d’une teneur plus ou moins élevée en vase (environ 25%). Il se retrouve à des profondeurs comprises entre 80 et 220 m. Cet habitat est souvent très riche de par la diversité des niches disponibles pour les différentes espèces de la macrofaune qu’offre un sédiment hétérogène. Cette diversité s’explique aussi par le fait qu’il abrite à la fois des espèces des étages supérieurs et des espèces du talus. L’endofaune compte un grand nombre d’espèces de polychètes parmi lesquelles Pista cristata, Eunice vittata, Laonice cirrata et de bivalves comme Nucula nucleus et Pitar rudis, ainsi que quelques espèces d’échinodermes.

Variabilité

Les variations observées sont principalement dues à l’hydrodynamisme très instable qui modifie les proportions entre les différentes fractions sédimentaires.
Seul le sous habitat D4-1.2 Sédiments hétérogènes envasés circalittoraux du large à Nucula nucleus, Pitar rudis et Amphiura chiajei a été clairement observé et documenté sur les côtes françaises, il est décrit sans sa fiche INPN dédiée. Le sous-habitat D4-1.1 Sédiments hétérogènes circalittoraux du large à Venus et polychètes n’a pas été observé en tant que tel, et seule une description provenant d’Eunis existe. Ce sous-habitat qui se compose de sédiments hétérogènes pouvant être légèrement envasés héberge une biocénose diversifiée particulièrement riche en polychètes qui se distingue du sous-habitat D4-1.2 par une quantité significative de bivalves vénéridés.

Dynamique temporelle

Peu d’informations précises existent sur la dynamique temporelle de ces sédiments hétérogènes circalittoraux du large même si certains auteurs mentionnent son instabilité temporelle. Cette instabilité est à mettre en relation avec le fait qu’il apparaît comme un habitat d’écotone avec les sables fins envasés du circalittoral du large à Amphiura chiajei (D5-2.1) et les sables grossiers et graviers du circalittoral du large à Astarte sulcata et Venus casina (D3-1.3). Sur le long terme, la comparaison entre des stations échantillonnées dans les années 1960 et dans les années 2000 dans le nord du Golfe de Gascogne, au sud de Belle-Ile, a montré une réduction des sédiments hétérogènes qui est à mettre en relation avec une tendance à leur affinement granulométrique. Malheureusement, cette comparaison ne portait pas spécifiquement sur l’habitat D4-1 et ne permet pas de décrire avec précision une dynamique temporelle à moyen et long terme de sa biocénose.

Habitats pouvant être associés ou en contact

L’habitat D4-1 peut potentiellement être en contact avec les habitats suivants :
En contact supérieur avec les habitats circalittoraux côtiers :
- C2-1 Récifs de Mytilidae (moulières) du circalittoral côtier
- C4-1 Sédiments hétérogènes circalittoraux côtiers
- C5-1 Sables fins à moyens mobiles circalittoraux côtiers

En contact de même niveau bathymétrique ou en association :
- D1 Roches ou blocs du circalittoral du large
- D3-1 Sables grossiers et graviers circalittoraux du large
- D5-1 Sables fins propres circalittoraux du large à dentales
- D5-2 Sables fins envasés circalittoraux du large
- D6-1 Vases et vases sableuses circalittorales du large

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu avec son homologue du circalittoral côtier : C4-1 Sédiments hétérogènes circalittoraux côtiers. Cette confusion est due à la continuité bathymétrique de l’habitat qui s’étend de l’infralittoral jusqu’au circalittoral du large.
En termes de nature sédimentaire, l’habitat D4-1 Sédiments hétérogènes circalittoraux du large peut être confondu avec le sous-habitat D3-1.4 Gravelles envasées du circalittoral du large à Dasybranchus gajolae.

Répartition géographique

Cet habitat n’est pas retrouvé en Manche-Mer du Nord.
En Atlantique, les sédiments hétérogènes circalittoraux du large sont décrits uniquement sous la forme du sous-habitat D4-1.2 Sédiments hétérogènes envasés circalittoraux du large à Nucula nucleus, Pitar rudis et Amphiura chiajei. Ils peuvent couvrir de vastes étendues du plateau continental du nord du Golfe de Gascogne. Ils se localisent plus particulièrement au large de la pointe de Penmarch’ et des Glénan et sont observés localement à l’ouest et au sud-ouest de Belle-Ile. Plus au sud, ils sont mentionnés au large de La Rochelle et de l’estuaire de la Gironde.

Fonctions écologiques

Rôle halieutique de l’habitat : les sédiments hétérogènes circalittoraux du large constituent des zones de pêche de quelques espèces de poissons démersaux comme le merlu ou la baudroie et sont donc des zones d’alimentation pour ces espèces.

Statut de conservation

D'après la liste rouge des habitats européens, cet habitat est considéré comme "vulnérable" en Atlantique Nord-Est.
Au titre de la DHFF (92/43/CEE), l’habitat D4-1 peut être inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1110 « Bancs de sable à faible couverture permanente d'eau marine », sous réserve de limite haute du HIC au-dessus de 20m de profondeur, de continuité sédimentaire et des communautés associées depuis la zone moins profonde ainsi que de communautés caractéristiques des substrats meubles. Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines » sous réserve de respect des critères d’identification de l’HIC (notamment de seuil de taille).

Tendance évolutive

Aucune information n’est disponible sur la tendance évolutive à long terme de cet habitat dont on peut néanmoins supposer qu’il sera exposé aux effets du changement climatique comme l’ensemble des autres habitats du circalittoral dans les décennies prochaines.

Auteur(s)

Lutrand A., Houbin C., Thiébaut E.

Date de rédaction

2020

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