A1-1 - Roches ou blocs supralittoraux

Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

Source de l'ajout à la typologie

L’habitat A1-1 Roches ou blocs supralittoraux a été ajouté dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) sous l’intitulé R01 Roches et blocs supralittoraux à lichens. Il comprenait cinq sous-habitats. Dans la version 2 (Michez et al., 2015), l’intitulé de deux sous-habitats change :
- R01.02 Roches et blocs supralittoraux à Prasiola stipitata devient Roches et blocs supralittoraux à Prasiola sp.
- R01.03 Roches et blocs supralittoraux à Verrucaria maura devient Roches et blocs supralittoraux à Hydropunctaria maura.
Dans la version 3 de la typologie (Michez et al., 2019), le code de l’habitat change et devient A1-1 et un sixième sous-habitat est ajouté : A1-1.6 Parois verticales calcaires supralittorales à Chrysophyceae et Haptophyceae (source de l’ajout : EUNIS 2012).

Facteurs abiotiques

Etage : Supralittoral
Nature du substrat : Roches et blocs
Répartition bathymétrique : >0m
Hydrodynamisme : Variable
Salinité : Milieu marin
Température : Variable
Lumière : Système phytal
Régime trophique : Oligotrophe

Caractéristiques stationnelles

L’habitat A1-1 correspond aux roches et blocs rocheux de l’étage supralittoral qui ne sont humectés que par les embruns et éventuellement par les vagues dans les milieux très exposés ou lors de fortes tempêtes. Les conditions environnementales extrêmes de cet habitat font que peu d’espèces sont capables de s’y développer. Par conséquent, l’habitat A1-1 est assez pauvre. Il est principalement occupé par des lichens (jaunes, noirs ou gris) formant des bandes plus ou moins larges. Localement, et selon la nature de la roche, des espèces d’algues (filamenteuses ou non) peuvent être observées. Les anfractuosités de la roche, lorsqu’elles existent, abritent des petits gastéropodes et des espèces plutôt caractéristiques des milieux terrestres. Des mares rocheuses peuvent se former dans les anfractuosités de la roche. Elles sont alors caractérisées par le copépode Tigriopus fulvus qui donne une couleur orangée à l’eau lorsque très abondant.

Variabilité

Plusieurs paramètres induisent de la variabilité au sein de cet habitat. La nature de la roche varie selon les sites, pouvant être une roche tendre type craie ou calcaire ou bien une roche dure telle que du granite ou du grès. D’autres facteurs tels que l’inclinaison de la roche ou sa topographie sont source de variabilité. L’amplitude verticale de l’habitat peut aller de quelques décimètres en milieu abrité jusqu’à plusieurs mètres en milieu exposé.
L’exposition des roches (au vent, au soleil et/ou aux vagues) influence la proportion de l’habitat qui maintient un certain degré d’humidité, favorisant ou non la présence de certaines espèces. Ainsi, les zones ensoleillées à faible degré d’humidité sont principalement occupées par des lichens.
Le bas du supralittoral tend à être plus riche car plus exposé à l’action des vagues. La partie haute quant à elle peut parfois abriter des espèces terrestres. Les sous-habitats (niveau trois et quatre) sont décrits sur leur page INPN respective

Communautés ou espèces caractéristiques

La présence d’une ou plusieurs des espèces listées ne suffit pas forcément à elle-seule à identifier l’habitat mais doit être couplée aux caractéristiques abiotiques et/ou critères de densité décrits ci-avant.

Les espèces caractéristiques de cet habitat sont principalement les espèces de lichens Xanthoria parietina, Caloplaca marina, Ramalina siliquosa, Tephromela atra, Hydropunctaria maura observables sur les roches ou les blocs. Les espèces d’algues Prasiola spp., Blidingia spp., et Urospora spp. peuvent également être considérées comme caractéristiques.

Espèces associées

La liste fournie ne constitue pas une liste exhaustive des espèces associées à cet habitat.

L’habitat A1-1 ne présente pas une richesse spécifique très importante du fait de son niveau élevé sur l’estran et des conditions environnementales difficiles qui s’y exercent.
Cet habitat est notamment peuplé par les gastéropodes Littorina saxatilis, Melarhaphe neritoides et Patella vulgata et les crustacés Ligia oceanica, Semibalanus balanoides, Chthamalus montagui. Des espèces d’algues peuvent aussi être présentes, notamment l’algue brune Pelvetia canaliculata (dans la partie basse de l’habitat), les espèces Chrysotila carterae et Ruttnera lamellosa ainsi que des espèces des genres Vaucheria et Apistonema. Des espèces à affinité terrestre occupent aussi cet habitat, notamment l’arthropode Strigamia maritima, des acariens (ex : le pou rouge) et des insectes (zygentomes, collemboles) dont Petrobius maritimus.

Dynamique temporelle

Lors de la fréquentation importante de l’habitat par les oiseaux marins, une transition vers A1-1.2 peut s’observer. En été, la couverture de Chrysophyceae sur les parois verticales (A1-1.6) peut sécher et être restreinte aux zones plus ombragées et humides (Tyler-Walters, 2016d). La couleur des lichens peut aussi légèrement varier selon la saison (Tyler-Walters, 2016a). Il semble que la faune suit également des variations saisonnières, principalement en raison des conditions de vie extrême dans cet habitat (gel en hiver, température très élevées en été).

Habitats pouvant être associés ou en contact

L’habitat A1-1 peut être observé en contact avec la majorité des habitats supralittoraux et en continuité bathymétrique avec les habitats rocheux ou sédimentaires médiolittoraux. Cet habitat peut aussi être en contact avec les habitats terrestres des hauts de plages. La liste suivante n’a pas vocation à être exhaustive et présente seulement les habitats les plus fréquemment associés à A1-1 :
- A1-2 Roches ou blocs médiolittoraux à dominance algale : contact inférieur, continuité bathymétrique
- A1-3 Roches ou blocs médiolittoraux à dominance animale : contact inférieur, continuité bathymétrique
- A1-4 Roches ou blocs médiolittoraux à très faible couverture macrobiotique : contact inférieur, continuité bathymétrique
- A1-5 Roches ou blocs médiolittoraux avec fucales en milieu à salinité variable : contact inférieur, continuité bathymétrique
- A1-6 Cuvettes en milieu rocheux : contact de même niveau ou continuité bathymétrique
- A1-8 Champs de blocs médiolittoraux : contact inférieur, continuité bathymétrique
- A3-1 Galets et cailloutis supralittoraux : contact de même niveau
- A3-2 Sédiments grossiers propres médiolittoraux : contact inférieur, continuité bathymétrique
- A5-1 Sables supralittoraux : contact de même niveau

Confusions possibles

Pas de confusion possible.

Répartition géographique

L’habitat A1-1 (et ses sous-habitats) s’observe dans le nord de la France au niveau des falaises du cap Blanc-Nez et cap Griz-Nez puis le long du littoral Cauchois. Il est ensuite présent au niveau des massifs rocheux du Cotentin et tout le long des côtes rocheuses de Bretagne. Cet habitat peut également s’observer sur les falaises calcaires de Charente-Maritime. Il est absent des côtes landaises (plages sableuses) et se retrouve ensuite sur les côtes rocheuses basques.

Fonctions écologiques

Les lichens présents sur les roches et/ou blocs du supralittoral offrent à la fois refuge et nourriture pour certaines espèces terrestres (acariens, insectes) ou marines (ex : Littorina saxatilis, Melarphe neritoides qui broutent directement les lichens).
L’habitat A1-1 (et ses sous-habitats) joue également un rôle important pour les oiseaux marins pour lesquels il constitue à la fois un réservoir de nourriture, un lieu de repos (reposoir) voire un lieu de reproduction et de nidification (notamment les parois verticales). Parmi les espèces d’oiseaux marins qui fréquentent cet habitat il y a notamment la Mouette tridactyle (Rissa tridactyla), le Pétrel fulmar (Fulmarus glacialis), le Petit Pingouin (Alca torda) et le Guillemot de Troïl (Uria aalge), le Pipit maritime (Anthus petrosus) et le Bécasseau violet (Calidris maritima, surtout en hiver).

Statut de conservation

Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat est inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1170 « Récifs ». Il peut également correspondre à l’HIC 1130 « Estuaires » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC.
Les trois sous-habitats A1-1.4 Parois verticales calcaires supralittorales à Blidingia spp. ; A1-1.5 Parois verticales supralittorales à Ulothrix flacca et Urospora spp. et
A1-1.6 Parois verticales calcaires supralittorales à Chrysophyceae et Haptophyceae font partie de l’habitat « Communautés des calcaires du littoral » figurant sur la liste OSPAR des habitats menacés et/ou en déclin.

Tendance évolutive

Sur le long-terme, les habitats présents sur les parois verticales (A1-1.4, A1-1.5 et A1-1.6) sont susceptibles d’être impactés par les phénomènes d’érosion et de retrait du trait de côte.
L’effet du changement climatique sur cet habitat est à suivre car c’est là que les changements les plus rapides sont susceptibles de s’opérer (Chapperon et al., 2016).

Auteur(s)

Tauran A., Grall J.

Date de rédaction

2020

Bibliography

Michez N., Aish A., Hily C., Sauriau P.-G., Derrien-Courtel S., de Casamajor M.-N., Foveau A., Ruellet T., Lozach S., Soulier L., Popovsky J., Blanchet H., Cajeri P., Bajjouk T., Guillaumont B., Grall J., Gentil F., Houbin C., Thiébaut E., 2013. Typologie des habitats marins benthiques français de Manche, de Mer du Nord et d'Atlantique : Version 1. Rapport SPN 2013 - 9, MNHN, Paris, 32 p. (Source)

 Michez N., Bajjouk T., Aish A., Andersen A. C., Ar Gall E., Baffreau A., Blanchet H., Chauvet P., Dauvin J. -C., De Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Dubois S., Fabri M.-C., Houbin C., Legall L., Menot L., Rolet C., Sauriau P.-G., Thiébaut E., Tourolle J., Van den Beld I., 2015. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique Version 2. Rapport SPN 2015 - 45, MNHN, Paris, 61 p. (Source)

 Michez N., Thiébaut E., Dubois S., Le Gall L., Dauvin J.C., Andersen A. C., Baffreau A., Bajjouk T., Blanchet H., de Bettignies T., de Casamajor M.-N., Derrien-Courtel S., Houbin C., Janson A.L., La Rivière M., Lévèque L., Menot L., Sauriau P.G., Simon N., Viard F., 2019. Typologie des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l’Atlantique. Version 3. UMS PatriNat, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 52 p. (Source)

Bajjouk T., Guillaumont B., Michez N., Thouin B., Croguennec C., Populus J., Louvel‐Glaser J., Gaudillat V., Chevalier C., Tourolle J. & Hamon D., 2015. Classification EUNIS, Système d’information européen sur la nature : Traduction française des habitats benthiques des Régions Atlantique et Méditerranée. Vol. 1. Habitats Littoraux. Réf. IFREMER/DYNECO/AG/15‐02/TB1, 231 p.

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom.

Bounous L., Rollet C., Meleder V. 2012. Réseau de surveillance benthique - Région Bretagne. Cartographie des habitats benthiques intertidaux du site Natura 2000 « Baie de Lancieux, baie de l’Arguenon, archipel de Saint-Malo et de Dinard ». Rapport de stage Ifremer, 50 p. + annexes

Chapperon C., Volkenborn N., Clavier J., Séité S., Seabra R. & Lima F.P. 2016. Exposure to solar radiation drives organismal vulnerability to climate: Evidence from an intertidal limpet. Journal of Thermal Biology, 57: 92–100. https://doi.org/10.1016/j.jtherbio.2016.03.002

Le Duff M. & Hily C. 2001. Les zones Natura 2000 de Corsen et Tréompan. Vol 1 : Les habitats de l’estran de la zone de Corsen. Rapport IUEM-LEMAR, 32 p.

Le Mao P., Godet L., Fournier J., Desroy N., Gentil F., Thiébaut É.& Pourinet L. 2019. Atlas de la faune marine invertébrée du golfe Normano-Breton. Volume 1. Présentation. Station biologique de Roscoff, 86 p.

Ranwell D.S. 1968. Lichen mortality due to Torrey Canyon oil and decontamination measures. The Lichenologist, 4(1): 55–56. https://doi.org/10.1017/S0024282968000071

Tittley I. 2009. Background Document for Littoral chalk communities. Biodiversity Series. OSPAR Commission, 25 p.

 Tyler-Walters H. 2016a. Yellow and grey lichens on supralittoral rock. In Tyler-Walters H. & Hiscock K. Marine Life Information Network: Biology and Sensitivity Key Information Reviews, [on-line]. Plymouth: Marine Biological Association of the United Kingdom. [cited 15-12-2020].

 Tyler-Walters H. 2016b. Prasiola stipitata on nitrate-enriched supralittoral or littoral fringe rock. In Tyler-Walters H. & Hiscock K. Marine Life Information Network: Biology and Sensitivity Key Information Reviews, [on-line]. Plymouth: Marine Biological Association of the United Kingdom. [cited 15-12-2020].

 Tyler-Walters H. 2016c. Verrucaria maura on littoral fringe rock. In Tyler-Walters H. & Hiscock K. Marine Life Information Network: Biology and Sensitivity Key Information Reviews, [on-line]. Plymouth: Marine Biological Association of the United Kingdom. [cited 15-12-2020].

 Tyler-Walters H. 2016d. Chrysophyceae and Haptophyceae on vertical upper littoral fringe soft rock. In Tyler-Walters H. & Hiscock K. Marine Life Information Network: Biology and Sensitivity Key Information Reviews, [on-line]. Plymouth: Marine Biological Association of the United Kingdom. [cited 15-12-2020].

 Tyler-Walters H. 2016e. Blidingia spp. on vertical littoral fringe soft rock. In Tyler-Walters H. & Hiscock K. Marine Life Information Network: Biology and Sensitivity Key Information Reviews, [on-line]. Plymouth: Marine Biological Association of the United Kingdom. [cited 15-12-2020].

 Tyler-Walters H. 2016f. Ulothrix flacca and Urospora spp. on freshwater-influenced vertical littoral fringe soft rock. In Tyler-Walters H. and Hiscock K. Marine Life Information Network: Biology and Sensitivity Key Information Reviews, [on-line]. Plymouth: Marine Biological Association of the United Kingdom. [cited 15-12-2020].

Vollette J. & Thirion, J. 2016. Mise en place d’un suivi écologique des milieux littoraux – estrans sableux, dunes et estrans rocheux – de Saint-Georges-de-Didonne. In Ville de Saint-Georges-de-Didonne, OBIOS, Pont-l’Abbé-d’Arnoult, 163 p.