Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Habitat situé à la limite des étages montagnard et subalpin (altitude 1 600-1 800 m), très spécialisé, occupant les faces ombragées exposées au nord et nord-est de parois verticales de calcaire dévonien.
Les fissures dans lesquelles s’installent les végétaux contiennent des fractions graveleuses (fragmentation du calcaire) et des fractions fines (provenant de la décomposition de la roche calcaire et de particules de matière organique) dont l’ensemble présente un pH basique.
Une association très localisée est indiquée : l’association à Alysson des Pyrénées (Hormatophylla pyrenaica) et Ancolie visqueuse sous-espèce hirsutissime (Aquilegia viscosa subsp. hirsutissima) [Aquilegio-Alyssetum pyrenaici], avec la Campanule à belles fleurs (Campanula speciosa), l’Épervière humble (Hieracium humile).
Elle pourrait correspondre à un type particulièrement spécialisé et appauvri floristiquement, soit per descensum de l’association à Saxifrage moyenne [Saxifragetum mediae ; Code UE : 8210], soit per ascensum de l’association à Aspérule hérissée et Dethawie à feuilles fines [Asperulo hirtae-Dethawietum tenuifoliae ; Code UE : 8210] des Pyrénées-Orientales.
Végétation très ouverte dominée par des hémicryptophytes et des chaméphytes saxicoles s’insinuant dans les fissures des parois, auxquelles s’ajoutent deux nanophanérophytes, Chèvrefeuille des Pyrénées (Lonicera pyrenaica) et Nerprun nain (Rhamnus pumila).
La flore, peu riche en station ombragée, est particulièrement adaptée aux conditions extrêmes de la vie rupicole (grands écarts de température et d’humidité, balayage par le vent, absence de sol…) et présente, en majorité, des formes biologiques naines (de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres de hauteur), caractérisées par la lenteur de leur croissance, à port essentiellement en coussinet [Saxifrage moyenne (Saxifraga media), Saxifrage paniculée (Saxifraga paniculata)] ou en espalier [Globulaire rampante (Globularia repens), Nerprun nain], à feuilles densément pubescentes (Alysson des Pyrénées).
L’habitat est surtout dominé par les touffes chaméphytiques du rarissime Alysson des Pyrénées ornant en juin les parois calcaires de ses fleurs blanches.
Les communautés végétales insensibles à l’exposition des rochers calcaires de l’étage montagnard (à subalpin) des Pyrénées [Code UE : 8210], dont l’habitat à Alysson des Pyrénées pourrait représenter un type appauvri et très spécialisé.
Les communautés insensibles à l’exposition des parois très abruptes des rochers calcaires des étages subalpin et alpin des Pyrénées orientales [Code UE : 8210], plus alticoles et de composition floristique différente.
Les communautés végétales des rochers calcaires et conglomératiques exposés principalement au nord de l’étage montagnard [Code UE : 8210], de composition floristique différente.
Cet habitat très spécialisé est pionnier des fissures des falaises calcaires verticales et présente un caractère permanent.
Communautés jouxtant cet habitat dans les séquences phytotopographiques à l’étage montagnard des massifs calcaires :
- pelouses calcicoles écorchées à Fétuque de Gautier (Festuca gautieri) [Festucion scopariae ; Code UE : 6170] ;
- hêtraies calcicoles [Cephalanthero-Fagion ; Code UE : 9150] ;
- hêtraies-sapinières [Code Corine : 41.14, 42.122] ;
- pinèdes à Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [Code Corine : 42.5].
Habitat endémique des Pyrénées-Orientales : massif du Madres-Coronat : rochers du Soler (Font-de-Comps) et flanc nord du mont Coronat.
Habitat endémique des Pyrénées-Orientales et rarissime puisque très localisé, connu principalement de deux sites seulement. Il renferme plusieurs espèces endémiques pyrénéennes plus ou moins strictes (reliques tertiaires, spéciation postglaciaire) : Alysson des Pyrénées (légalement protégé au niveau national), Ancolie visqueuse sous-espèce hirsutissime, Saxifrage moyenne, Chèvrefeuille des Pyrénées.
Des informations concernant la présence éventuelle d’oiseaux et d’invertébrés d’intérêt patrimonial sont nécessaires.
États à privilégier :
Tous les stades de l’habitat.
Autres états observables :
États fragmentaires.
Cet habitat, par sa rareté en France, peut être considéré comme globalement menacé. L’éboulement des seuls rochers constituant son biotope le ferait disparaître. La base accessible des sites n’est pas à l’abri de dégradations du milieu et notamment de cueillettes frauduleuses de l’Alysson des Pyrénées par des collecteurs peu scrupuleux attirés par sa rareté.
Suivi de l’habitat et de la population d’Alysson des Pyrénées, mise en place de mesures éventuelles de restauration dans la partie inférieure du site subissant quelque altération.
Il serait intéressant de faire un suivi à long terme de cet habitat afin de connaître son évolution possible lors d’un changement climatique global.
Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)