8230-4 - Pelouses pionnières continentales et subatlantiques des dalles siliceuses sèches et chaudes

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étages planitiaire, collinéen et montagnard (jusque vers 1 100 m).
Climat océanique plus ou moins atténué ou à tendance semi-continentale.
Situation topographique : corniches, vires rocheuses, également plateaux.
En dehors des zones horizontales, expositions variées, mais très souvent au sud.
Roches-mères : basaltes, granites alcalins, gneiss, schistes, certains types de grès mixtes.
Sols très peu épais, squelettiques, finement sableux, souvent riches en bases, se desséchant rapidement.
Pelouses parfois primaires, parfois disséminées au sein de systèmes pastoraux extensifs liés au pâturage ovin, bovin ou caprin, favorisées par le surpâturage.
Action importante des lapins (lorsqu’ils sont encore présents).

Variabilité

L’habitat étant répandu dans une grande partie de la France, il en découle une importante variabilité, de type géographique et de type édaphique, mais mal connue, cet habitat étant insuffisam- ment étudié.
Variations de type géographique et climatique :
- climat atlantique (Normandie, sur calcaires) : association à Fétuque à feuilles longues et Orpin blanc [Festuco longifoliae-Sedetum albi], avec le Trèfle scabre (Trifolium scabrum) et le Céraiste à pétales courts (Cerastium brachypetalum) ;
- climat atlantique plus thermophile (Deux-Sèvres, Maine-et-Loire, Loire-Atlantique, sur schistes et granites) : association à Scille d’automne et Orpin blanc [Scillo autumnalis-Sedetum albi], forme atlantique dépourvue de Véronique des champs (Veronica arvensis), d’Holostée en ombelle (Holosteum umbellatum), de Potentille vernale (Potentilla tabernaemontani), avec en plus le Catapode des rochers (Micropyrum tenellum) et la Renoncule en éventail (Ranunculus flabellatus) ;
- climat montagnard à nuances continentales (sud des Vosges, sur schistes) : association à Gagée des rochers et Véronique de Dillenius [Gageo saxatilis-Veronicetum dillenii] avec la Véronique de Dillenius (Veronica dillenii) et la Fétuque à gaines variables (Festuca heteropachys) ;
- climat subatlantique montagnard (Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, sur basaltes) : association à Gagée des rochers et Véronique de Dillenius [Gageo saxatilis-Veronicetum dillenii] avec : la Véronique (Veronica dillenii), la Joubarbe des toits (Sempervivum tectorum), l’Alysson calycinal (Alyssum alyssoides), la Germandrée botryde (Teucrium botrys), le Calament acinos (Calamintha acinos) ;
- climat subatlantique montagnard (Haute-Loire, Cantal, Lozère) sur granites : association à Spargoute à cinq étamines et Véronique de Dillenius [Spergulo pentandrae-Veronicetum dillenii], sans la Gagée des rochers (Gagea bohemica subsp. saxatilis) et avec la Véronique de Dillenius (Veronica dillenii) ;
- climat subatlantique montagnard (Morvan, sur grès et granites) : association à Scille d’automne et Orpin blanc [Scillo automnalis-Sedetum albi], sans la Gagée des rochers avec le Trèfle scabre et l’Orpin élégant (Sedum forsterianum) ;
- climat subatlantique submontagnard (Allier, sur granites et gneiss) : association à Scille d’automne et Orpin blanc [Scillo automnalis-Sedetum albi] sans espèces particulières.

Principales variations de type édaphique :
- variantes acidophiles des associations précédentes sur sol plus acide (passage au Thero-Airion), avec notamment : la Moenchie (Moenchia erecta), la Miborie (Mibora verna), le Pied-d’oiseau délicat (Ornithopus perpusillus), la Canche printanière (Aira praecox), la Canche caryophyllée (Aira caryophyllea).

Physionomie, structure

Pelouses rases, écorchées, peu recouvrantes (40 à 70 %, rarement 80 %), dominées par les chaméphytes crassulescentés (Sedum album, Sedum reflexum), par divers hémicryptophytes (Festuca longifolia, Festuca arvernensis, Poa bulbosa, Scleranthus perennis) et par les thérophytes.
Grande importance de la strate bryolichénique (étudiée notamment par Korneck) : le recouvrement peut atteindre 95 %.
Diversité floristique importante avec un pic de floraison surtout printanier (mars-mai), de nombreuses espèces étant méconnaissables en été.
Grande variabilité de l’aspect physionomique suivant les années : depuis l’absence des thérophytes les années les plus sèches à une grande abondance de ces dernières les années pluvieuses.

Confusions possibles

Avec les pelouses pionnières montagnardes sur dômes rocheux siliceux vicariantes dans les régions de contact [Code UE : 8230].
Avec les pelouses calcicoles karstiques, proches floristiquement mais qui ne renferment pas d’espèces acidiphiles [Code UE : 6110*].
Avec les pelouses xérophiles du Koelerio gracilis-Phleion phleoides qu’elles côtoient souvent [Code UE : 6210] ; ces dernières sont pauvres en thérophytes et toujours dominées par les hémicryptophytes.

Dynamique

Pelouses parfois primaires (sur les coulées basaltiques récentes notamment), mais résultant souvent de la déforestation de différents types forestiers (chênaies pubescentes, chênaies sessiliflores xérophiles à Silène penchée (Silene nutans), chênaies-charmaies acidiclines, etc.).

Spontanée :
Certaines pelouses semblent stables à l’échelle humaine.
Ces pelouses peuvent s’installer sur des surfaces dénudées artificiellement comme des fonds de carrières.
Après diminution de la pression des lapins ou (et) abandon pastoral (chèvres, moutons, bovins) : densification très lente du tapis graminéen et chaméphytique, réduction progressive des vides favorables aux thérophytes ; le sol devient peu à peu plus épais.
Passage progressif à une pelouse herbacée relevant souvent du Koelerio gracilis-Phleion phleoides.

Liée à la gestion :
L’intensification du pâturage induit l’extension de l’habitat, initialement confiné aux dalles mais qui peu à peu s’étend aux dépens de la pelouse herbeuse proprement dite.
L’érosion liée au surpâturage ou au passage de véhicules (chemins) favorise la création de cet habitat.

Habitats associés ou en contact

Pelouses mésoxérophiles acidiclines à Fétuque d’Auvergne, Peucédan des montagnes (Peucedanum oreoselinum), Pulsatille rouge (Pulsatilla rubra), Orchis sureau (Dactylorhiza sambucina) (Massif central).
Pelouses mésoxérophiles acidiclines à Agrostide capillaire (Agrostis capillaris), Fétuque à longues feuilles (Festuca longifolia), Fétuque de Léman (Festuca lemanii), Plantain recurvé (Plantago holosteum), Glaieul d’Illyrie (Gladiolus illyricus), Asphodèle blanche (Asphodelus albus) (Ouest) [Code UE : 6210].
Pelouses xérophiles à Trinie glauque (Trinia glauca), Hélianthème des Apennins (Helianthemum apenninum), Koélerie du Valais (Koeleria vallesiana) [Code UE : 6210].
Pelouses acidiphiles à Vulpie queue d’écureuil (Vulpia bromoides), Cotonnière naine (Logfia minima), Catapode des rochers (Micropyrum tenellum), Canche printanière (Aira praecox).
Pelouses rupicoles à Saxifrage continental (Saxifraga continentalis).
Groupements rupicoles à Doradilles diverses (Asplenium adiantum-nigrum, Asplenium billotii, Asplenium septentrionale).
Landes à Callune (Calluna vulgaris), Ajonc d’Europe (Ulex europaeus), Genêt à balais (Cytisus scoparius).

Répartition géographique

Massif central : depuis l’Allier jusqu’à la vallée du Rhône et aux Cévennes, Morvan, Deux-Sèvres, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Normandie (Orne, Calvados), sud des Vosges.
À rechercher dans les Ardennes et les contreforts des Alpes (Isère et Drôme).

Valeur écologique et biologique

Habitat assez rare à très rare selon les régions ; certains types sont très localisés.
Pelouses parfois primaires, ce qui est exceptionnel pour les régions de la plaine française.
Diversité floristique élevée.
Habitat refuge pour de nombreuses espèces annuelles d’origine méditerranéenne en dehors de leur aire principale.
Habitat privilégié de la Gagée des rochers, espèce protégée sur le plan national.

États de conservation

États à privilégier :
Pelouse rase, ouverte à très ouverte (souvent maintenue par les lapins).

Tendances et menaces

Habitat toujours très morcelé et donc relictuel, parfois inclus au sein d’ensembles pâturés plus vastes.
Il se maintient assez bien dans le cas où il occupe des vires rocheuses étroites et des sommets de coulées volcaniques récentes (il s’agit souvent d’un état primaire).
Dans les autres cas (sur les plateaux), il tend à disparaître avec l’abandon du pâturage.
Utilisation des parcours pour les loisirs : pique-nique avec feux, moto verte, véhicules tout terrain, aires de stationnement pour la varappe, aires de delta-plane.

Axes de recherche

Expérimenter la restauration des abords de l’habitat par broyage et exportation.
Suivi scientifique des mesures de gestion mises en œuvre. Cartographier plus précisément la répartition de l’habitat.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliography

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)