8230-5 - Pelouses pionnières des affleurements schisteux du Massif armoricain intérieur

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étages planitaire et collinéen.
Climat océanique à hyperocéanique.
Situation topographique : corniches, anfractuosités des rochers. En dehors des zones horizontales, expositions variées, mais très souvent au sud.
Roches-mères : essentiellement schistes.
Sols squelettiques (micro-ranker, sol brun acide peu évolué), peu épais (2 à 15 cm), acides (pH 3,8 à 4,8) ; grande variabilité de l’humidité du sol au cours de l’année (engorgement hivernal, dessèchement estival).
Pelouses le plus souvent primaires.
Parfois développement sur des éboulis ou des déblais de schistes résultant de leur exploitation.

Variabilité

L’habitat est bien représenté sur les crêtes rocheuses de la partie Nord du Massif Armoricain (Bretagne, Basse Normandie, également Nord des Pays de la Loire).

On distingue deux variantes géographiques et climatiques :
- climat atlantique à hyperatlantique (Basse Normandie, Bretagne occidentale) : association Festuco tenuifoliae-Sedetum anglici Clément et Touffet, 1978, avec la silène maritime (Silene uniflora) ;
- climat atlantique plus thermophile (Sud-Est de la Bretagne, Nord des Pays de la Loire) : association Festuco trachyphyllae-Sedetum anglici Clément et Touffet 1978, avec le scléranthe pérenne (Scleranthus perennis), la téesdalie (Teesdalia nudicaulis).

Variations de type climatique :
- variantes plus thermophiles, caractérisées par des espèces méditerranéo-atlantiques comme l’hélianthème à gouttes (Tuberaria guttata), astérocarpe faux-sésam (Sesamoides pupurascens), l’Halimium en ombelle (Halimium umbellatum).

Principales variations de type édaphique :
- variantes des éboulis et des fissures, avec : le nombril de Vénus (Umbilicus rupestris), le catapode des graviers (Micropyrum tenellum), la jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta) ;
- variantes plus évoluées, sur sols plus profonds, marquant le passage vers la lande, avec notamment : agrostis commun (Agostis capillaris), bruyère cendrée (Erica cinerea), ajonc d’Europe (Ulex europaeus) ;
- variantes des sols plus profonds, avec : la moenchie (Moenchia erecta), le vulpin queue d’écureuil (Vulpia bromoides), le trèfle semeur (Trifolium subterraneum), l’aphane des champs (Aphanes arvensis).

Physionomie, structure

Pelouses rases et ouvertes, dominées par les chamaephytes crassulescents (Sedum anglicum) et les hémicryptophytes (Festuca filiformis, Festuca lemanii).
Importance de la strate bryo-lichénique : le recouvrement peut atteindre 40 à 45 %.
Grande diversité floristique surtout des variantes thermophiles, liée essentiellement à l'abondance des thérophytes.
Pic de floraison en printemps et en début d’été (avril à juin).

Confusions possibles

Pelouses pionnières continentales et subatlantiques acidiclines des dalles siliceuses sèches et chaudes (Pays de la Loire, Normandie) (code UE 8230-4).
Pelouses pionnières des falaises littorales appartenant à la même alliance (code UE 1230).
Pelouses des affleurements rocheux à Agrostis curtisii (Agrostion curtisii, code UE 6230).
Pelouses sèches thérophytiques du Thero-Airion.

Dynamique

Pelouses les plus souvent primaires et d'une grande stabilité due aux très fortes contraintes édaphiques et climatiques. Elles sont parfois favorisées par le défrichement des landes et le pâturage des coteaux secs.

Spontanée :
La plus grande partie des pelouses semble stable à l’échelle humaine.
Ces pelouses peuvent s'installer sur des surfaces dénudées artificiellement comme des fonds de carrières.
Dans des conditions stationnelles favorables (pente faible) à l’accumulation de sol, les graminées deviennent plus recouvrantes et on assiste à un passage vers une pelouse sèche herbacée à Agrostis vulgaire (Agrostis capillaris), voir à l’installation de chamaephytes comme la bruyère cendrée (Erica cinerea), l’ajonc d’Europe (Ulex europaeus) et la callune (Calluna vulgaris) marquant l’évolution vers la lande sèche.

Liée à la gestion :
Le pâturage semble avoir un impact plutôt négatif sur l’habitat.

Habitats associés ou en contact

Groupements rupicoles à nombril de Vénus (Umbilicus rupestris) et polypode vulgaire (Polypodium vulgare).
Landes sèches à bruyère cendrée (Erica cinerea) et ajonc d’Europe (Ulex europaeus).
Pelouses mésoxérophiles à Agrostide capillaire (Agrostis capillaris), flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), avoine dorée (Trisetum flavescens), … de l'Arrhenaterion elatioris.

Répartition géographique

Massif armoricain : Basse-Normandie, Bretagne, Nord des Pays de la Loire.

Valeur écologique et biologique

Habitat localisé, lié à la présence d'affleurements rocheux. Pelouses le plus souvent primaires, ce qui est exceptionnel pour les régions de la plaine française.
Diversité floristique parfois élevée.

États de conservation

États à privilégier :
Pelouse rase, ouverte à très ouverte (souvent maintenue par les lapins).

Tendances et menaces

Habitat toujours très morcelé et donc relictuel, parfois inclus au sein d’ensembles de landes.
Il se maintient assez bien dans le cas où il occupe des corniches à sol peu profond au sein des crêtes schisteuses.
L’habitat est sensible à l’ombrage, il convient de limiter l’ombrage engendré par les formations végétales se développant en périphérie.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)