9110-4 - Hêtraies-sapinières acidiphiles de l'étage montagnard supérieur

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étage montagnard supérieur : de 900-950 m à 1 100 m.
Dans toutes les situations topographiques : plateaux, replats, versants diversement exposés, dépressions.
Roches mères siliceuses.
Litière épaisse avec aiguilles et feuilles entières et fragmentées et horizon de matière organique pure (OH) tachant les doigts (humus de type moder à dysmoder).
Sols pauvres en éléments minéraux et acides, pouvant présenter parfois un engorgement plus ou moins accentué (sur limons dégradés) (sols bruns acides, sols de la série podzolique, sols lessivés, sols lessivés engorgés).

Variabilité

Grande variabilité dans le massif vosgien.

Variation avec l’altitude :
Fertilité de plus en plus faible au fur et à mesure que l’altitude augmente (diminution de la durée de la période de végétation) ; apparition de quelques espèces alticoles.

Variations selon l’acidité et la richesse en éléments minéraux du sol :
- variante moyennement acidiphile (optimum de la Luzule blanchâtre) ;
- variante acidiphile à Canche flexueuse ;
- variante très acidiphile à Myrtille.

Variations selon les réserves en eau du sol :
- variante légèrement sèche sur sol superficiel ;
- variante mésophile ;
- variante fraîche (ubac) avec fougères : Phégoptéris faux polypode (Phegopteris connectilis), Fougère des montagnes (Oreopteris limbosperma), Dryoptéris dilaté (Dryopteris dilatata), Fougère femelle (Athyrium filix-femina) ;
- variante sur sols engorgés (fond de vallon).

Physionomie, structure

Peuplements dominés par le Hêtre (Fagus sylvatica), le Sapin pectiné (Abies alba) avec l’Épicéa (Picea abies), avec une hauteur réduite.
Strate arbustive avec le Camerisier noir (Lonicera nigra).
Strate herbacée plus ou moins recouvrante selon la variante.

Confusions possibles

Avec la hêtraie-érablaie sommitale (au-dessus de 1 100 m) avec Oseille à feuilles de Gouet (Rumex arifolius) et d’autres espèces de hautes herbes (UE : 9140).
Avec la sapinière-hêtraie acidicline à Grande Fétuque (Festuca altissima) où peut entrer la Luzule blanchâtre (mais dans ce cas : absence d’horizon de matière organique tachant les doigts).
Avec sapinières, pessières hyperacidiphiles à Bryophytes (Bazzania trilobata, Ptilium crista-castrensis), Lycopodes, Listère en coeur (Listera cordata), Trientale d’Europe (Trientalis europaea)… (forêts acidiphiles, UE : 9410).

Dynamique

Spontanée :
Phase pionnière à Bouleau (Betula spp.), Sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia), ou avec l’Érable sycomore (Acer pseudoplatanus) sur les sols les moins acides.
Stade de maturité représenté par une sapinière avec Hêtre et Épicéa dispersé.
Dynamique en cas de perturbations naturelles à l’origine de l’ouverture du couvert :
- trouées très larges : cicatrisation par l’Épicéa ;
- trouées de taille moyenne : cicatrisation par l’Épicéa, le Hêtre ;
- trouées de petite taille : cicatrisation par le Sapin.
NB : les semis de sapins, souvent présents sous peuplements fermés, assurent la régénération après exploitation ou chablis.

Liée à la gestion :
Sylvofaciès les plus fréquents : hêtraies (résultats des exploitations anciennes) ou pessières (plantations sur complexes pastoraux abandonnés ou transformation de hêtraies, sapinières-hêtraies).

Habitats associés ou en contact

Forêts riveraines sur alluvions récentes : aulnaies à Stellaire des bois (Stellaria nemorum) (UE : 91E0*).
Hêtraies-sapinières acidiclines à Grande Fétuque.
Hêtraies-érablaies d’altitude (sommitales) à Oseille à feuilles de Gouet (UE : 9140).
Ormaies-érablaies à Campanule à feuilles larges (Campanula latifolia) (UE : 9180*).
Pessières à Bazzania trilobata sur éboulis grossiers (UE : 9410).
Pelouses préforestières à Agrostide vulgaire (Agrostis capillaris), Canche flexueuse, Houlque molle (Holcus mollis).
Mégaphorbiaies (UE : 6430).
Végétation de trouées, chablis, coupes à Digitale pourpre (Digitalis purpurea), Épilobe en épi (Epilobium angustifolium), Canche flexueuse.
Tourbières, tourbières boisées (UE : 7140*, UE : 91D0*).
Végétation des fentes de rochers (UE : 8210).
Éboulis siliceux (UE : 8120).
Complexes pastoraux, landes (UE : 6230, UE : 4030).

Répartition géographique

Massif vosgien de 900 m-950 m à 1 100 m sous la hêtraie-érablaie sommitale.

Valeur écologique et biologique

Habitat encore largement répandu dans le massif vosgien, mais assez souvent transformé en pessière.
La plupart des espèces du cortège floristique sont banales.

États de conservation

États à privilégier :
Hêtraie-sapinière à épicéa, hêtraie, en futaie régulière ou irrégulière.

Autres états observables :
Taillis de Hêtre.
Plantations d’Épicéa.
Phase pionnière à Bouleau verruqueux, Sorbier des oiseleurs.

Tendances et menaces

Aire de distribution de cet habitat tendant à s’étendre avec la reconquête forestière d’anciens espaces pastoraux, souvent sous forme de plantations.
Vulnérabilité des variantes très acidiphiles vis-à-vis de la répétition de plantations d’Épicéa.

Potentialités intrinsèques de production

Hêtre, Épicéa (en mélange ou non avec le Hêtre), Sapin (individus à conserver dans les peuplements).
À cette altitude, la qualité technologique du bois de Sapin et du Hêtre est médiocre ; en revanche celle du bois d’Épicéa est excellente.

Axes de recherche

Impacts des enrichissements en fonction des essences, de leur densité et des modalités d’introduction.
Impacts du maintien d’arbres surannés, dépérissants ou morts sur des populations de saproxylophages (nombre d’arbres nécessaire - seuil - effets de seuil -).

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)