9120-2 - Hêtraies-chênaies collinéennes à Houx

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat lié au domaine atlantique, là où le climat est humide, l’hiver frais et les gelées de printemps possibles, à l’étage collinéen.
Occupe toutes les situations topographiques : plateaux, versants diversement exposés, dépressions.
Installé sur les altérites de roches siliceuses (granites, grès, schistes…), sur limons à silex, sur sables argileux…
Grande variabilité des sols : sols plus ou moins podzolisés, sols bruns acides, sols lessivés acides à litière épaisse avec une couche OH tachant les doigts : à humus de type moder à dysmoder.
Possibilité d’engorgement (nappe temporaire plus ou moins profonde).

Variabilité

Variations géographiques :
- race de Bretagne, sur roches granitiques, métamorphiques ;
- race de Normandie, sur limons à silex lessivés ;
- race du bas Morvan océanique, sur granite ;
- race de l’ouest du Massif central (-) sur granite.

Variations liées au degré d’acidité du sol :
- variante très acidiphile à Myrtille ;
- variante acidiphile à Canche flexueuse ;
- variantes mésoacidiphiles : à Houlque molle sur sol légèrement plus profond ; à Luzule des bois (Luzula sylvatica) sur pentes marquées.

Variations liées à l’humidité du sol :
- variante sèche et très acide à Leucobryum glaucum ;
- variante de sols engorgés à Molinie bleue (Molinia caerulea).

Physionomie, structure

Strate arborescente dominée par le Hêtre, accompagné des Chênes (sessile et pédonculé) ; sous-bois avec le Houx pouvant former des fourrés denses et élevés (6-7 m en vieilles futaies) ; strate herbacée souvent peu recouvrante et pauvre en espèces ; strate muscinale plus ou moins fournie. Il existe néanmoins de beaux faciès à Luzule sylvatique ou avec des fougères hygrosciaphiles.

Confusions possibles

Avec les hêtraies-chênaies à Houx et à If situées en zone hyperocéanique (basse Bretagne, ouest Cotentin), en situation de climat plus doux ;
Avec les hêtraies-chênaies plus neutrophiles à Mélique uniflore (Melica uniflora), Jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta), où les espèces acidiphiles sont rares, voire absentes (UE : 9130).

Dynamique

Spontanée :
Après destruction (chablis important lié à une tempête) on peut observer :
- une phase pionnière à Bouleaux, Sorbier des oiseleurs ;
- une phase transitoire à Bouleaux et Chêne pédonculé ;
- une maturation progressive avec l’arrivée du Chêne sessile, du Hêtre (maintien possible du Chêne pédonculé).
Dans le cas de petites trouées, le Hêtre cicatrise peu à peu les ouvertures par ses régénérations ; en cas de trouées de taille moyenne ce sont les Chênes qui interviennent.
La reconquête forestière post-déprise, après un stade de lande, suit les mêmes modalités que dans le cas de vastes chablis.
Chablis et coupes forestières à Digitale pourpre (Digitalis purpurea).

Liée à la gestion :
Les gestions passées à objectif bois de feu ont entraîné le développement de taillis, de taillis sous futaie dominés par le Chêne sessile et plus souvent par le Chêne pédonculé avantagé par les mises en lumière fréquentes —› chênaies à Myrtille, à Molinie bleue ; sylvofaciès très dégradés à Bouleaux et espèces de lande.
Plantations fréquentes (Pins, Épicéas, Douglas…).

Habitats associés ou en contact

Pelouses préforestières à Houlque molle (Holcus mollis), Agrostide capillaire (Agrostis capillaris), Mélampyre des prés (Melampyrum pratense)…
Hêtraies-chênaies acidiclines à Mélique à une fleur (Melica uniflora) et Jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta) (UE : 9130).
Forêts riveraines sur alluvions récentes (UE : 91E0*).
Forêts de ravins (UE : 9180*).
Landes sèches et mésophiles (UE : 4030).
Végétation des fentes de falaises et rochers (UE : 8210).
Tourbières (UE : 7110*).

Répartition géographique

Bretagne, Cotentin, Normandie, Picardie, Nord - Pas-de-Calais, Morvan.
À rechercher à l’étage collinéen supérieur de la façade ouest du Massif central.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat dont l’aire générale est assez vaste et dont les individus sont largement développés —› habitat représentatif.
Les faciès à Houx sont devenus assez rares du fait de la gestion passée ; il en résulte que les habitats en très bon état de conservation sont rares.
Flore rassemblant des espèces banales.

États de conservation

États à privilégier :
Hêtraie en futaie régulière ou irrégulière.
Chênaie sessiliflore en futaie régulière ou irrégulière (ou chênaie irrégulière mélangée Hêtre-Chêne-feuillus divers) dans les deux cas en privilégiant les habitats offrant des populations de Houx.
Nota : dans cet habitat de hêtraie il faut admettre que le choix du Chêne sessile en essence objectif ne porte pas atteinte à l’état de conservation (garder quelques hêtres en sous-étage dans ce cas).

Autres états observables :
Phases pionnières à Bouleaux (verruqueux et pubescent).
Taillis, taillis sous futaie à base de chênes.
Taillis dégradés : chênaies-boulaies.
Plantations.

Tendances et menaces

Surface à peu près stabilisée pouvant s’étendre avec l’abandon de zones pâturées.
Fragilité des variantes :
- très acidiphiles (éviter la répétition de plantations d’Épicéa, de Pin sylvestre…) ;
- sur sols engorgés éviter les coupes sur de grandes superficies afin de limiter les remontées de la nappe.

Potentialités intrinsèques de production

Sur les stations riches, le Hêtre peut donner de bons produits. Le facteur limitant que peut constituer l’acidité est susceptible d’être dépassé en menant une sylviculture dynamique. À l’inverse, sur les stations extrêmes, les plus acides ou les plus dégradées (sols engorgés ou podzolisés) ou sur les stations plus sèches (exposition de versants chauds), la qualité du Hêtre est alors moyenne à très médiocre, même en ayant une sylviculture dynamique.
Le Chêne est souvent gélif mais il peut parfois donner de bons produits et peut alors être préféré au Hêtre sur certaines stations moyennement acides.
Le Houx peut être très vigoureux et dense et faire obstacle à la régénération.
Épicéa de Sitka, Pin sylvestre, Douglas présentent également des potentialités intéressantes sur les stations correspondant à cet habitat.

Axes de recherche

Impacts du maintien d’arbres surannés, dépérissants ou morts sur des populations de saproxylophages (nombre d’arbres nécessaire - seuil - effets de seuil - régulation des populations -).
Inventaire en vue de préciser la répartition de l’habitat sur la façade ouest du Massif central.
Enrichissements : études mesurant leur impact sur l’état de conservation de l’habitat considéré (seuils, proportions, etc.).
Effets et seuils d’éclairement sur le Chêne et les feuillus secondaires à maintenir en accompagnement du Hêtre et en sous-étage.
Sylviculture du Houx, utilisation spécifique du bois de Houx, marché du branchage de Houx.
Provenances Hêtre et Chêne à privilégier en enrichissements et plantations.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)