9130-1 - Hêtraies-chênaies à Mélique, If et Houx

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Aire de répartition liée au climat hyperocéanique de certaines parties de la Bretagne occidentale et de l’ouest Cotentin ; précipitations élevées avec un grand nombre de jours de pluie ; hivers doux et cléments.
Occupe différentes situations topographiques (plateaux, versants diversement exposés, dépressions…).
Plutôt installé sur gneiss, micaschistes, diorites et phyllades, roches volcaniques (dolérites).
Altérites à l’origine de sols bruns mésotrophes à acides présentant des litières assez bien décomposées (feuilles entières, ou feuilles entières et feuilles fragmentées) : mull eutrophe à mull acide ; sols plus ou moins désaturés.

Variabilité

Variations liées aux conditions de bilan hydrique :
- variante typique, « mésophile » en conditions moyennes ;
- variante plus ou moins hygrosciaphile à Fougères (Dryopteris affinis, Dryopteris filix-mas, Polystichum setiferum, Dryopteris dilatata).

Variations liées au degré d’évolution du sol et à sa richesse en éléments minéraux :
- variante neutrophile à Aspérule odorante, Mercuriale pérenne, Sanicle d’Europe, Tamier, Ail des ours…
- variante neutroacidicline à acidicline optimum de la Mélique uniflore, de la Stellaire holostée, du Millet diffus.
- variante mésoacidiphile avec en plus des « espèces indicatrices » ci-dessous, quelques individus de Germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia), Millepertuis élégant (Hypericum pulchrum)…

Physionomie, structure

Type d’habitat se présentant comme une futaie largement dominée par le Hêtre accompagné du Chêne sessile ou du Chêne pédonculé ; sous-bois diversifié avec le Houx, l’If, le Fragon, le Chèvrefeuille ; strate herbacée recouvrante avec le Lierre, la Houlque molle (Holcus mollis), la Mélique uniflore (Melica uniflora), Millet diffus (Milium effusum), Stellaire holostée (Stellaria holostea) ; tapis muscinal avec Rhytidiadelphus loreus, Polytric élégant (Polytrichum formosum)…

Confusions possibles

Avec les hêtraies-chênaies acidiphiles à If et à Houx (UE : 9120), riches en espèces acidiphiles ici absentes ou dispersées (en variante mésoacidiphile).
Avec les forêts de ravins à fougères diverses, installées dans des conditions stationnelles particulières (UE : 9180).

Dynamique

Spontanée :
Phase de maturité dominée par le Hêtre.
Petites trouées cicatrisées par les régénérations de cette essence.
Grandes trouées occupées par les Chênes et quelques essences nomades.
Peu de données sur la dynamique linéaire se développant en cas de déprise ; formation à Fougère aigle —› landes —› passage par une phase pionnière à Chêne pédonculé —› retour progressif du Hêtre sans forcément passer par le stade « chêne rouvre ».

Liée à la gestion :
Du fait de la gestion passée, fréquence des taillis et taillis sous futaie dominés par les Chênes (sessile ou pédonculé) = sylvofaciès de substitution.
Plantations diverses (Épicéa de Sitka, Douglas, Chêne rouge, Pin sylvestre).
Taillis de Châtaignier…

Habitats associés ou en contact

Habitats de fentes de rochers (UE : 8210).
Landes divers sèches et mésophiles (UE : 4030).
Hêtraies-chênaies acidiphiles à Houx et à If (UE : 9120).
Forêts de ravins (UE : 9180*).
Forêts riveraines (UE : 91E0*).
Prairies pâturées ou fauchées (UE : 6510).
Pelouses préforestières.
Fruticées diverses.

Répartition géographique

Zone hyperatlantique de la Bretagne et de l’ouest du Cotentin.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat occupant une aire limitée et par ailleurs peu étendu à l’intérieur de cette aire ; individus en bon état de conservation relativement rares ; présence éventuelle d’espèces rares.
Participe à des mosaïques d’habitats du plus grand intérêt (forêts, prairies, landes…) par les diverses conditions offertes à la faune.

États de conservation

États à privilégier :
Futaies de Hêtre ou de Chêne ou mélangées.
Le choix précis du traitement (régulier ou irrégulier) porte peu à conséquence, l’essentiel étant de ne pas avoir recours à des coupes rases sur des surfaces trop importantes (problèmes ensuite pour la régénération).

Autres états observables :
Taillis sous futaie, taillis à base de Chêne sessile ou de Chêne pédonculé.
Phase pionnière à Chêne pédonculé.

Tendances et menaces

Aire peu étendue ; surface avec une légère tendance à l’extension du fait de la déprise pastorale.
Menaces potentielles : la poursuite de certaines plantations résineuses.

Potentialités intrinsèques de production

Hêtre, parfaitement à sa place : les sols ne présentent pas de facteurs limitants à sa croissance.
Le développement du Hêtre peut cependant être freiné dans certaines situations topographiques (pentes).
Chêne : potentialités similaires à celle du Hêtre quand la concurrence de ce dernier n’est pas trop forte mais Chêne pédonculé plutôt sur les sols à très bonnes réserves en eau.
Les potentialités varient en fonction des variantes : sur les plus favorables (richesse chimique, bonnes réserves en eau), il existe un potentiel feuillus précieux à l’état disséminé (Frêne, Merisier, Érable sycomore) parmi les Hêtres et les Chênes.
Douglas, Chêne rouge d’Amérique, Châtaignier sur les variantes mésoacidiphiles.

Axes de recherche

Impacts du maintien d’arbres surannés, dépérissants ou morts sur des populations de saproxylophages (nombre d’arbres nécessaire - seuil - effets de seuil - régulation des populations -).
Restauration et maintien de l’If par renforcement des populations : voir les expérimentations existantes (Corse).
Enrichissements : essences, impacts sur l’état de conservation de l’habitat considéré (seuils, proportions, etc.).
If, Houx : préciser les modalités techniques pour le pérenniser tout en favorisant la régénération naturelle du peuplement forestier.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)