9130-6 - Hêtraies-chênaies à Paturin de Chaix

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat propre aux placages de limons recouvrant les plateaux calcaires ou les marnes et argiles du nord-est de la France ; plus rarement sur d’autres substrats (granites riches, roches métamorphiques, alluvions anciennes…).
En position de plateaux, dépressions, versants…
Sols généralement épais, à bonnes réserves en eau, plus ou moins désaturés, souvent lessivés (sols bruns mésotrophes, sols lessivés, sols bruns acides…) ; litière avec feuilles entières et couche de feuilles fragmentées : humus de type mull mésotrophe à mull acide ; parfois pierreux avec des chailles siliceuses).
Sols pouvant présenter un engorgement temporaire moyennement profond, à l’origine d’une certaine fragilité.

Variabilité

Variations géographiques :
- race subcontinentale des plateaux du Barrois, de Bourgogne, pauvre en espèces franchement continentales ;
- race plus continentale sur côtes de Moselle, plateau de Langres, plateaux hauts-saônois, plateaux de Franche-Comté, du Sundgau alsacien….

Variations liées à la richesse trophique du sol :
- variantes mésoneutrophiles avec maintien de quelques arbustes « calcicoles » : Troène, Camerisier… ;
- variantes acidiclines avec Luzule poilue (Luzula pilosa), Chèvrefeuille (Lonicera periclymenum) ;
- variantes mésoacidiphiles où pénètrent quelques espèces acidiphiles : Fougère aigle (Pteridium aquilinum), Luzule blan- châtre (Luzula luzuloides)…

Variations liées à l’engorgement :
- variantes à pseudogley où selon le niveau trophique, la strate herbacée s’enrichit en tapis soit de Canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), soit de Crin végétal (Carex brizoides).

Physionomie, structure

Strate arborescente dominée par le Hêtre ou le Chêne sessile accompagnés du Chêne pédonculé, de l’Érable sycomore, du Frêne parfois ; sous-bois avec Charme, Noisetier, Aubépine épineuse. Strate herbacée souvent terne avec quelques graminées (Millet diffus…), l’Anémone sylvie… ; taches d’Atrichum undulatum et de Polytric élégant parfois.

Confusions possibles

Avec les hêtraies-chênaies calcicoles à neutrophiles établies plutôt sur argiles de décarbonatation.
Avec les hêtraies-chênaies acidiphiles à Luzule blanchâtre où manquent les espèces neutrophiles ou acidiclines ici présentes (UE : 9110).

Dynamique

Spontanée :
Pelouses à Brachypode penné —› pelouses préforestières —› fruticées à Ronce, Prunellier —› phase pionnière forestière à Tremble, Bouleau, Chêne pédonculé —› maturation progressive avec entrée du Chêne sessile et du Hêtre.
Petites trouées cicatrisées par les régénérations de Hêtre, les trouées plus grandes favorisent le retour des Chênes.

Liée à la gestion :
Taillis sous futaie de Chêne sessile et Charme ou Chêne pédonculé et Charme.
Faciès dégradé à tapis de Crin végétal (Carex brizoides sur sols hydromorphes).
Plantations (Épicéa, Douglas, Sapin).

Habitats associés ou en contact

Pelouses à Brachypode penné, Agrostide capillaire (UE : 6210).
Pelouses préforestières à Brachypode penné, Genêt sagitté… (UE : 6210).
Fruticées à Prunellier, Ronces…
Hêtraies-chênaies calcicoles à neutrophiles (UE : 9130).
Hêtraies-chênaies acidiphiles à Luzule blanchâtre (UE : 9110).
Forêts riveraines (UE : 91E0*).
Prairies pâturées ou fauchées (UE : 6510).
Coupes forestières ou chablis à Canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), à Millepertuis hirsute (Hypericum hirsutum)…

Répartition géographique

Fréquent sur les côtes de Moselle, le plateau lorrain, la périphérie du massif vosgien, les premiers plateaux du Jura…

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat assez répandu possédant une flore assez ordinaire ; grande diversité des types de gestion, permettant l’expression de divers éléments du cortège floristique.

États de conservation

États à privilégier :
Futaies de Chêne en mélange avec d’autres feuillus ou futaies de Hêtre avec feuillus en mélange (Chêne, feuillus précieux).
En mélange dans un peuplement avec un objectif Chêne, le Hêtre est cependant souvent difficile à maîtriser : tendance à éliminer toutes autres essences par sa forte concurrence.
Le choix précis du traitement (régulier ou irrégulier) porte peu à conséquence, l’essentiel étant de ne pas avoir recours à des coupes rases trop fortes (problèmes ensuite pour la régénération).

Autres états observables :
Taillis sous futaie :
- chênaies sessiliflores à Charme ;
- chênaies pédonculées à Charme.
Taillis de Charme.
Phases pionnières à essences nomades.
Diverses plantations (Épicéa, Pins, Mélèze d’Europe, Douglas, Sapin…).

Tendances et menaces

Type d’habitat moyennement étendu, tendant à s’étendre du fait de la déprise agricole.
Tendance fréquente à la conversion des taillis, taillis sous futaie, en futaie.
Peu de menaces potentielles, les enrésinements sont très ralentis sur l’aire de cet habitat.

Potentialités intrinsèques de production

Productivité maximale pour le Hêtre ; la qualité n’est pas maximale mais une sylviculture dynamique permet de s’en approcher.
La présence de placage limoneux permet de développer une sylviculture dynamique de feuillus précieux : Frêne, Érables, Merisier, Alisier torminal.
Chêne sessile de bonne qualité. Épicéa, Douglas.

Axes de recherche

Impacts du maintien d’arbres surannés, dépérissants ou morts sur des populations de saproxylophages (nombre d’arbres nécessaire - seuil - effets de seuil - régulation des populations -).
Inventaires complémentaires pour préciser l’aire de cet habitat. Enrichissements : essences, impacts sur l’état de conservation de
l’habitat considéré (seuils, proportions, etc.).

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)