9130-5 - Hêtraies-chênaies à Aspérule odorante et Mélique uniflore

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat établi sur les plateaux calcaires du nord-est de la France, à l’étage collinéen (altitude inférieure à 500 m).
Situations topographiques variables : plateaux, versants diversement exposés.
Généralement installé sur produits d’altération des calcaires, marnes : argiles de décarbonatation ou altérites carbonatées.
Sols bruns riches en calcium, argilo-limoneux (à limono-argileux), plus ou moins épais, plus ou moins riches en cailloux ; litières bien décomposées ; sols généralement bien alimentés en eau.

Variabilité

Variations géographiques :
- race subcontinentale (côtes du Barrois) et subatlantique
(Champagne crayeuse) ;
- races plus continentales : côtes de Meuse, de Moselle, plateau de Langres, plateaux bourguignons, hauts-saônois, premiers plateaux du Jura avec Carex pilosa (Jura), Galium sylvaticum (Lorraine, Jura), Hordelymus europaeus, possible partout.

Variations liées à la richesse du sol :
- variante  calcicole  avec  Mercuriale  pérenne  (Mercurialis perennis),  Cornouiller  mâle  (Cornus  mas),  Orchis  mâle (Orchis maculata), Joli-bois (Daphne mezereum) ;
- variante neutrophile, optimum de l’Aspérule odorante, de la Mélique uniflore…

Variations liées au bilan hydrique :
- variante mésotherme de plateau et pentes sous expositions intermédiaires ;
- variante xérocline de versants d’adret ou de sols superficiels avec Grémil pourpre (Buglossoides purpuro-caerulea), Hellébore fétide (Helleborus foetidus), Mélitte à feuilles de Mélisse (Melittis melissophyllum)…

Physionomie, structure

Type d’habitat se présentant sous forme de futaie largement dominée par le Hêtre accompagné du Chêne sessile, des Érables, du Frêne commun, du Merisier… ; sous-bois avec Charme, Érable champêtre, Noisetier et divers arbustes calcicoles ; tapis herbacé diversement constitué selon la densité du couvert arborescent ; strate muscinale très dispersée en règle générale.

Confusions possibles

Hêtraie-chênaie mésoxérophile et calcaricole à Laîche blanche (Carex alba), à Seslérie bleue (Sesleria caerulea), très riche en espèces xérophiles ici absentes ou rares (quelques espèces dans la variante xérocline).

Dynamique

Spontanée :
Phase de maturité dominée par le Hêtre ; les petites trouées favorisent la régénération du Hêtre, les plus grandes trouées entraînent le développement du Chêne sessile et des essences nomades (Érables, Frêne…).
Par  abandon  de  pelouses  :  pelouses  à  Brome  dressé  —› pelouses à Brachypode penné —› fruticées à Prunellier, Cornouillers… —›   phase pionnière à Érables, Frêne, Chêne pédonculé (ou plus rarement Chêne pubescent).

Liée à la gestion :
Traitement passé fréquent en taillis sous futaie : —› chênaie sessiliflore-charmaie —› chênaie pédonculée-charmaie.
Plantations diverses (Épicéa, Pin sylvestre, Pin noir d’Autriche, Mélèze d’Europe, Douglas, Sapin)

Habitats associés ou en contact

Pelouses calcicoles à Brome dressé et Orchidées (UE : 6210*)
Dalles rocheuses à Sedum sp. pl. (UE : 6110).
Pelouses préforestières à Brachypode penné.
Fruticées à Prunellier, Cornouiller, Viorne…
Phase pionnière forestière à essences nomades.
Hêtraies-chênaies acidiclines (UE : 9130).
Hêtraies-chênaies acidiphiles (UE : 9110).
Érablaies à Scolopendre et à Corydale (UE : 9180*).
Forêts riveraines (UE : 91E0*).

Répartition géographique

Plateaux calcaires du quart nord-est de la France, habitat se retrouvant en basse altitude à la périphérie des Préalpes calcaires.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat très répandu possédant une flore assez ordinaire ; grande diversité des types de gestion permettant aux divers éléments du cortège floristique de s’exprimer.

États de conservation

États à privilégier :
Futaie mélangée dominée soit par le Hêtre, soit par le Chêne sessile.
Le choix précis du traitement (régulier ou irrégulier) porte peu à conséquence, l’essentiel étant de ne pas avoir recours à des coupes rases trop fortes (problèmes ensuite pour la régénération) sur les variantes les plus typiques. Le traitement irrégulier est à préférer pour les variantes les plus sèches.

Autres états observables :
Taillis sous futaie :
- chênaies sessiliflores à Charme,
- chênaies pédonculées à Charme. Taillis de Charme.
Phases pionnières à essences nomades.
Diverses plantations (Épicéa, Pins, Mélèze d’Europe, Douglas, Sapin…).

Tendances et menaces

Type d’habitat très répandu tendant encore à s’étendre du fait de la déprise agricole.
Tendance fréquente à la conversion des taillis, taillis sous futaie en futaie.
Peu de menaces potentielles, les enrésinements sont très ralentis sur l’aire de cet habitat.

Potentialités intrinsèques de production

Bonne à très bonne fertilité pour le Hêtre ; bois de bonne qualité, productivité moyenne à bonne.
Chêne, toujours présent mais qualité très moyenne (conservé pour le mélange).
Le Mélèze d’Europe donne d’excellents résultats.
Douglas et Épicéa possible mais à utiliser avec une grande prudence (profondeur de décarbonatation supérieure à 30 cm). Des difficultés peuvent de plus apparaître en cas de fortes sécheresses sur les stations à faible réserve en eau.
La faible épaisseur du sol et la xéricité de certaines variantes (mésothermes et xéroclines) peuvent limiter considérablement les réserves en eau et donc la fertilité, qui n’est plus alors que moyenne à médiocre.

Axes de recherche

Impacts du maintien d’arbres surannés, dépérissants ou morts sur des populations de saproxylophages (nombre d’arbres nécessaire - seuil - effets de seuil - régulation des populations -).
Inventaires complémentaires pour préciser l’aire de cet habitat. Enrichissements : essences, impacts sur l’état de conservation de l’habitat considéré (seuils, proportions, etc.).

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)