9160-2 - Chênaies pédonculées neutrophiles à Primevère élevée

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Types d’habitats sur terrasses alluviales des vallées ou sur dépressions marneuses en région subatlantique ou continentale, à l’étage collinéen (< 500 m).
Alluvions argileuses, argilo-limoneuses reposant sur des matériaux plus grossiers, ou sur sols argileux ou marneux.
Bonne activité biologique (litière rapidement décomposée par les vers de terre : humus de type mull eutrophe).
Bonne humidité permanente ; possibilité d’engorgement une partie de l’année.

Variabilité

Deux associations végétales s’observent :

Chênaie pédonculée à Primevère élevée, subatlantique ou subcontinentale océanique :
- variante neutrophile sur matériaux argilo-limoneux, avec nappe temporaire ; Circée de Paris (Circaea lutetiana) ;
- variante à Ficaire sur marnes avec Mercuriale pérenne
(Mercurialis perennis) ;
- variante à Ail des ours (Allium ursinum) sur sols riches et très frais ;
- variante basse à Frêne commun, Reine des prés (Filipendula ulmaria)…

Chênaie pédonculée alsacienne à Cerisier à grappes
(Prunus padus) : variations géographiques :
- race de l’Ill installée sur matériaux argilo-limono-sableux et dépourvue d’espèces calcicoles : variante à Orme lisse (Ulmus laevis), mésohygrophile ; variante à Faux fraisier (Potentilla sterilis), hygrocline ;
- race du Rhin sur alluvions carbonatées (certaines de ces chênaies dérivant de l’assèchement de la chênaie-ormaie), avec présence d’espèces calcicoles (Viburnum lantana, Cornus sanguinea…).

Physionomie, structure

La strate arborescente est dominée par le Chêne pédonculé souvent accompagné du Frêne commun, de l’Érable sycomore, du Merisier, du Tilleul à petites feuilles… Le Charme est présent en partie haute.
La strate arbustive est riche en espèces : Noisetier, Aubépine épineuse, Sureau noir, Fusain d’Europe, Troène, Camerisier…

Confusions possibles

Avec des chênaies pédonculées-charmaies de substitution de hêtraies-chênaies à Mélique, à Aspérule…, installées sur des sols mieux drainés de pentes ou de plateaux.
Avec des faciès à Frêne de forêt riveraine, installées sur des terrasses surélevées par rapport au lit majeur (présence d’un grand nombre d’espèces mésohygrophiles).

Dynamique

Spontanée :
- Prairie de fauche, plus ou moins humides à Avoines élevée, ou pâturées à Ray grass et Crételle --> Mégaphorbiaies dans les prairies basses --> Phase pionnière à Aulne, Frêne --> Installation du chêne pédonculé, du Charme.
- Prairie de fauche, plus ou moins humides à Avoines élevée, ou pâturées à Ray grass et Crételle --> Prairies fraîches réforestières --> Phase pionnière à Frêne, Erable sycomore --> Installation du chêne pédonculé, du Charme.

Liée à la gestion :
Futaie de Chêne pédonculé, de Frêne.
Taillis sous futaie de Chêne et Charme (ou Noisetier).
Taillis de Charme.
La chênaie pédonculée à Cerisier à grappes peut dériver de la
chênaie-ormaie rhénane suite à l’abaissement de la nappe.

Habitats associés ou en contact

Forêts riveraines installées en contrebas (UE : 91E0*).
Aulnaies marécageuses.
Lisières herbacées avec espèces nitrophiles (UE : 6430).
Mégaphorbiaies (UE : 6430).
Habitats de sources.
Hêtraies à Mélique et Aspérule (UE : 9130).
Prairies de fauche à Avoine élevée (UE : 6510).
Chênaies-ormaies des grands fleuves (UE : 91F0).

Répartition géographique

Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Île-de-France, Champagne-Ardenne, Lorraine, Alsace, Bourgogne, Franche-Comté, Rhône- Alpes…

Valeur écologique et biologique

Très grande variabilité stationnelle liée à la microtopographie. Habitats souvent de faible étendue, parfois résiduels (anciennes
déforestations).
Très grande richesse floristique.

États de conservation

États à privilégier :
- Futaies mélangées avec taillis de Charme.
- Taillis sous futaie de Chêne pédonculé avec taillis de Charme.

Autres états observables :
- Taillis de Charme, de Robinier.
- Plantations d’Épicéa…
- Peupliers.

Tendances et menaces

Stabilisation après les déforestations anciennes ; tendant à s’étendre actuellement du fait de la déprise agricole (par des phases juvéniles à Frêne et Érables).
Enrésinements encore observés ; populiculture dans les zones basses.

Potentialités intrinsèques de production

Fertilité bonne à élevée. Sylviculture feuillue :
- Chêne pédonculé à favoriser tout en conservant Merisier et Tilleul à petites feuilles ; la qualité des Chênes n’est cependant pas toujours bonne : présence d’individus brogneux ou bas branchus ;
- Frêne à favoriser en futaie sur les meilleures stations ;
- Érable sycomore en accompagnement des précédents.

Axes de recherche

Inventaire à poursuivre pour préciser l’aire de répartition et la diversité écologique de ce type d’habitat.
Enrichissements : essences et provenances à privilégier, impact sur l’état de conservation de l’habitat considéré (seuils, proportions, etc.).
Impact du maintien d’arbres surannés, dépérissants ou morts sur des populations de saproxylophages (nombre d’arbres nécessaires - effets seuils - régulation des populations -).
Ormes : surcoûts éventuels d’opérations spécifiques à son main- tien (devis).
Coûts d’une gestion en futaie irrégulière (inventaires périodiques, travaux plus fréquents, organisations des coupes pour la vente).

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)