9160-3 - Chênaies pédonculées neutroacidiclines à méso-acidiphiles

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Types d’habitats installés en régions subatlantiques et continentales à l’étage collinéen (< 500 m).
Terrasses alluviales, bas de versants, dépressions, plateaux avec limons hydromorphes, dépressions marneuses avec dépôts limoneux.
Inféodé à des limons, limons sableux, à l’origine de sols plus ou moins lessivés (litière plus ou moins épaisse avec feuilles entières et feuilles fragmentées : humus de type mull mésotrophe ou mull acide).
Hydromorphie fréquente sous la forme d’une nappe temporaire plus ou moins profonde.

Variabilité

On peut distinguer trois associations végétales :

Chênaie pédonculée à Stellaire holostée (1) subatlantique et subcontinentale, présentant des variantes :
- selon le niveau trophique : mésoneutrophile sur sols assez riches ; acidicline à Atrichum undulatum, Chèvrefeuille ;
mésoacidiphile sur sols plus pauvres avec Polytric élégant ;
- selon le niveau hydrique : hygrocline ; à tendance mésohygrophile riche en Fougère femelle.

Chênaie pédonculée à Pâturin de Chaix (Poa chaixii) (2) continentale avec de nombreuses variantes :
- selon le niveau trophique (idem ci-dessus), la variante mésoacidiphiles héberge la Luzule blanchâtre (Luzula luzuloides) ;
- selon le niveau hydrique : hygrocline avec Frêne, Érable sycomore ; à tendance mésohygrophile avec l’Aulne, l’Orme lisse…

Chênaie pédonculée à Laîche fausse brize (Carex brizoides) (3) sur basses terrasses sablonneuses, limoneuses et dépressions, avec les mêmes variantes trophiques et des variantes sur des sols présentant un engorgement plus ou moins prononcé.

Physionomie, structure

Peuplement dominé par le Chêne pédonculé (parfois en mélange avec le Chêne sessile) et le Charme en sous-étage. Pauvreté des essences d’accompagnement sur sols désaturés (Bouleau, Tremble, Érable) ; apparition du Frêne, du Merisier sur les sols plus riches.
Strate arbustive avec Noisetier, Aubépines, Prunellier, Chèvrefeuille…

Confusions possibles

Avec les chênaies pédonculées-charmaies de substitution des hêtraies-chênaies sessiliflores acidiclines (à Mélique, Pâturin des Chaix…), installées sur pentes, plateaux, au niveau de sols moins bien alimentés en eau.

Dynamique

Spontanée :
- Prairie de fauche ou pâturées, plus ou moins fertilisées --> Phase pionnère directe à Bouleau, Chêne pédonculé ou à Frêne, Érable sycomore sur sols riches --> Chênaie pédonculée à Charme.
- Prairie de fauche ou pâturées, plus ou moins fertilisées --> Fruticées à Prunellier, Aubépine… --> Phase pionnère directe à Bouleau, Chêne pédonculé ou à Frêne, Érable sycomore sur sols riches --> Chênaie pédonculée à Charme.

Liée à la gestion :
- Futaie de Chêne pédonculé.
- Taillis sous futaie de Chêne pédonculé et Charme.
- Taillis de Charme.
- Plantations diverses (Épicéa, Pin sylvestre…).

Habitats associés ou en contact

Forêts riveraines (UE : 91E0*).
Aulnaies marécageuses.
Lisières herbacées avec espèces légèrement nitrophiles ; méga- phorbiaies (UE : 6430).
Habitats de sources.
Hêtraies-chênaies à Mélique, à Aspérule, à Pâturin de Chaix (UE : 9130).
Hêtraies-chênaies à Luzule blanchâtre (UE : 9110).
Chênaies-ormaies des grands fleuves (UE : 91F0).

Répartition géographique

(1) Nord - Pas-de-Calais, Picardie, Île-de-France, Champagne- Ardenne, Lorraine, Bourgogne, Franche-Comté, Rhône-Alpes.
(2) (3) Champagne-Ardenne, Lorraine, Bourgogne, Franche- Comté, Rhône-Alpes.

Valeur écologique et biologique

À rechercher.

États de conservation

États à privilégier :
- Futaies mélangées avec taillis de Charme ou de Noisetier.
- Taillis sous futaie avec taillis de Charme ou de Noisetier.

Autres états observables :
- Taillis de Charme, de Robinier.
- Plantations d’Épicéa, de Pin sylvestre…
- Peupliers.

Tendances et menaces

Stabilisation après les déforestations anciennes ; tendant à s’étendre actuellement du fait de la déprise agricole (par diverses phases forestières pionnières).
Enrésinements encore observés ; populiculture dans les zones basses.

Potentialités intrinsèques de production

Fertilité moyenne à bonne, fonction notamment de la pluviométrie qui est le facteur limitant pour le Frêne et le Chêne pédonculé en particulier.
Chêne pédonculé bien à sa place écologiquement mais de qualité variable.
Merisier et Érable sycomore à développer sur les stations les plus riches correspondant à cet habitat.
Le Frêne est souvent limite sur ces stations :
- variante 1 : le Frêne est exclu sur les sols les plus désaturés correspondant à l’habitat, l’Érable n’est pas non plus dans des conditions optimales de croissance ;
- variante 3 : la Laîche fausse brize témoigne d’un engorgement temporaire des sols. Le Frêne n’est pas à son optimum et y est souvent chancreux ; l’acidité limite de plus ses possibilités de mise en valeur.
Chêne rouge, Épicéa commun, Douglas sur sols non hydromorphes.
Mélèze d’Europe, Sapin pectiné, Hêtre.

Axes de recherche

Inventaire à poursuivre pour préciser l’aire de répartition et la diversité écologique de ce type d’habitat, enrichissements : essences et provenances à privilégier, impact sur l’état de conservation de l’habitat considéré (seuils, proportions, etc.).
Impact du maintien d’arbres surannés, dépérissants ou morts sur des populations de saproxylophages (nombre d’arbres nécessaires - effets seuils - régulation des populations -).
Coûts d’une gestion en futaie irrégulière (inventaires périodiques, travaux plus fréquents, organisations des coupes pour la vente).

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)