91E0-1 - Saulaies arborescentes à Saule blanc

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Au bord des rivières d’une certaine importance et des grands fleuves, à l’étage collinéen et à la base de l’étage montagnard (< 600 m en général).
Levées alluvionnaires nourries par les limons de crues.
Les laisses organiques y sont décomposées et nitrifiées chaque année à l’époque des basses eaux, durant l’été.
Substrats très variés (sables, graviers, limons, limons argileux) donnant des conditions en général eutrophes (avec une certaine richesse en éléments minéraux).
Subit et supporte de grandes inondations, parfois assez durables : en hiver, au printemps, voire au début de l’été.
Variantes : basse à Saule blanc (plus de 130 jours d’immersion parfois) ; haute à Peuplier noir (quelques jours tous les 5-10 ans) ; variante à Peuplier noir sur substrats grossiers, dans les deux cas pauvres en Saule blanc (souvent absent).

Variabilité

Variations d’ordre géographique :
Race rhénane, avec variations selon le niveau par rapport à la rivière :
- saulaies mouilleuses propres aux parties les plus déprimées, les plus longuement inondables ; devenues très rares du fait des endiguements ; confluence de la Sauer et du Rhin ; submersion pouvant dépasser 130 jours ; matériaux limoneux. Phragmite vulgaire, Baldingère (Phalaris arundinacea), Laîche des marais (Carex acutiformis), Laîche des rives (Carex riparia), Roripe amphibie (Rorippa amphibia)… ;
- saulaies fraîches à Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), avec des inondations de 25 jours par an à 8 jours tous les 2 ans ;
- saulaies plus élevées à Peuplier noir.
Race du bord du Doubs sur substrats graveleux.
Race de la Loire et de ses affluents, sur substrats sableux.
Race de la Garonne, du gave de Pau souvent sur substrats humo- argileux.
Pouvant présenter des variations de même ordre que les saulaies rhénanes, avec éventuellement d’autres espèces différentielles.

Physionomie, structure

Saulaies arborescentes dominées par le Saule blanc (avec parfois encore le Peuplier noir).
Strate arbustive riche en espèces de Saules.
Strate herbacée souvent dominée par un roseau (Phragmite ou Baldingère).

Confusions possibles

Aucune confusion possible.

Dynamique

Spontanée :
Les variantes basses à Saule blanc sont relativement stables à l’exception de crues catastrophiques qui les détruisent Æ dynamique cyclique par l’intermédiaire de saulaies arbustives pionnières.
On observe la dynamique suivante : roselières —› saulaies arbustives —› saulaies blanches.
Les variantes hautes peuvent être envahies peu à peu par les essences à bois durs.
L’exhaussement du substrat, l’abaissement de la nappe (travaux) peuvent entraîner une évolution progressive.
Exemple : le Rhin
Saulaie-peupleraie --> Phase à Peuplier blanc --> Chênaie-ormaie.

Habitats associés ou en contact

Habitats aquatiques (UE : 326).
Roselières, cariçaies.
Saulaies arbustives.
Forêts à bois durs (UE : 91E0* ou UE : 91F0).
Aulnaies marécageuses.
Prairies inondables (UE : 6510 ou UE : 6440).
Végétations de lisières à herbacées élevées nitrophiles (UE : 6431).
Végétation de grèves exondées (UE : 3270).
Chênaies pédonculées (UE : 9160).

Répartition géographique

À l’état résiduel le long de certains cours d’eau : Rhin, Rhône, Drôme, Doubs, Loire et ses affluents, Garonne.
Aire à préciser.
Exemples de sites avec l’habitat dans un bon état de conservation : forêt domaniale du Lauterbourg (Bas-Rhin).

Valeur écologique et biologique

Habitat forestier à caractères particuliers, stables ou pionniers, adapté à des substrats de granulométrie variée, remaniés par des inondations fréquentes. Formation résiduelle ayant régressé au profit des plantations de peupliers.
Intérêt écologique, paysager et faunistique (ornithologique en particulier).
Intérêt des mosaïques d’habitats où entrent ces saulaies blanches.
Très grand intérêt des plaines alluviales encore fonctionnelles.

États de conservation

États à privilégier :
Saulaies blanches.
Saulaies-peupleraies noires. Liserés relictuels.
Saulaies arbustives avec quelques saules blancs.
Les zones de rivières encore fonctionnelles sont à privilégier ; sinon l’évolution naturelle vers une forêt à bois durs est souvent inéluctable.

Autres états observables :
Plantations clonales de peupliers.

Tendances et menaces

Travaux hydrauliques modifiant le régime des inondations et pouvant entraîner ou accélérer l’évolution vers une forêt à bois durs.
Réalisation de plantations clonales de Peupliers.
Type d’habitat ayant assez fortement régressé par le passé ; cette régression se poursuit du fait de la descente des nappes liée aux divers travaux hydrauliques récents, avec un passage éventuel à des forêts à bois dur.

Potentialités intrinsèques de production

Valeur économique très faible voire nulle des formations spontanées (Saule blanc et Peuplier noir).
Populiculture sur les banquettes hautes.

Axes de recherche

Impacts de l’Érable negundo sur les successions végétales. Affiner les conditions et recommandations éventuelles pour la conservation du peuplier noir in situ (régénération, interventions sur les peuplements ...).

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)